Les risques Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques (NRBC) constituent une menace grandissante partout dans le monde. La France s’y prépare. Elle vient d’ailleurs de réactualiser sa doctrine de 2008 pour mieux protéger sa population.
Aux yeux des Français, le terrorisme est de loin la principale préoccupation en matière de sécurité. « Le combat contre cette menace est aussi leur toute première attente envers les services de sécurité, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, et envers les forces armées», rapportait Florence Parly, ministre des Armées dans sa déclaration devant le 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales terre, à Pau le 13 juin 2019. « C’est une menace particulière, par son ubiquité, son vice, sa radicalité, sa volonté de subversion, soulignait la ministre qui intervenait dans le cadre d’un déplacement portant sur l’implication du ministère des Armées en matière de lutte contre le terrorisme, les Français ont appris avec soulagement la fin du califat territorial de Daech en Syrie, mais ils ont aussi compris qu’on n’en resterait pas là, et que le danger ne se dissiperait pas de sitôt. »
Parmi les menaces terroristes qui pèsent sur les populations, le risque NRBC (Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques) est pris très au sérieux. C’est ce que souligne le 3 octobre dernier Samer Melki, coordinateur politique adjoint de la France auprès des Nations Unies devant le Conseil de Sécurité. « Le risque que des matières radiologiques, biologiques, chimiques et nucléaires ainsi que des vecteurs tombent entre les mains terroristes est un danger avéré », estime le représentant français.
Nouvelle circulaire pour les services publics
Ce risque NRBC est d’ailleurs bien pris en compte en France où les capacités de préparation et de réponse à un événement NRBC ont été récemment évaluées. Suite à cette démarche, une circulaire interministérielle a été adoptée le 2 octobre 2018. Visant les principaux services publics qui auraient vocation à intervenir sur le terrain, elle définit les moyens de secours et de soins et détermine les procédures à mettre en œuvre en cas d’attentat ou d’attaque chimique. L’enjeu étant d’éviter l’évolution de la contamination et préserver la vie des victimes et des sauveteurs. Cette circulaire formulée à la demande du Premier ministre actualise la doctrine nationale d’emploi des moyens de secours et de soins à adopter en cas d’action terroriste ou d’accident majeur, adoptée en 2008.
Protection NRBC
C’est d’ailleurs depuis cette période que les services civiles ont commencé à se procurer des équipements NRBC auprès des entreprises spécialisées sur le secteur dont fait partie Ouvry. Cette PME lyonnaise, qui compte 22 salariés sur son siège et 100 intervenants extérieurs, est spécialisée dans la conception, le développement et la fabrication d’équipements de protection NRBC : masques de protection respiratoire, surbottes, combinaisons filtrantes, gants, et autres accessoires. Ces équipements de protection individuelle ont pour particularité de s’interfacer entre eux dans une approche système. « Ils intéressent la Défense, les forces de l’ordre, les secours (sapeurs-pompiers et Samu notamment), les opérateurs d’infrastructures critiques comme EDF ou la RATP, ainsi que l’industrie chimique et l’agriculture », explique Carole Dougnac, ingénieur textile au sein de la PME.
Des risques combinés
Créée en 2002 par Ludovic Ouvry mais opérationnelle depuis 2003, l’entreprise constate une demande en faveur d’équipements de protection couvrant un spectre de plus en plus large. « Autrefois les risques étaient très ciblés. Nos clients nous demandaient une protection contre un agent chimique de guerre, alors qu’aujourd’hui, nos équipements protègent contre un large spectre, des agents chimiques de guerre aux acides, en passant par des produits chimiques industriels dont certains sont disponibles en grandes surfaces ». Pour adresser ces risques, Ouvry propose des combinaisons filtrantes intégrant des microbilles de charbon actif et un traitement déperlant sur le textile de l’EPI capables de protéger les intervenants contre une attaque chimique et nucléaire. Une autre tendance, est de mieux prendre en compte le confort avec des tenues plus design et adaptées aux besoins des utilisateurs qui devront parfois les porter toute la journée.
EPI de nouvelle génération
Ouvry travaille ainsi sur de futurs EPI avec Nuclear Valley, le pôle de compétitivité dédié à l’industrie nucléaire civil. Tous deux ont remporté un appel à projet dans le cadre d’un programme d’investissement d’avenir lancé par Bpifrance. Baptisé « Polynuc », il vise à développer un nouveau type d’EPI reposant sur une technologie de textile filtrant, pour une protection optimale contre les risques combinés (radioactivité, chimie, amiante) tout en maintenant l’équilibre thermo-physiologique du porteur. Il a été labellisé par Nuclear Valley avant d’être déposé au guichet de financement de la région Auvergne-Rhône-Alpes « PIA3 – Transformation des PME par l’innovation » fin 2018, indique le site du pôle de compétitivité. Une subvention d’environ 120 000 euros a été accordée par la PME pour mener à bien le développement de ce nouvel équipement qui mobilisera un budget total de 340 000 euros.
Eliane Kan
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