La pénurie de médecins incite les services de santé au travail à se mobiliser auprès des employeurs afin de les encourager à adopter des mesures préventives. Objectif : mieux préserver la santé des salariés. A l’exemple du Services aux entreprises pour la santé au travail (SEST) dont le siège est basé à Issy-les-Moulineaux. Cette association francilienne vient notamment d’organiser ses premiers Lauriers de la Prévention auprès de ses adhérents. Soit plus de 7.000 entreprises franciliennes représentant 90.000 salariés. « Cet événement avait pour but de promouvoir et récompenser les initiatives et les actions mises en place pour prévenir les Troubles musculo-squelettiques (TMS) et améliorer les conditions de travail », résume Marie Sanchez, directrice du développement de l’association.
Le choix en faveur des TMS n’est pas anodin. Première cause de maladie professionnelle, elles représentent plus de 9 millions de journées de travail perdues et approximativement 900 millions d’euros de frais couverts par les cotisations des entreprises, indique l’association. Le SEST a d’ailleurs confié l’ouverture de sa cérémonie à Marie-Anne Gautier, médecin du travail et expert médical en risques physiques et psychosociaux à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) et à une ergonome du SEST. Toutes deux ont attiré l’attention des employeurs sur le lien entre l’apparition des TMS et la pénibilité au travail. Un risque appréhendé par les 7 entreprises lauréates. A savoir, deux crèches, deux distributeurs, deux maisons de retraite et un bailleur social. Point commun, pour limiter les TMS, elles ont toutes mené une étude de poste afin de trouver des solutions qui permettent de soulager leurs salariés dans les tâches les plus pénibles. L’évaluation de ces actions a été menée par un comité de reconnaissance composé d’un médecin du travail, d’un médecin du travail/IPRP (Intervenants en prévention des risques professionnels), d’une ergonome, du professeur de médecine du travail Alexis Descatha et d’un ingénieur conseil responsable du pôle Risques organisationnels à la Cramif.
Parmi les actions récompensées, citons celles de la crèche La Pirouette du groupe La Maison Bleue qui a fait appel aux architectes « maison » pour réaliser des aménagements limitant l’apparition des TMS. Qu’on en juge, au moment du changement de couche, les enfants en âge de marcher empruntent des escaliers amovibles qui accèdent à des « tables » à langer. Ce qui évite aux salariés de les soulever.
De son côté, le Carrefour Market du Plessis-Robinson a mis en place des tables de rayons à fond constant limitant la pénibilité du travail de mise en rayon. Cette table a été développée avec la Cramif, la DRH, le service organisation et méthodes, le CHSCT et les salariés eux-mêmes durant une période de 18 mois. Depuis décembre 2012, 6.500 tables comme celle-ci ont été livrées dans tous les magasins Carrefour Market Intégrés, soit environ 500 magasins dans toute la France. C’est donc près de 30.000 salariés qui peuvent bénéficier de cette innovation technique dont ils se servent quotidiennement.
Le centre commercial Monoprix Les Passages à Boulogne-Billancourt se préoccupe aussi de la santé de ses salariés. Pour faciliter la reprise de poste d’une de ses collaboratrices ne pouvant plus porter de charge lourde, la direction a décidé de miser sur un chariot à plateau élévateur qui s’abaisse au fur et à mesure qu’on le charge et se soulève dès qu’on le décharge. Il permet également de réduire tout mouvement répétitif inapproprié pour le dos et facilite la manipulation des articles.
Tous ces dispositifs sont à découvrir en vidéo sur le site du SEST qui organise par ailleurs des conférences sur différents thèmes comme le burn-out ou sur le lien entre sommeil et performance au travail. A regarder aussi, l’intervention du docteur Jean-Yves Pérol sur le thème Médecine du travail et intérêt des connaissances nouvelles en neurosciences. Ce spécialiste nous éclaire notamment sur les angoisses et phobies sous la lanterne du darwinisme et démontre qu’elles ont été nécessaires pour participer à la survie de l’espèce humaine.
Eliane Kan
Commentez