Encore émergents, les robots collaboratifs sont conçus pour travailler de concert avec les opérateurs. Une collaboration qui se doit d'être analysée en amont afin d'éviter des risques pour l'opérateur.
Tri de petites pièces, assemblage de précision, vissage… autant d’exemples d’activités susceptibles d’être confiées aux robots collaboratifs. Plus flexibles et compacts que leurs prédécesseurs issus du monde de l’automobile, les cobots (contraction de collaboratif et de robot) annoncent ce que sera l’industrie du futur. Et notamment les modes de travail. Grâce à leurs capteurs, ils savent appréhender leur environnement.
Coût d’acquisition inférieur
Résultat, les cobots opèrent désormais “au coude à coude” et de manière interactive avec les opérateurs. De quoi gagner des mètres carrés au sol puisqu’il n’est plus nécessaire de les encager. Plus polyvalents que leurs aînés, les cobots peuvent aussi compter sur leur polyvalence et leur endurance pour séduire les industriels. Et ce, d’autant plus qu’ils sont aisément programmables par les opérateurs. Il suffit à ces derniers de montrer le mouvement à accomplir. Dès lors, le cobot peut comprendre la tâche à effectuer et l’exécuter. Autre argument qui plaide en la faveur de ces robots collaboratifs, leur coût d’acquisition, moins élevé que celui de leurs prédécesseurs selon les intégrateurs.
Les ventes de robots progressent
Fort de ces différents avantages, le robot collaboratif tisse progressivement sa toile. Après l’industrie automobile, électrique ou électronique, ils gagnent du terrain dans les ateliers de production dans l’agroalimentaire, le luxe, l’horlogerie, la mécanique, la pharmacie, ... De quoi booster les ventes de robots. Selon l’International Federation of Robotics (en français, fédération internationale de robotique) la vente de robots (tous modèles confondus, cobots y compris) s’élève pour 2018 à 422.000 unités. À comparer aux 380.000 vendus en 2017. En 2022, les ventes devraient s’élever à 584.000 robots.
Automatisation des tâches répétitives
Facteur de productivité pour les industriels, les cobots permettent d’automatiser les tâches les plus répétitives et les plus contraignantes. Ce qui pourrait augurer, du côté des opérateurs, une diminution du risque de trouble musculosquelettique. Un gain à prendre toutefois avec des pincettes. C’est du moins l’avis de Jean-Christophe Blaise, responsable du laboratoire sécurité des équipements de travail et des automatismes au département ingénierie des équipements de travail de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité).
Veiller à l’acceptation du robot
Comme pour toute nouveauté technologique implémentée dans l’entreprise, cet expert recommande que les opérateurs doivent être associés à la mise en place du cobot. À charge pour l’entreprise d’expliquer les raisons de son adoption en s’appuyant sur l’analyse de ses besoins et des risques associés. De quoi favoriser l’acceptation du cobot.
Des risques subsistent
Une fois le projet validé, les opérateurs doivent être formés et accompagnés. Ce qui permet à l’entreprise d’avoir un suivi de l’activité dans le temps. Et ce, dans la mesure où la venue d’un cobot comporte des risques pour les opérateurs, comme le souligne le chercheur de l’INRS. Bien sûr, les robots disposent de fonctions de limitation de puissance et d’effort qui déclenchent l’arrêt du robot dès lors que ce dernier entre en contact avec l’opérateur. Néanmoins, ces robots disposent d’un outil à l’extrémité de leur bras mécanique. Or, selon l’activité concernée, il peut générer de la poussière ou de la chaleur. Voire des risques de coupure ou de perforation.
Quid des robots mobiles
La vigilance s’impose aussi pour les robots mobiles. Rappelons que ces derniers ont pour mission d’acheminer jusqu’aux opérateurs des bacs remplis de pièces et autres objets. « Durant leur trajet, ils sont susceptibles de se renverser ou de heurter un piéton », soulève Jean-Christophe Blaise.
Evaluation des risques en laboratoire
Pour aller plus loin dans son analyse et ses recherches sur les robots collaboratifs, le laboratoire sécurité des équipements de travail et des automatismes s’est procuré deux robots dont un mobile. Avec ces acquisitions, les chercheurs de l’INRS poursuivent plusieurs objectifs. Entre autres, il s’agit de regarder quelles en sont les difficultés techniques d’intégration. Puis d’étudier le processus d’acceptation par les opérateurs. Dans cette perspective, le laboratoire a fait appeler à des volontaires afin de réaliser des applications. L’étape suivante consistera à analyser la manière avec laquelle les gens se comportent avec leur robot et de mesurer s’ils éprouvent ou non une gêne. « Notre plate-forme est quasiment terminée au plan technique », indique Jean-Christophe Blaise qui démarre les études avec des volontaires pour évaluer l’acceptation des robots.
Eliane Kan
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