Le Club des Directeurs de Sécurité et Sûreté des Entreprises (CDSE) vient de dévoiler une tendance inédite : contrairement aux années précédentes, les dirigeants d’entreprise sont de moins en moins inquiets (18%) de la sécurité de leurs collaborateurs envoyés travailler à l’étranger. Politique de l’autruche ou pragmatisme ? Quelles que soient les raisons, il semblerait que la donne ait changé. Le point sur les faits.
Le terrorisme ne fait plus peur
Première observation, et pas des moindres, de ce 5e baromètre réalisé par l’institut de sondage Opinion Way : seuls 18% des 300 dirigeants d’entreprises françaises interrogés cette année craignent encore aujourd’hui l’insécurité à l’international. Comparé à 2017 où ils étaient 30%, la chute a de quoi interpeller… Plus précisément, un dirigeant d’entreprise sur deux (soit une hausse de 11 points) estime n’être exposé à aucune menace à l’étranger. Et notamment vis-à-vis du terrorisme ! Pour la première fois depuis trois ans, la crainte du terrorisme ne concerne que 29% des sondés. Soit une dégringolade de 28 points par rapport à 2017. Ces chiffres seraient-ils à corréler à la chute de l’organisation Etat islamique ou au recul des attentats en Occident ? Pour Emile Pérez, vice-président du CDSE délégué aux questions internationales, cette baisse de vigilance s’explique par « un contexte géopolitique qui pourrait sembler plus calme ». Désormais, ce sont donc les risques encourus par les accidents de transports (41%), comme les crashs d’avion, ou les risques sanitaires (19%) tels que les épidémies, qui priment. C’est-à-dire des accidents que l’on ne peut ni maîtriser, ni anticiper.
Des lacunes persistent
Hormis cette tendance, un phénomène persiste par rapport à 2018 : l’écart entre les risques perçus par les dirigeants et la mise en place de procédures de sécurité, déplore le CDSE. Si 68% des dirigeants jugent leur politique de sûreté avancée, des lacunes non négligeables demeurent. Par exemple, ils sont de moins en moins nombreux (46%) à détenir une connaissance précise des responsabilités juridiques encadrant le déplacement de leurs salariés à l’international. Ce qui représente une baisse de 8 points.
Une mauvaise hiérarchisation des protocoles de sécurité
Dans la foulée, les entreprises ont beau avoir musclé leurs procédures de sécurité à l’étranger, la priorité d’une politique de sûreté, réclamée par trop peu de dirigeants (15%), semble mal évaluée. Au lieu de former leurs collaborateurs pour les préparer à une éventuelle catastrophe (seulement 16% des interrogés), les dirigeants préfèrent se contenter de diffuser des informations (42%), ou mettre en place des “procédures spécifiques” (26%). Autre recours approuvé à 29%, la mise en place d’un dispositif de géolocalisation pour sécuriser les excursions dans les zones à risques.
Ségolène Kahn
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