Tous les employeurs sont aujourd’hui confrontés à l’absentéisme. Si le secteur privé en mesure l’enjeu depuis quelques années, le public subit encore des taux d’absentéisme très élevés : 8,43% d’absents dans les collectivités territoriales en 2012, pour 23,6 jours d’absence en moyenne par les agents titulaires. La polémique suscitée par l’abrogation du jour de carence le 1er janvier 2014 illustre les difficultés à s’attaquer à cette question. « Selon nous, cette suppression a influé sur l’évolution croissante du taux d’absentéisme », résume Emmanuel Gros, directeur général des services de la mairie de la Roche-sur-Yon (85).
Selon l’étude, intitulée « Les communes face à l’absentéisme» et réalisée conjointement avec le cabinet de conseil CTR, le premier facteur est la maladie ordinaire, à 93%. « Ce résultat est lié à l’évolution de la pyramide des âges et aux emplois pénibles, explique Emmanuel Gros. Ceux-ci fournissent des bataillons de personnes à replacer, plus facilement malades que les autres salariés. » Les accidents du travail sont ensuite cités à 45% par les répondants, à l’heure où de nouvelles obligations légales incitent les collectivités à s’interroger sur leur politique de prévention des risques professionnels et de la pénibilité au travail.
Quelles conséquences ? L’étude évalue aussi la perception du coût de l’absentéisme. « J’ai été surpris de me rendre compte de la méconnaissance des coûts liés à l’absentéisme, poursuit Emmanuel Gros. Peu de mes collègues sont capables de les chiffrer. » 2.000 euros par jour, selon un chiffre national. 2,5 % de la masse salariale, selon l’enquête. Un montant considérable qui ne place qu’en quatrième position dans la liste des impacts jugés prioritaires par les répondants l’incidence financière, après la désorganisation des services, la surcharge de travail en interne et les répercussions négatives sur les agents présents.
« Pour endiguer ce phénomène, il faudrait tout d’abord multiplier les enquêtes nationales sur le sujet, car les collectivités ne disposent pas de suffisamment de données, propose Emmanuel Gros. Il faut aussi aider les communes à entamer des actions de prévention. » Car même si plus de 80% d’entre elles organisent des actions pour lutter contre l’absentéisme, celles-ci restent insuffisantes. Seule la moitié met en place des mesures de prévention contre les AT/MP.
Caroline Albenois
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