Les Franciliens retrouveraient-ils le chemin de la sérénité ? On peut l’espérer, sachant que le sentiment d’insécurité a atteint son plus bas niveau depuis 2001, selon Frédéric Péchenard, vice-président de la région Île-de-France chargé de la sécurité et de l’aide aux victimes lors de la récente présentation de l’enquête « Victimation et sentiment d’insécurité en Île-de-France ». Menée auprès de 10 500 Franciliennes et Franciliens, cette étude a été réalisée par l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France, qui l’a financée. Elle permet d’évaluer le sentiment d’insécurité et les atteintes que connaissent les Franciliens. L’occasion aussi de suivre l’évolution de la situation puisque l’étude est renouvelée tous les deux ans depuis 2001. Par ailleurs, cette enquête, qui en est à sa neuvième édition, enrichit les statistiques de la délinquance nationale enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales.
Baisse du sentiment d’insécurité
Les résultats 2017 montrent que le sentiment d’insécurité est passé de 57,5% en 2015 à 50,6% en 2017 alors qu’il s’élevait à 68,2% en 2001. Cet état d’esprit est d’ailleurs inégalement partagé. L’étude enregistre une diminution du nombre d’agressions tout venant, baissant de 8,3% en 2015 à 6% en 2017. Même tendance pour les vols de voitures et des vols à la roulotte qui connaissent leur niveau le plus faible depuis 2001.
La crainte d’être victime d’agression sexuelle en hausse
Revers de la médaille, la menace d’attentat terroriste inquiète plus de trois Franciliens sur cinq (62,6%). Par ailleurs, le sentiment d’insécurité touche moins les hommes que les femmes. Ils sont 35% à ne pas se sentir complètement en sécurité contre 64% pour les femmes. Beaucoup d’entre elles craignent d’être victimes d’agressions sexuelles, dont le nombre augmente. Le pourcentage, qui était de 0,7% en 2001, est passé à 1,4% en 2017. Les transports en commun restent également redoutés par les Franciliens, qui craignent d’y être agressés ou volés.
Paris et la Petite Couronne toujours anxiogènes
Certains territoires suscitent davantage d’anxiété. C’est le cas de Paris et sa Petite Couronne, où les vols sans violence et les vols de deux roues sont plus fréquents. C’est dans ces mêmes départements que le nombre de femmes agressées sexuellement est le plus élevé. Autres sources de préoccupation pour les acteurs publics et privés concernés : le sentiment d’insécurité qu’éprouvent les habitants de logements sociaux quand ils circulent le soir seuls dans leur quartier. A l’instar des habitants des zones plus rurales, ils ont la perception que la police y est absente.
Plus de 33 millions d’euros déjà consacrés au bouclier sécurité
A l’occasion de cette présentation, Frédéric Péchenard a dressé le bilan du bouclier de sécurité. Adopté en janvier 2016 par la région Île-de-France, ce dispositif vise à lutter contre le terrorisme grâce à la modernisation des services de sécurité, l’installation de portiques dans les lieux publics ainsi que l’ouverture de prisons et de centres de déradicalisation. Il vise également à renforcer la sécurité dans les transports et les gares en généralisant la vidéoprotection et en s’appuyant sur une seule et même police des transports. Il prévoit, en outre, d’accentuer la protection des lycées en les entourant d’une clôture de sécurité, mais aussi en misant sur une présence accrue d’agents de sécurité et sur la vidéoprotection.
10 millions d’euros dans la vidéoprotection
Dans ce contexte, depuis deux ans, 93 communes et EPCI ont bénéficié d’un soutien à l’équipement pour un peu plus de 820 000 euros. Ces financements portent sur l’acquisition, entre autres, de 163 véhicules, 415 gilets pare-balles, 372 bâtons de défense, 224 radios, 342 caméras piétons et embarquées ainsi que 17 scooters. Par ailleurs, 465 lycées publics et privés ont été sécurisés pour un budget de 23 millions d’euros. L’Île-de-France a également consacré près de 10 millions d’euros pour équiper en vidéoprotection 127 communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). Ces investissements vont se poursuivre. D’ici trois ans, l’ensemble des trains et des bus devrait embarquer des caméras de vidéoprotection.
Eliane Kan
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