Les nouveaux modèles présentés par les exposants d’Expoprotection cherchent à limiter leur empreinte carbone et leur impact sur l’environnement tout en préservant le confort et la sécurité du porteur.
Entre six mois et un peu plus d’un an… c’est la durée de vie moyenne d’une paire de chaussures de sécurité. Un produit complexe constitué d’une trentaine d’éléments dont font partie : tige, lacets, semelle anti-perforation, embout anti-choc, etc. Autant d’éléments qui rendent la chaussure de sécurité difficile à recycler. Fort de ce constat, les fabricants multiplient les efforts afin de limiter l’empreinte carbone de leurs produits. En témoignent les nouveautés présentées sur Expoprotection, le salon international de la prévention et de la maîtrise des risques (Paris-Porte de Versailles, Pavillon 1, du 15 au 17 novembre 2022).
Des réponses aux enjeux RSE et à la loi Agec
Sur les 690 exposants attendus, une cinquantaine y présenteront de nouvelles chaussures de sécurité. A l’instar d’ISM, Jalatte, Parade et Uvex-Heckel. Points communs de ces exposants, leurs nouveautés phares intègrent des matériaux recyclés pour préserver les ressources naturelles, la biodiversité et le climat. De quoi répondre aux enjeux de RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) de leurs clients et répondre aux appels d’offres des services de l’État, collectivités territoriales et leurs groupements visés par la loi Agec (loi Anti-Gaspillage pour une économie circulaire). Rappelons que son décret d’application publié le 9 mars 2021 stipule que la valeur des biens issus du réemploi, de la réutilisation ou intégrant des matières recyclées, devra représenter au minimum 20 % des dépenses annuelles consacrées à l’acquisition de vêtements professionnels et articles chaussants.
Deux nouveaux modèles phares pour Uvex-Heckel
Bien sûr, les fabricants n’ont pas attendu l’adoption de la loi Agec en 2020 pour entamer des actions afin de réduire leur empreinte carbone. A commencer par Uvex-Heckel qui a initié cette démarche dès les années 2010. « Les premières années, nous avons beaucoup travaillé à intégrer dans nos usines et celles de nos partenaires des énergies vertes et renouvelables », souligne Jean Doyen, chef de produits chaussures Uvex-Heckel qui présentera parmi ses nouveautés deux modèles phares. A savoir la Run-R Planet de Heckel et Uvex 1 G2 Planet de la marque éponyme. Points communs, 25 % du poids total de la chaussure sont constitués de matériaux recyclés selon la méthode de calcul établie par la norme ISO 14021:2016. En témoigne la « Run-R Planet qui arbore une tige en PET, des lacets et semelle anti perforation en fibres 100 % recyclées, une semelle de propreté en mousse PU à 90% recyclée. Par ailleurs, 18 % de la doublure sont réalisés en fibre de bambou », pointe Jean Doyen.
Protection innovante des métatarses
Résultat, l’empreinte Cradle to Customer (des matières premières jusqu’au consommateur final) de la Run-R Planet s’élève à 6,8 kg de CO2 alors que la moyenne du secteur se situe autour de 20 kg , selon la norme ISO 14040 qui concerne l’analyse du cycle de vie des produits. En plus de ces modèles qui limitent leur impact carbone, Uvex-Heckel poursuit ses efforts pour améliorer le confort et la sécurité des salariés évoluant dans des milieux difficiles. A l’instar de Macsole Adventure 3.0 qui s’étoffe désormais d’une version avec système de fermeture BOA et d’une autre avec système de protection des métatarses. Conçue par l’équipementier D3O, cette solution se compose d’un élément totalement flexible, liquide de son état naturel, situé dans le prolongement de l’embout, au niveau de la languette. A l’instar d’un Airbag, elle se rigidifie instantanément en cas de choc. De quoi limiter les blessures des métatarses.
Confort de la voûte plantaire
Le français Parade s’est également engagé à réduire ses émissions de CO2 d’ici 2030. Dans cette perspective, le fabricant a lancé sa collection Etik qui comprend des vêtements de travail ainsi qu’une chaussure de sécurité éco conçue et confectionnée en circuit court. Baptisée « Verger » et disponible en trois coloris, elle abaisse de 20 % à 25 % ses émissions carbone grâce à des matériaux recyclés et upcyclés. La tige en toile respirante est composée de polyester recyclé. A cela s’ajoute des empiècements en cuir, un matériau issu des chutes de production de son usine du Maine-et-Loire et de ses partenaires. « Quant à la doublure, la première de propreté et les lacets, ils sont également fabriqués à partir de matières 100 % recyclées », souligne Virginie Tricard, responsable de l’offre chez Parade. Écoconçue, la basket Verger n’en est pas moins confortable. Grâce à la technologie VPS System (Voûte plantaire suspendue), elle épouse la voûte plantaire afin de soulager le porteur quand il se trouve en position statique prolongée. Ce modèle intéresse les métiers de la logistique, du commerce et de l’industrie.
