Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

L'État veut confier la sécurité des navires marchands à des sociétés privées

À l'heure où, sur les mers, le drapeau français est assimilé par les pirates à un navire non armé, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, veut autoriser aux armateurs le recours à des sociétés militaires privées.

Doit-on sécuriser les navires marchands en leur donnant la possibilité d’embarquer du personnel armé alors que 90% des échanges mondiaux de marchandises se déroulent par voie maritime ? C’est ce que pense le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, qui a présenté en Conseil des ministres, vendredi 3 janvier, un projet de loi visant à autoriser des agents de sécurité armés à voyager à bord des navires tricolores. Un véritable volte-face politique sur un sujet qui, jusqu’à présent, relevait de l’éventail des activités régaliennes. Plébiscitée par les armateurs, l’initiative rapproche l’Hexagone des autres pays européens. En effet, la France est aujourd’hui le seul pays-membre de l’Union européenne qui interdit formellement le recours à des hommes armés sur des navires battant pavillon français. Résultat : pour les pirates, notre pavillon apparaît comme une véritable marque de faiblesse.

Pour l’heure, les entreprises françaises de transport maritime s’auto-protègent. Par exemple, en déployant des fils barbelés autour des coques des bateaux ou en se dotant de systèmes de surveillance sophistiqués. Par ailleurs, depuis 2008, elles peuvent être accompagnée par la Marine nationale pendant une partie de leur traversée. « Mais le ministère de la Défense se heurte à des problèmes de disponibilités des effectifs. Du coup, 1/3 de nos demandes de protection sont insatisfaites, estime Eric Banel, délégué général d’Armateurs de France, une organisation professionnelle qui réunit des entreprises françaises de transport et de services maritimes. Notre meilleur choix reste celui d’affréter des navires battant pavillon européen car ils ont ainsi l’autorisation d’embarquer des sociétés militaires privées. »

En pratique, le projet de loi doit encore être débattu au parlement. S’il est adopté, sa mise en œuvre risque de s’avérer délicate. « Aujourd’hui, les entreprises de sécurité ne sont pas prêtes à un tel changement car il n’existe ni école ni module de formation spécialisé, martèle Michel Ferrero, président du Snes (Syndicat national des entreprises de sécurité). Dans les conditions actuelles, la profession est donc contre ce projet de loi. Si des évolutions voient le jour, nous réviserons notre jugement. Mais cela prendra au moins dix ans… » Pour leur part, les Armateurs de France espèrent que la loi sera votée dès l’été prochain.

Guillaume Pierre


La piraterie change de zone et se diversifie

Ces dernières années, le Bureau maritime international a enregistré une réduction globale du nombre d’actes de piraterie : 237 attaques constatées en 2011 contre 75 pour l’année 2012. Bonne nouvelle, la baisse des attaques concerne tout particulièrement le golfe d’Aden, situé dans les eaux territoriales somaliennes, sur lequel débouche le canal de Suez. Une zone d’autant plus sensible qu’y transitent 20% à 25% des échanges mondiaux de marchandises. Cependant, cette baisse ne doit pas occulter la hausse continue des incidents constatés dans certaines régions comme le golfe de Guinée, au large des côtes nigérianes. « N’importe quel navire peut être arraisonné dans le but d’obtenir une rançon en échange de la vie de l’équipage alors qu’auparavant les pirates ciblaient des navires avec une forte valeur ajoutée, comme par exemple, les pétroliers dont la cargaison se vend facilement », souligne Eric Banel,délégué général d’Armateurs de France. En 2012, l’Organisation marine internationale estimait à 500 millions d’euros le coût total des rançons dans le monde.

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