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Santé et qualité de vie au travail

Les artisans du BTP stressés et inquiets pour leur avenir

Le baromètre Arti Santé 2015, consacré à la santé des artisans du BTP, vient de paraître. Le constat est mitigé, car si 78% d’entre eux se déclarent en bonne santé, ils sont encore 43% à ne pas consulter fréquemment un médecin. Des chiffres d’autant plus inquiétants que le baromètre note une hausse des troubles physiques et psychologiques.

L’Institut de recherche et d’innovation sur la santé et la sécurité au travail (Iris-ST) vient de publier son baromètre Arti Santé 2015 sur la santé des artisans français du BTP, conjointement avec la Chambre nationale de l’artisanat, des travaux publics et paysagistes (CNATP) et la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Réalisée sur un échantillon de 2.783 artisans, la seconde édition de ce baromètre constate que « les artisans se disent être en bonne santé mais souffrent de pathologies physiques et psychiques, explique Mélanie Baumea, la responsable de l’étude pour Iris-ST. Il s’agit d’une tendance déjà constatée en 2014. »

En effet, 78% des artisans du BTP se déclarent en bonne santé. Mais ce chiffre est à prendre avec des pincettes, puisque 43% d’entre eux ne consultent jamais ou très rarement leur médecin. Sur ce volume, la moitié cite l’absence de temps et le tiers affirme ne pas en avoir besoin. Car ces artisans sont bel et bien affectés par des troubles de la santé. 79% d’entre eux se plaignaient de douleurs articulaires ou musculaires. Cette proportion est plus élevée qu’en 2014 puisqu’ils n’étaient  »que » 60% à déclarer souffrir de telles douleurs. A noter toutefois que la couverture médicale professionnelle s’est nettement améliorée car ils ne sont que 15% à ne pas être suivis dans le cadre de leurs activités – contre 27% en 2014.

« Par rapport à l’année dernière, la nouveauté, c’est le burn-out », souligne Mélanie Baumea. Et ce, alors que l’Assemblée nationale débat actuellement d’une proposition de loi reconnaissant ce trouble comme une maladie professionnelle. Le constat du baromètre est alarmant : 7% des artisans interrogés avouent avoir connu un burn-out et 28% estiment qu’ils en ont peut-être déjà été victimes. Par ailleurs, les artisans du bâtiment sont 43% à subir de la fatigue importante et des troubles du sommeil. A cela s’ajoute la solitude car 31% se sentent isolés dans leur travail. Cette proportion atteint 50% pour les artisans travaillant seuls.

D’où viennent ces problèmes ? 62% estiment que les charges financières et sociales, jugées excessives, sont une importante source de stress. Par ailleurs, 54% critiquent les obligations administratives et 52% le côté irrégulier de l’activité. En plus des inquiétudes de la vie courante, de sombres perspectives pèsent sur le moral et la santé des artisans du BTP. Si 40% des artisans interrogés sont pessimistes quant à leur survie professionnelle, ce chiffre atteint 52% chez les personnes touchées par un burn-out. Il s’agit d’une proportion inquiétante pour un secteur qui emploie 786.000 salariés et 473.000 travailleurs non-salariés et génère un chiffre d’affaires global de plus de 75 milliards d’euros.

Benjamin Alcaïde

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