Venues du monde de l'informatique et de l'électronique, de plus en plus d'entreprises jouent le rôle d'équipementier afin d'apporter de la valeur ajoutée aux vestes, gilets, gants, chaussures et autres vêtements de travail.
En matière de composants, tous les fabricants d’EPI connaissent Gore-Tex, le fabricant de membranes éponymes pour les vêtements. Mais aussi BASF, Michelin et Vibram pour les semelles des chaussures de sécurité. Ou encore Boa, le spécialiste du laçage rapide. En revanche, rares sont ceux qui ont entendu parler de Cad42, Eolane, Intellinium, Traxxs ou Zhortech. Venues du monde de l’ingénierie, de l’électronique ou de l’informatique, ces entreprises travaillent en partenariat avec des fabricants d’EPI. Objectif, les accompagner dans leur transition 4.0 en rendant leurs chaussures de sécurité communicantes et intelligentes. Idem pour Clim8, Eleksen ou Weartronic dont les technologies intéressent les fabricants de vêtements.
Fibres chauffantes et communicantes
À l’instar de ces gants et maillots de corps chauffants qui adaptent automatiquement leur température de chauffe en fonction des préférences et de l’activité de l’utilisateur. Une innovation issue du savoir-faire du lyonnais Clim8. Créée en 2016 par Florian Miguet, cette startup regroupe une dizaine de salariés répartis en Ecully (Rhône) et Hong Kong. Sa technologie brevetée de textiles chauffants équipe les vêtements Outdoor d’Odlo et les gants de moto Ixon. Elle repose, en gros, sur des fils chauffants équipés de capteurs et sur une carte électronique gérant les algorithmes et intégrant le Bluetooth. Leur alimentation s’effectue grâce à une batterie amovible.
L’application embarque le profil de l’utilisateur
Par ailleurs la température se règle automatiquement grâce à un contrôleur qui se connecte à une application iOS ou Android. Laquelle embarque le profil de l’usager. À savoir, ses préférences en matière de confort thermique et ses différentes activités. Grâce à des algorithmes maison, le contrôleur analyse et ajuste en continu la température délivrée en tenant compte des préférences de l’utilisateur et de la température extérieure. En pratique, l’intégration de la technologie de Clim8 s’effectue sur la base d’un cahier des charges. « Nous travaillons sur l’élaboration du prototype, son intégration et nous vérifions si le produit final respecte les critères de qualité attendus », explique Florian Nicoud, le directeur marketing et opérations. Pour l’heure, les équipes de Clim8 planchent sur le cahier des charges d’un grand fabricant de gants de travail avec lequel elle a signé un contrat. Les premiers produits destinés au marché américain sont prévus pour l’hiver 2021.
Eolane, partenaire des chaussures de sécurité connectées de Parade
À la différence de Clim8 qui rêve d’être « l’Intel Inside » du vêtement chauffant, le groupe Eolane se présente comme un généraliste dans l’ingénierie et l’électronique. Le groupe réalise un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros pour 2019 sur les marchés de la défense et du naval, la sécurité civile et l’industrie. Son effectif en France et à l’étranger rassemble 3 000 personnes dont 200 ingénieurs R&D. « Nous avons l’habitude d’accompagner nos clients depuis la réalisation de leurs idées jusqu’à leur dépôt de brevet », fait valoir Dominique Cucumel, directeur communication d’Eolane. L’entreprise a notamment travaillé en amont sur les chaussures connectées de Parade. Commercialisées dans le courant de cet été, celles-ci embarqueront un système intelligent qui donne l’alerte en cas de perte de verticalité.
Airbag de moto intelligent
Eolane aide ses clients à penser et concevoir leur futur produit selon les normes en vigueur. Cet accompagnement va jusqu’au sourcing des composants nécessaires à la carte électronique. Voire même jusqu’à sa fabrication dans ses ateliers. « En revanche, cela n’a pas été le cas pour les chaussures connectées de Parade », explique Dominique Cucumel. En matière de sécurité civile et de prévention des risques au travail, le groupe compte plusieurs références. Dont le fameux gilet airbag moto d’Ixon, la cabine médicalisée et connectée de H4D ainsi que les respirateurs pour les camions de pompiers fabriqués par Air Liquide. Des produits qui ont fait l’actualité récemment avec la crise du Covid-19. Dans la foulée, Eolane réfléchit désormais avec le cabinet conseil Silamir à la conception d’un outil pour aider les salariés à respecter la distanciation sociale.
Un système universel pour rendre actif n’importe quel EPI
Cette fonction booste d’ailleurs l’imagination de David Zieder, le fondateur de Weartronic, une TPE basée à Bons-en-Chablais (Haute-Savoie). Cet ingénieur en mécanique, par ailleurs professeur en génie mécanique, a créé une technologie brevetée. Laquelle permet de rendre actif n’importe quel type de vêtement ou d’accessoire grâce à des LED qui sont encapsulées dans des boutons. Cette technologie est personnalisable comme en témoignent les gilets acquis par Colas, Pigeon ou le département de Haute-Savoie. À charge pour l’entreprise de choisir la couleur, le nombre de LED et la distance entre les boutons. Intégrés au vêtement par soudure, ces derniers sont applicables sur différents supports, tissus, cuirs, films, etc. Ils sont associés à un boîtier électronique produit en France. Ce qui permet aux utilisateurs d’activer manuellement leur gilet en cas de danger. De quoi améliorer la sécurité des professionnels travaillant sur les routes, chantiers ou tout autre lieu de travail.
Gilet actif et haute visibilité
Ce gilet a d’ailleurs été conçu avec des professionnels de la route. La technologie Weartronic Inside est disponible de deux manières. Soit elle est directement intégrée dans un gilet haute visibilité certifié EAN 20471, lavable 50 fois. Soit auprès de fabricants d’EPI. Mulliez-Flory a d’ailleurs sauté le pas puisqu’il fournit à ses clients un gilet actif. Actuellement, Weartronic collabore avec des partenaires sur des objets connectés. L’enjeu étant d’intégrer dans le boîtier une puce bluetooth. Ce qui lui permettrait de communiquer avec un autre dispositif. Objectif : faire respecter les distanciations sociales ou prévenir les collisions entre des véhicules et des piétons.
Eliane Kan
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