« Sur les 11 millions de travailleurs du bâtiment dans l’Union européenne, plus de la moitié est exposée à des agents cancérogènes », estime l’étude épidémiologique parue dans la revue International Journal of Cancer. Présente dans le sable, l’argile et la pierre, la silice cristalline tient un rôle particulier dans le risque de cancer du poumon. Cet agent cancérogène est en effet dégagé en quantité importante lors de la découpe de matériaux comme la céramique. Près de 20% des travailleurs de la construction y sont fréquemment exposés. L’inhalation de particules de silice provoque une inflammation chronique qui peut conduire à une fibrose pulmonaire : la silicose. 60% de ces maladies seront diagnostiquées à la retraite car elles surviennent après une exposition très longue.
Les maçons particulièrement concernés. Les professions particulièrement à risque selon l’étude sont les couvreurs, les charpentiers, les peintres, les conducteurs d’engins, les pilotes de machines excavatrices, les ouvriers des travaux publics, notamment ceux en contact avec l’asphalte. L’étude a choisi de cibler les maçons, chez qui « le nombre de cas de cancer du poumon constatés est croissant. » Le projet Synergie regroupe ainsi les études de cas-témoins de cancers du poumon dans 13 pays européens mais aussi au Canada, à Hong Kong et en Nouvelle-Zélande. « Son principal objectif est d’étudier les effets conjoints de l’exposition à des agents cancérogènes pulmonaires dans cet environnement professionnel : l’amiante, la silice cristalline, les hydrocarbures aromatiques polycycliques, les composites du chrome et le nickel. »
La conclusion des chercheurs est sans appel : « Nous avons observé une augmentation du risque de cancer du poumon chez les maçons à cause, notamment, de l’association entre la durée d’emploi et l’exposition à ces agents bien que des explications non-causales ne peuvent pas être complètement exclues », peut-on lire dans l’International Journal of Cancer. Puisque l’exposition à de telles poussières concerne aussi les travailleurs des autres branches du bâtiment, les auteurs recommandent d’axer la stratégie de prévention du cancer du poumon sur la surveillance et le contrôle des émanations de poussières contenant de la silice cristalline. Actuellement, la silice cristalline n’est pas couverte par la directive européenne sur les cancérogènes au travail. La réglementation qui s’applique est celle des Agents chimiques dangereux, ACD. L’employeur doit ainsi mettre en place des mesures de prévention.
Caroline Albenois
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