L'Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS) a réalisé une étude pour évaluer la performance des masques de protection respiratoire sur les nanomatériaux, alors que ces produits chimiques commencent à être considérés comme un risque sanitaire majeur sur les lieux de travail.
Les composés nanométriques sont partout. Rien qu’en France, 425 000 tonnes manufacturées par plus de 1 400 entreprises ont abreuvé le marché en 2016. Or, ces matériaux, dont la taille est comprise entre 1 et 10 nanomètres (soit 50 000 fois plus fins qu’un cheveu) suscitent de vives inquiétudes. « Les connaissances sur la toxicité pour l’homme des nanomatériaux ainsi que sur les expositions en milieu professionnel demeurent parcellaires », estiment les chercheurs de Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS). Ils considèrent également que « les nanomatériaux sont l’un des dix principaux risques sanitaires émergents sur les lieux de travail. » A cet égard, l’organisme vient de réaliser une étude en laboratoire afin de tester les performances des appareils respiratoires disponibles sur le marché, en fonction de différents paramètres tels que l’ajustement du masque, la taille des nanoparticules ou encore le rythme respiratoire.
De nombreux employés exposés
Nombreuses sont les professions exposées à ce risque, et ce dans des secteurs très variés tels que le BTP, la pharmacie, les télécommunications, l’aéronautique ou encore l’agroalimentaire. Par ailleurs, ce risque concerne toutes les opérations liées au traitement de ces nanoparticules. « Toutes les étapes du cycle de vie des nanomatériaux peuvent exposer les salariés, depuis leur fabrication jusqu’à l’élimination des produits qui en contiennent, en passant par le nettoyage des locaux et la maintenance des installations », précise le rapport.
La taille ne compte pas
S’il apparaît nécessaire de porter un masque de protection, encore faudrait-il savoir si ces derniers sont réellement efficaces. Pour l’INRS, les résultats sont concluants. Ces appareils seraient bel et bien performants pour peu que l’on respecte certaines conditions : « Il ressort que le paramètre le plus influent sur la protection respiratoire n’est pas la taille des particules mais l’ajustement du masque », indique Sandrine Chazelet, responsable d’études à l’INRS.
Autre facteur déterminant : le rythme respiratoire. En cas d’augmentation du débit du souffle, la performance se dégrade notoirement. Elle chute même si le masque est bien ajusté. Du coup, l’institut a réalisé un guide technique indiquant les bons gestes à adopter pour ajuster correctement ces masques.
Ségolène Kahn
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