En croissance, le marché des gants fait la part belle aux produits multifonctions ciblant la sécurité et le confort de l'utilisateur. Un enjeu auquel répond l'actualisation en 2016 de la norme anti-coupure EN 388 et celle relative à la protection contre les produits chimiques En 374.
En dépit de la baisse des effectifs dans l’industrie et la construction, la vente de gants de protection se porte toujours bien. En témoigne Uvex Heckel qui connaît en France une progression des ventes de gants de protection de 26% contre 7% pour sa maison mère, le groupe Uvex Safety. Ce dernier a d’ailleurs décidé d’agrandir son usine de Lunebourg (Allemagne) qui contribue à 80% de sa production. Le groupe vient d’y ouvrir une nouvelle ligne de fabrication afin d’accroître sa production de gants enduits Uvex Phynomic. Parmi lesquels le modèle XG qui s’adapte à la main comme une seconde peau grâce à son support en polyamide élasthanne. La paume et le bout des doigts sont enduits d’une mousse aqua-polymère Xtra Grip. Ce qui confère au gant davantage de Grip. Rappelons que ce terme désigne la capacité d’un gant à faciliter la prise en main d’un produit huileux. En conférant à l’utilisateur plus de grip lors de la manipulation de pièces légèrement huileuses, l’utilisateur acquiert plus de dextérité. Cet EPI intéresse l’industrie du métal, de l’automobile et de l’emballage.
Compatibilité avec les écrans tactiles
Surtout, Uvex Heckel a prévu de lancer en octobre prochain un nouveau modèle d’EPI anti-coupure Uvex D500 Foam répondant à la nouvelle norme EN 388-2016*. Ce gant vise le confort et la haute résistance à la coupure et à la déchirure. Ainsi que la dextérité grâce à sa composition en fibres de bambou, acier et Dyneema Diamond. Autre point intéressant, il est compatible avec l’utilisation de n’importe quel écran tactile. « Cet EPI intéresse les personnes qui travaillent à la découpe et l’assemblage des verres pour le bâtiment et l’automobile », fait valoir Olivier Poisson, chef de produit gants chez Uvex Heckel.
Réduction de la fatigue musculaire
Le besoin de confort et de dextérité intéresse aussi les salariés du secteur mécanique qui ont à manipuler des fluides de coupe ou des substances chimiques en grandes quantités. C’est notamment le cas lorsqu’ils ont à effectuer des opérations d’assemblage de précision, de tri de petites pièces ou lorsqu’ils leur faut manier de petites vis et des fixations. Pour répondre à ce type d’applications, Mapa Professionnel lance un nouveau gant de manipulation, l’Ultranitril 365. Ce gant assure une protection chimique (EN 374) contre les hydrocarbures, solvants aluphatiques, graisses, huiles. Autre avantage de ce gant, sa protection anti coupure.En outre, grâce à son grip élevé au bout des doigts, il favorise la dextérité du salarié, réduit sa fatigue musculaire et améliore sa productivité.
Modification des normes EN 374 et EN 388
En 2016, des modifications ont été apportées aux normes anticoupure (EN 388) et protection chimique (EN 374). Pour cette dernière, les changements relatifs contribuent notamment à une meilleure prise en compte de la protection contre les micro-organismes tels que les champignons et les bactéries – avec une mention spéciale pour les virus. En outre, alors qu’auparavant les gants n’étaient pas classés, ils sont désormais rangés par types allant de la lettre A à C. Dans le détail, « le type A indique qu’au moins 6 produits ont été testés, le type B au moins 3 produits, et le type C 1 produit », explique Dominique Patuel, chef de produits pour les enseignes professionnelles Cofaq, une coopérative réunissant 600 magasins spécialistes de la vente d’outillages, matériels industriels et d’EPI.
Par ailleurs, pour limiter les risques irréversibles dus à l’utilisation de produits chimiques (EN 374-3), de nouvelles substances sont testées. Il s’agit, entre autres, de l’acide nitrique, du formaldéhyde et de l’ammoniaque. « Le nombre de substances chimiques testées passent ainsi de 12 à 18 », rapporte Dominique Patuel.
La nouvelle EN 374-3 norme devrait ainsi contribuer à éviter des accidents irréversibles. Reste à sensibiliser les utilisateurs finaux à utiliser les bons gants en fonction de leur poste de travail. Dans cette perspective, Cofaq recommande aux employeurs l’adoption de distributeurs automatiques pour limiter les accidents dus à des erreurs d’utilisation d’EPI. Cofaq recommande alors l’armoire Gostock d’Armabo. Il s’agit d’un distributeur automatique qui facile la gestion des stocks tout en s’assurant que le salarié portera l’EPI correspondant à ses besoins. En effet, ce dernier ne peut retirer son gant qu’à la condition de passer son badge d’identification devant le lecteur de contrôle d’accès.
Inciter les utilisateurs portent leurs EPI
Aider l’utilisateur à porter le bon gant pour éviter des accidents, c’est aussi une des préoccupations d’Honeywell Industrial Safety. Le groupe en facilite le contrôle par les responsables d’ateliers grâce au concept Check&Go basé sur des codes couleurs qui en facilitent la reconnaissance visuelle. Ce concept se décline sur plusieurs gammes dont la Check & Go Vertigo. Dédiée à l’anti-coupure, elle intègre la fibre maison « Spectra » en polyéthylène qui concilie solidité et légèreté. Plusieurs modèles sont proposés en fibre blanche avec revêtement en polyuréthane pour milieux secs et en nitrile pour environnements humides et huileux. Une version en fibre noire « Spectra Black Vertigo » est aussi proposée en réponse à une demande croissante du marché en faveur de ce coloris. « Pour l’entreprise, c’est un gage d’économie car cela évite que les salariés mettent leurs gants au rebut pour cause de salissure », fait savoir Stéphanie Quilliet, directrice marketing division gants chez Honeywell Industrial Safety.
Gants connectés
Tourné vers l’avenir, Honeywell Industrial Safety travaille sur les nouvelles générations de gants connectés intégrant une puce électronique. De nombreuses applications sont ainsi visées. Comme la traçabilité des produits ou encore le contrôle automatique du port de l’EPI. Voire, enfin, le contrôle de l’arrêt des machines avant une intervention manuelle.
Aider l’utilisateur à mieux interagir avec son environnement, c’est justement le principe du gant Scanforce proposé par le français Rostaing. Son nouvel EPI multifonction prévient des risques de coupure grâce à sa maille tricotée haute ténacité. Surtout, il intègre un capteur de métal de sorte à détecter automatiquement dans les murs et plafonds des éléments métalliques tels que des clous, canalisations, rails, etc. qui pourraient blesser le salarié. De quoi prévenir les risques tout en gagnant en productivité. A côté du BTP, ce gant intéresse aussi les agents de sécurité qui peuvent ainsi détecter la présence de métal (donc d’armes) dans un sac.
Eliane Kan
*La nouvelle norme EN388:2016 s’applique à tous les types de gants de protection en rapport avec les agressions physiques et mécaniques. Cinq niveaux de performance ont été établis allant de A à E. A savoir, A pour la résistance à l’abrasion, B pour coupure par lame, C pour la déchirure, D pour la perforation, E pour la coupure.
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