En cas d’accident grave, chaque minute compte pour les ambulanciers, pompiers et autres secouristes. Dans ce contexte, de plus en plus d’applications innovantes fleurissent afin d’aider les intervenants à mieux remplir leurs missions. C’est notamment le cas de la solution Nomadeec, une plateforme mobile de télémédecine mettant en relation des intervenants avec des établissements de santé. Celle-ci est éditée par le Bordelais Exelus qui équipe plusieurs centaines d’ambulanciers en France. Tournant à l’origine sur tablette, ce logiciel métier vient d’évoluer puisqu’il est désormais accessible depuis les lunettes holographiques de Microsoft.
Accessoire connecté et réalité augmentée
Grâce à cet accessoire de réalité augmentée, l’urgentiste voit s’afficher l’application Nomadeec avec laquelle il interagit par geste ou à la voix. « Les lunettes sont connectées à notre boîtier communicant sur lequel viennent se greffer différents appareils médicaux comme un tensiomètre, un électrocardiogramme, un thermomètre, etc. », indique Antoine Bezborodko, producer (en français chef de projet) au sein de la division holographique d’Asobo Studio, une entreprise à l’origine spécialisée dans les jeux vidéos. Une fois posés sur le patient, les accessoires médicaux délivrent leurs informations directement au boîtier. À charge pour ce dernier de les afficher à l’écran. Mieux encore, grâce à la fonction de reconnaissance vocale embarquée dans les lunettes, l’urgentiste commande les équipements à la voix et dicte même son rapport d’intervention tout en restant concentré sur les soins apportés à la personne secourue. Une fois le bilan terminé, il sera transmis à l’hôpital. Cette application qui a réclamé six mois de travail à six personnes chez Asobo Studio va être expérimentée au printemps prochain par les ambulanciers de la Vienne, une société implantée dans le département éponyme.
Transmission cryptée des données
L’optimisation des interventions d’urgence intéresse aussi le Canadien Prehos. L’entreprise a développé une solution baptisée Prehospital Care Software Solutions. Tournant sur la tablette, celle-ci aide le professionnel des secours à formaliser les bilans de santé de la personne secourue. Puis elle transmet les données aux établissements en mode crypté de manière à préparer la réception du patient. « Avec notre solution, le médecin urgentiste dépêché sur les lieux peut aussi accéder à distance au dossier de santé du patient », indique Christian Chalifour, cofondateur et CEO de Prehos qui a développé cette offre avec un urgentiste canadien. La solution disponible en mode Saas est utilisée depuis quelques mois au Québec par un organisme équivalent au Samu français qui le déploie sur 230 véhicules.
Autre innovation visant à optimiser les secours, celle proposée par Momentum édité par le Suisse Dos Group. Ce dernier propose une application intelligente de gestion des missions qui vise à diligenter les personnes les plus compétentes en cas d’urgence ou de crise. Son logiciel peut être intégré à un logiciel de répartition, à des systèmes d’alerte ou des détecteurs préexistants. Une fois l’alerte reçue, l’application sélectionne automatiquement des utilisateurs en tenant compte de leurs compétences mais aussi de leur disponibilité, profession, lieu où ils se trouvent, etc.
Algorithme breveté
Ces derniers sont alertés par le biais de notifications (SMS, e-mails, etc.). Les destinataires peuvent répondre sur l’application tournant sur leur smartphone, partager leur position (via GPS) et même créer un canal de communication bidirectionnelle. Pour plus de sécurité encore, un algorithme breveté peaufine la sélection des répondants de sorte que seuls les utilisateurs les plus adaptés interviennent. Ces derniers obtiennent alors tous les détails de la mission une fois choisis. Dès lors qu’ils acceptent d’intervenir sur les lieux, ils reçoivent aussi un menu détaillé de leur mission afin d’agir rapidement auprès des blessés. De son côté, le centre de répartition peut voir quels sont les intervenants, les suivre, communiquer avec eux et surveiller la situation pendant que l’urgence est en cours. Enfin, des rapports statistiques sont disponibles sur la plate-forme internet une fois l’urgence terminée.
Eliane Kan
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