Semelle anatomique conçue par des bottiers orthopédistes
En réponse à son engagement pour l’environnement, l’allemand ISM sort de nouveaux modèles Green Heart en matières recyclées sous les marques Albatros et Puma Safety. Point commun, l’empeigne (partie avant de la tige) est en partie fabriquée en fibres polyester recyclées. Compatibles ESD et normés S1P, ils disposent d’une coque en fibre de verre. En outre, la protection contre la perforation est assurée par une semelle en fibres textiles recyclées non métallique et résistante à la déchirure. Les modèles Green Hearts sont adaptés aux zones de travail sèches comme l’artisanat, l’industrie, la logistique et la production. A noter : la semelle intérieure anatomique a été mise au point par des bottiers orthopédiques pour un meilleur confort du porteur.
PU issu de la biomasse
Côté français, Jalatte répond aux enjeux RSE avec sa gamme J’respect, des chaussures de sécurité écoresponsables assemblées en France et qui revendiquent 0 kg de CO2 par paire grâce à une cycle complet de mesure/réduction/compensation de l’empreinte carbone. « Les modèles J’respect sont tous certifiés Carbone Neutre par Bureau Veritas selon les normes ISO 14067 et PAS 2060 », fait valoir le fabricant. Les semelles qui représentent 50 % du poids de la chaussure sont composées d’un PU nouvelle génération. Baptisé « Biomass Balance » par BASF, il est totalement dépourvu de ressource d’origine fossile puisqu’il est issu du recyclage et de la fermentation de déchets organiques. Concernant la tige écoconcue, les matériaux entrant dans sa composition ont un taux de matières recyclées allant de 40 % à 100 %. Notons enfin que la semelle intérieure compensée, issue de 100 % de matières renouvelables, soulage le stress corporel pour les métiers à position debout prolongée.
Made in France pour Gaston Mille
Pour sa part, Gaston Mille met en avant le Made in France et la durabilité des modèles de sa gamme 1912 (date de la création de la marque). Et ce, dans la mesure où les produits sont fabriqués sur le territoire et les matériaux qui les composent viennent exclusivement de France et de l’Union européenne. Ce qui limite fortement les émissions de carbone. « En outre, les chutes de polyuréthane (PU) utilisées pour la fabrication de nos semelles sont recyclées », fait valoir le fabricant. Parmi les pièces maîtresses, la rangers Master Noir S3 HI CI HRO SRC est conçue pour le BTP, le gros œuvre, les industries minières et lourdes, etc. A noter, son embout de protection en fibre de verre, sa semelle anti-perforation et sa semelle crantée extra-large. Des stries à l’avant comme à l’arrière limitent les risques de glisse et sa zone de flexion évitant toute entrave au déroulé naturel du pied. En outre, elle dispose d’un décroché du talon de 1 cm pour une meilleure accroche sur les barreaux des échelles.
Système pour faciliter le laçage
Assurer la sécurité et le confort des porteurs demeure bien sûr la priorité des fabricants. En témoigne le suédois Blakläder. Surtout connu pour ses vêtements de travail haut de gamme, ce dernier a ouvert une usine au Sri Lanka où il produit quelques 700 000 à 900 000 paires de chaussures par an. « Nous maîtrisons toute la chaîne de valeur depuis le sourcing jusqu’au distributeur », indique René-Jean du Cosquer, directeur France de Blakläder. Pour développer son offre, l’industriel s’est entouré de Fagus pour la fabrication des moules et de la clinique orthopédique Camp Pro, spécialisée en Suède dans la biomécanique des pieds. Cette collaboration a abouti à la réalisation d’une trentaine de modèles qui seront présentés sur Expoprotection. Parmi lesquels, des modèles avec semelle bidensité en PU et des tiges en cuir ou en microfibre équipés du système de laçage Freelock. Lequel permet de lacer ou de délacer d’une main sa chaussure de sécurité. Y compris si le porteur porte ses gants. Un système particulièrement développé dans les chaussures de sport.
Eliane Kan
La norme ISO 20345 évolue en 2022
A l’instar des autres acteurs du secteur de la chaussure de sécurité, Parade fait évoluer ses nouveaux modèles pour prendre en compte l’évolution de la norme ISO 20345 : 2012. Laquelle spécifie des exigences fondamentales et additionnelles (optionnelles) relatives aux chaussures de sécurité d’usage général. Elle inclut, par exemple, les risques mécaniques, la résistance au glissement, les risques thermiques et le comportement ergonomique. La norme ISO 20345 : 2022 introduit, quant à elle, de nouvelles exigences de manière à mieux adapter les chaussures de sécurité aux environnements de travail. Notamment, en simplifiant la résistance au glissement et en faisant apparaître de nouveaux marquages anti-perforation. En plus du marquage P qui concerne désormais uniquement les tests réalisés sur des plaques anti-perforation métalliques, deux nouveaux sigles apparaissent, en l’occurrence, le PS (Pointe Small) et le PL (Pointe Large). Ce dernier concerne les tests réalisés avec une pointe de 4,5 mm. « Tandis que le PS concerne les tests réalisés avec une pointe fine de 3 mm », indique Virginie Tricard, responsable de l’offre chez Parade qui dévoilera d’ailleurs sur son stand de nouveaux modèles répondant à l’évolution de la norme, notamment sur l’anti-perforation en pointe small.
Commentez