Identifier à la volée, dans le métro par exemple, un individu grâce aux caméras de vidéosurveillance et le suivre jusqu’à son point d’arrivée, c’est encore de la science-fiction. Mais les entreprises de biométrie y travaillent avec des algorithmes de plus en plus évolués qui vont servir non seulement à identifier des personnes mais également à les suivre grâce aux caméras déjà déployées.
L’explosion du volume de données de vidéosurveillance a d’ailleurs amené Morpho, la filiale de Safran spécialisée dans les solutions biométriques, a développé un outil qui va aider les enquêteurs à trier et classifier les informations. Baptisé Morpho Vidéo Investigator, celui-ci peut traiter plusieurs centaines d’heures de vidéo en quelques heures grâce à des algorithmes d’analyse automatique de vidéos. Lesquels sont conçus pour détecter, enregistrer et classifier les éléments en mouvement contenus dans les images. « Notre plate-forme détecte et reconnaît des visages mais aussi d’autres indices comme une silhouette, des mouvements de personnes et de véhicules ainsi que des plaques d’immatriculation », fait valoir Frédéric Biarnes, directeur des produits de police judiciaire et sécurité publique chez Morpho (1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2014 dont 8% consacré à la R&D). Selon ce spécialiste, il s’agit du premier logiciel de tracking biométrique associé à des indices multifactoriels. Il devrait être commercialisé cette année avec un premier déploiement aux Etats-Unis.
« Un des grandes difficultés à laquelle se heurtent l’identification et le tracking des individus provient de la piètre qualité des images de vidéosurveillance », commente Hung Do-duy, le président de Spikenet Technology, une PME d’une quinzaine de personnes qui travaille sur le même créneau. A la différence de ses concurrents, sa technologie de reconnaissance biométrique se base non pas sur les caractéristiques faciales d’un individu, mais sur la reconnaissance de forme. Ce qui permet à Spikenet Technology d’identifier à la volée et en temps réel des personnes, des véhicules ou tout autre élément. Le suivi de cibles multiples fait d’ailleurs partie d’un projet sur quatre ans que la start-up mène avec des financements de la Direction générale de l’armement (DGA).
Eliane Kan
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