Il ne lui manque plus que la parole. Ce robot monte et grimpe les escaliers et parcourt les bâtiments de manière autonome. Grâce à ses algorithmes d’intelligence artificielle embarquée, il sait différencier un animal d’un homme en fonction de sa posture.
Le châssis articulé de ce robot est inspiré de l’univers spatial. © Rovenso
Quoi de plus pénible que d’accomplir des rondes de nuit, a fortiori quand il faut évoluer sur un terrain accidenté. D’où l’intérêt de Rovéo, un drone terrestre innovant qui détient une longueur d’avance sur ses concurrents. D’abord, il est conçu pour exécuter des rondes tant à l’intérieur d’un bâtiment qu’à l’extérieur sur des sols meubles ou accidentés. Dans cette perspective, il est pourvu de quatre roues motorisées montées sur un châssis articulé hérité du design spatial. Indépendantes les unes des autres, ces roues lui permettent de monter et descendre un escalier sans difficulté. En outre, Rovéo effectue ses patrouilles 24h/24 de manière complètement autonome. Outre ses batteries au lithium, il embarque des capteurs lasers qui permettent de modéliser et cartographier les lieux de sorte à y naviguer de façon indépendante.
Détection multimodale d’anomalies
En cas d’anomalie, Rovéo saura identifier un intrus, détecter dans un stock de marchandises le paquet manquant ou encore identifier un départ de feu grâce à sa capacité à faire de la détection multimodale d’anomalie. Dans cette perspective, Rovéo est équipé de différents capteurs tels que des caméras thermiques œuvrant dans le proche infra rouge, des radars laser ainsi que d’un système d’analyse acoustique. En cas d’intrusion, il saura par exemple déterminer s’il s’agit d’un homme ou d’un animal mais aussi déterminer sa posture (couchée, debout ou en mouvement). « C’est ici que l’intelligence artificielle joue un rôle déterminant », décrit Thomas Estier, cofondateur de la startup Rovenso et ancien chercheur en robotique spatiale et tout terrain à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). « En corrélant les différentes données de ces capteurs, le robot est capable d’évaluer la réalité des anomalies détectées avant d’alerter une centrale d’alarme », indique le directeur de Rovenso. Mieux encore : « Une fois contacté par le Rovéo, l’opérateur de la centrale d’alarme verra automatiquement à l’écran l’image initiale prise par le robot avant l’intrusion ou le dégât d’eau et celle prise en temps réel. Cette comparaison l’aidera à faire sa levée de doute », rapporte le cofondateur de Rovenso.
2,3 millions de francs suisses levés
Créée en 2016 et aujourd’hui basée en Suisse romande, l’entreprise de six personnes a initialement conçu un premier robot téléopéré pour la manipulation de charges lourdes destiné, entre autres, au démantèlement des centrales nucléaires. Depuis, avec cette nouvelle version de robot patrouilleur, Rovenso lorgne les applications de surveillance et de sûreté des sites industriels. L’entreprise vient d’ailleurs de lever 2,3 millions de francs suisse afin de multiplier pendant ces deux prochaines années les projets pilotes avant de passer au stade commercial.
Eliane Kan
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