C’est une véritable boîte de Pandore que la vague du hashtag #BalanceTonPorc a ouverte. L’occasion pour de nombreuses femmes de dénoncer la triste réalité du harcèlement sexuel subi au quotidien… Et surtout au travail ! À cette occasion, le « datastitute » (institut d’analyse de données numériques) franco-belge Spella chargé de réaliser des études grâce à des intelligences artificielles a profité de ce mouvement pour délivrer une étude sur le harcèlement sexuel. Pour cela, les Data Scientists ont collecté l’intégralité des tweets et témoignages que le hasthtag #balancetonporc a suscité sur les réseaux sociaux entre le 13 octobre et le 31 décembre 2017.
Une méthodologie basée sur l’intelligence artificielle
Grâce à ce nouveau type d’étude, le datastitute est en mesure de collecter des données en temps réel, au moment où elles sont publiées par les internautes. Et surtout de les analyser. « En trouvant les « bonnes données » à utiliser, nous pouvons désormais entendre, comprendre et analyser la teneur de leur propos. Nous utilisons les intelligences artificielles (Deep learning, Machine learning, Text mining, analyse d’images etc…) et combinons plusieurs métiers au sein de Spella. Ces nouvelles études sont dans le même temps prédictives avec la vocation de mieux comprendre la société par l’identification de nouvelles tendances mais aussi de signaux forts ou faibles qui feront le monde de demain », explique Frédéric Najman, fondateur de Spella.
Les parties les plus intimes sont les plus touchées
Premier constat, les parties du corps les plus touchées lors d’une agression sont les plus intimes… Navrant ! Et les chiffres ont de quoi faire blêmir : 18% des femmes qui ont partagé un #balancetonporc avouent avoir subi des attouchements sur les seins. Pour 22% d’entre elles, les attouchements ont plutôt été portés sur les jambes (cuisses ou genoux). Pis encore, pour plus de la moitié d’entre elles (60%) le contact a été tout bonnement porté sur les fesses (ou bas des reins) sous la forme d’une main sur les fesses, caresses ou autres.
Le lieu de travail, scène de choix pour les harceleurs
Outre la rue (27% des agressions) et en particulier le métro (12% des témoignages) qui donne lieu à une promiscuité dérangeante, le lieu de travail s’avère également l’un des endroits où les femmes subissent le plus d’agressions (26%).
Les patrons en tête des harceleurs
Ces témoignages ont également permis de mettre en lumière les profils types de harceleur. Alors que le lieu de travail figure parmi les occasions de harcèlement les plus fréquentes, ce sont évidemment les collègues et le patron qui se révèlent être les harceleurs les plus assidus. Ainsi, 34% des témoignages partagés révèlent que les harceleurs ont un lien professionnel et hiérarchique direct avec les femmes agressées. La plupart étant les patrons et les managers. Viennent ensuite les agressions proférées par les amis (25%) suivies de près par celles émanant d’un professeur (24%). Il reste encore une fois une part importante relative à la sphère professionnelle avec 17% des agressions qui sont le fait de collègues.
Changer les moeurs
Si, au départ, ce mouvement a été l’occasion pour de nombreuses femmes de libérer la parole par le biais de témoignages (j’ai subi un harcèlement, une agression, un viol moi aussi et je le raconte), l’étude remarque que ces tweets ont au fur et à mesure évolué pour finalement laisser plus de place à l’analyse et à la recherche de solutions. Parmi les réflexions qui pourraient lutter contre le harcèlement sexuel, certains tweets (7%) évoquent la possibilité de mieux éduquer les petits garçons et de les élever dans le respect de leurs camarades.
Ségolène Kahn
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