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Les chalumeaux à hydrogène du français Bulane améliorent les conditions de travail des soudeurs

La flamme produite par ses chalumeaux à hydrogène ne dégage ni CO2 ni rayon UV tout en étant moins bruyante que les appareils classiques du marché. Actuellement disponible en version fixe, l'électrolyseur qui permet de produire l'hydrogène sera proposé en version mobile.

Energie d’avenir puisqu’il ne produit pas de CO2, l’hydrogène contribue aussi à améliorer les conditions de travail. C’est du moins l’argument avancé par Bulane, une PME spécialisée dans la conception de nouvelles générations de chalumeaux. Dédiés aux opérations de brasage sur les sites industriels et prochainement en utilisation nomade, ses appareils ne fonctionnent pas à l’acétylène. Mais avec de l’hydrogène. « Ce gaz est produit in situ sans stockage, par électrolyse de l’eau, grâce à une machine dédiée qui est alimentée par le courant électrique », indique Nicolas Jerez, le président et fondateur de l’entreprise.

Basée à Montpellier, cette PME regroupe une dizaine de personnes dont un thésard en électrochimie et des ingénieurs spécialisés en chimie, mécanique et génie des procédés. Son électrolyseur, baptisé Dyomix, a été mis au point et breveté avec l’Institut Charles Gerhardt, une unité mixte de recherche du CNRS, spécialisée dans la chimie moléculaire et la chimie des matériaux. Ce partenariat scientifique a contribué à miniaturiser l’électrolyseur (il ne pèse que 80 kilos) et à optimiser la performance calorifique de la flamme qui chauffe jusqu’à 2.800°C.

Pas de rayonnement UV. Performante et propre puisqu’elle ne dégage pas de fumée, cette flamme aux couleurs bleutées présente d’autres avantages pour le confort de l’opérateur. D’abord, elle émet moins de lumière et ne dégage pas de rayonnement UV, ce qui évite aux soudeurs de devoir porter des lunettes spécifiques. De simples verres suffisent. Ensuite, au plan acoustique, la flamme émet moins de 60 décibels contre 80 décibels habituellement. « Du coup, l’opérateur n’est plus obligé de porter de protection auditive », fait valoir Nicolas Jerez qui a fait appel aux services de la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) de sa région afin de valider ses informations par une campagne de métrologie. Ces arguments ont séduit le milieu industriel. 18 mois après son lancement commercial, le Dyomix a été vendu à quelques 80 unités chez des industriels de l’aéronautique, de l’automobile et du chauffage… Parmi lesquels on peut citer Thales, Continenta, Dietrich, Atlantic ou Carrier.

2.7 millions d’euros. Forte de ces références, Bulane a levé 2,7 millions d’euros afin de finaliser une nouvelle génération d’électrolyseurs portatifs. Fonctionnant sur une simple prise de courant, celle-ci consommera moins de 2.000 watt et pèsera moins de 30 kilos. Ce nouvel électrolyseur s’adressera d’abord aux utilisateurs nomades qui soudent ou brasent le cuivre. Entre autres, les frigoristes, chauffagistes et plombiers. « Leur chalumeau sera plus ergonomique et plus léger d’un tiers environ que les outils standard du marché », prévoit Nicolas Jerez qui a en ligne de mire un marché de plus d’un million d’opérateurs nomades. Lesquels seront non seulement séduits par les atouts de l’hydrogène mais aussi par la perspective de ne plus avoir à acheter de gaz en bouteille. « Grâce à cela, ils devraient amortir leur nouvel équipement en deux ans », indique le dirigeant de Bulane qui prévoit de sortir ce produit fin 2016.

Eliane Kan

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