Dans le cadre d’une grande consultation nationale initiée par le ministère de l’Intérieur, 23 acteurs de la sécurité de la région Aura se fédèrent. A travers de nombreux partages d’expérience, ils viennent de publier un ouvrage sur les enjeux de la sécurité intérieure.
Dans le cadre du Rapport Fauvergue / Thourot « D’un continuum de sécurité vers une sécurité globale » de 2018, le ministère de l’Intérieur a lancé une grande consultation nationale. À cet égard, une vingtaine d’acteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes se mobilisent. Après quelques mois d’enquête, ils viennent de publier un ouvrage dans lequel ils développent leur point de vue sur les enjeux de la sécurité. À terme, ce document a pour vocation d’enrichir le « Livre blanc de la sécurité intérieure » dont la parution est prévue cet été.
Une région mobilisée pour la sécurité
Sous l’impulsion de David Hornus, à la tête de Corpguard, et de Jean-Baptiste Jusot, du cabinet Convictio, cette démarche fédère des acteurs clés de la région. « À travers le prisme régional, nous voulons faire passer le message que nous avons une compétence sur notre territoire. Nous le démontrons chaque jour sur le terrain. Nous présentons nos propositions dans la contribution pour être vus et entendus », déclare Jean-Baptiste Jusot.
23 acteurs engagés
Pour cela, ce dernier a rassemblé de nombreux témoignages auprès de 23 acteurs constitués d’institutions régionales, de réseaux professionnels. Ou encore d’entreprises rhônalpines qui ont accepté de partager leurs expériences sur la situation actuelle en Auvergne-Rhône-Alpes. Après trois mois de travail, les porteurs du projet ont vu se dessiner quatre axes de réflexion.
Le privé au secours du public
Premier constat, l’État ne semble plus en mesure d’assurer le continuum de sécurité tout seul. En raison à cela, les enquêteurs citent « la réduction des effectifs de police, l’accroissement des zones d’engagement des militaires français et, enfin, la perspective de grands événements sportifs, comme la Coupe du monde de rugby 2023 ou les Jeux Olympiques de Paris 2024 ». Si le recours à des acteurs de sécurité privés se démocratise, la gestion de la sécurité intérieure nécessite une distribution judicieuse des tâches. Avec un meilleur encadrement de certains segments par les services publics.
Une redistribution des tâches
« L’État est passé du monopole à l’hégémonie, c’est-à-dire de la monopolisation publique de l’exercice de la défense et de la sécurité à la régulation, au contrôle et au partage de l’exercice de la défense et de la sécurité, via les partenariats public-privé et les régimes d’autorisation, agrément ou habilitation », souligne David Cumin, docteur en droit public et maître de conférences à l’Université Lyon 3.
Une meilleure culture de la sécurité
Autre tendance, les porteurs du projet notent l’importance grandissante de développer en France une culture de la sécurité. Et ce sujet ne concerne pas essentiellement la menace terroriste. Il faut aussi y considérer la menace cyber, dont la menace grandit. Ou encore la crise sanitaire liée au Covid-19.
Des formations prestigieuses
Pour rendre possible ce partenariat entre l’État et le privé, ses fondations doivent reposer sur des formations solides sur le renseignement et la sécurité. Dans la région AURA, elles se délivrent au sein d’établissements prestigieux comme Sciences Po Lyon, Lyon 3. Ou bien l’École nationale supérieure de police (ENSP) de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Pour les auteurs, il s’agit non seulement de former les élites de demain. Mais aussi d’élever le niveau de recrutement des agents de la sécurité privée.
Un encadrement éthique
Enfin, les auteurs rappellent l’importance d’un encadrement éthique de la sécurité privée (RSE). Ce qui passe par le respect de standards internationaux avec des garanties éthiques et de gouvernance. Ainsi que l’obtention de normes et de certifications qui font foi de la déontologie des acteurs privés.
Ségolène Kahn
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