Une étude du CNRS, de l’Université Paris-Saclay et d'AgroParisTech dévoile les conséquences désastreuses lorsqu’une espèce exotique s’introduit dans un nouveau milieu. Ravageant les infrastructures, les pertes financières générées égalent celles induites par les catastrophes naturelles comme les tempêtes, les séismes ou les inondations.
À l’image du frelon asiatique débarqué en 2004 dans une cargaison de poteries importée de Chine et ayant depuis colonisé toute l’Europe, certaines espèces exotiques menacent nos écosystèmes. Contrairement aux catastrophes naturelles, comme les tempêtes, les séismes ou les inondations, on entend rarement parler des conséquences des invasions biologiques. Et pourtant, elles pourraient bien s’avérer aussi coûteuses qu’un tremblement de terre. C’est ce que dévoilent des scientifiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), de l’Université Paris-Saclay et d’AgroParisTech. Détails.
Des espèces non endémiques
À titre d’exemple, les chercheurs citent la prolifération de la moule zébrée en Amérique du Nord capable de pondre 40 000 à 1 000 000 d’œufs par année. En se fixant à une surface, elle ravage tant les coques de bateaux que les canalisations de centrales nucléaires. Ainsi, de nombreuses espèces exotiques introduites dans de nouveaux milieux peuvent-elles avoir des conséquences désastreuses sur les espèces locales, les écosystèmes ainsi que les activités humaines. Elles entraînent des dégradations d’infrastructures, de cultures et de plantations forestières.
De lourdes pertes financières
En 40 ans, les invasions biologiques auraient donc causé autant de pertes financières que les catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, les inondations ou les tempêtes. C’est ce que démontre l’équipe de recherche internationale dirigée par des scientifiques du laboratoire Écologie, systématique et évolution (CNRS/Université Paris-Saclay/AgroParisTech). Le projet ayant bénéficié du soutien du Fonds AXA pour la recherche.
Des données issues de Invacost
Publiée dans la revue Perspectives in Ecology and Conservation, l’étude s’est basée sur les données Invacost qui comptabilise 13 500 coûts dus aux invasions biologiques dans le monde. En parallèle, les coûts mondiaux des catastrophes naturelles ont pu être mesurés grâce aux données de l’International Disaster Database et de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA).
1 208 milliards de dollars de pertes
En termes financiers, de 1980 à 2019, les pertes financières dues aux espèces exotiques envahissantes s’élèvent à 1 208 milliards de dollars. En comparaison, le coût des tempêtes représente 1 914 milliards, les séismes 1 139 milliards de dollars et les inondations 1 120 milliards de dollars.
Une prévention encore trop limitée
Autre observation, les scientifiques ont remarqué que les coûts des invasions biologiques augmentent plus rapidement que ceux induits par les catastrophes naturelles. Et pourtant, les investissements dédiés à la prévention de ce phénomène restent dix fois moins élevés que les pertes financières causées. En conclusion, l’équipe en appelle à la création de plans d’action et d’accords internationaux pour limiter la propagation de ces espèces.
Ségolène Kahn
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