Le nouveau gant de travail : encore plus de performance et de confort

Avec les nombreuses relocalisations industrielles, les fabricants confortent leurs ventes en France où la demande s’oriente vers des gants plus protecteurs et plus agréables à porter.

Jamais sans mes gants ! À la différence de leurs aînés, les jeunes générations ne se font plus toujours prier pour protéger leurs mains lorsqu’ils sont au travail. Tant mieux d’ailleurs car les blessures aux mains sont encore particulièrement présentes dans le monde du travail. Selon le service de santé ACMS, ce type de lésions représentent un tiers des accidents du travail. Potentiellement, cela donnerait pour 2019 un chiffre d’environ 197 000 accidents du travail ! Ces projections méritent réflexion quand on sait que près de la moitié de ces accidents se soldent par des séquelles et handicaps permanents. Principaux responsables, les dangers mécaniques, chimiques, thermiques, infectieux et électriques. Autant de risques que, à l’écoute des besoins du marché, ciblent les fabricants de gants. Citons Ansell, Delta Plus, Dupont, Guide Gloves, Lebon, Rostaing, Showa ou encore Uvex.

Gant anticoupure et antistatique

« Comme pour les vêtements, le gant multirisques constitue une des grandes tendances sachant que les utilisateurs sont demandeurs d’une protection élevée mais couvrant plusieurs types de risques », rapporte David Guiho, directeur marketing de Delta Plus, un groupe de 3 000 collaborateurs. Fabricant dans ses usines en Asie, le groupe propose plus de 240 modèles de gants. Ce dernier observe également des demandes en faveur de gants anticoupures à la fois plus performants mais aussi plus confortables et suffisamment fins pour préserver la dextérité des doigts. À l’instar de sa dernière gamme Deltanocut. Ses modèles se déclinent sur différents niveaux de coupure sous l’appellation générique Venicut. Tricotés en polyuréthane, ces produits multirisques ont été développés avec le fil le plus fin du marché (jauge 18). Tactiles et anti-coupure, ils protègent aussi de la chaleur et disposent de propriétés antistatiques. De quoi intéresser les constructeurs de véhicules électriques ainsi que les fabricants de solutions électroniques qui veulent protéger leurs produits contre les décharges électrostatiques.

Confort de la fibre de bambou

Les efforts d’amélioration des fabricants de gants portent aussi sur les produits anti-coupures qui doivent être à la fois plus protecteurs et confortables. Le fabricant Uvex y répond cette année avec son gant Bamboo TwinFlex. Tactile, ce produit anticoupure normé EN 388:2016 et disponible en France depuis juin dernier offre une résistance à la coupure de niveau D. Gage de longévité et de protection, la paume et le bout des doigts sont recouverts d’une enduction en mousse aqua-polymère Xtra Grip afin d’offrir un très bon grip dans les milieux secs, légèrement humides ou huileux. En outre, ce gant destiné à la manipulation d’objet tranchants et les travaux de précision dispose d’un renfort supplémentaire dans la zone située entre le pouce et l’index . De quoi améliorer la résistance à l’abrasion.

Fibre de nylon recyclée

« À la fois fin et léger, ce gant fabriqué en jauge 18 est tricoté à l’aide d’une fibre de nylon recyclée », fait savoir Olivier Poisson, chef produit gant chez Uvex Heckel. En termes de confort, le Bamboo TwinFlex contient, comme son nom l’indique, de la fibre naturelle de bambou. Ce qui rend son toucher soyeux tout en prodiguant à l’utilisateur une sensation de fraîcheur grâce à sa capacité à absorber l’humidité. « Par ailleurs, le bambou est très bien toléré au plan dermique comme l’ont démontré les tests menés par le laboratoire proDerm », rapporte le chef de produit de l’entreprise qui produit des gants sans solvant et sans plastifiant dans son usine de Lunebourg en Allemagne. Chaque année, ce site produit 25 millions de gants avec un impact neutre en termes d’émissions de CO2.

Alliance de l’acier inoxydable et du polyéthylène haute densité

En France, du fait de la relocalisation de nombreux sites industriels, la demande du marché en faveur de gants anti-coupures est particulièrement soutenue. C’est du moins ce qu’observe Florent Desmedt, directeur commercial de Lebon Protection industrielle. Ce groupe français créé en 1973 compte près de 1 000 personnes réparties pour l’essentiel dans ses trois usines basées en Inde ainsi qu’une trentaine de personnes en France. En réponse à la demande du marché, le fabricant propose plusieurs modèles de gants anticoupures normés En 420 et EN 388 de niveau D. À commencer par le modèle Flexfit en polyamide destiné principalement aux activités de montage et d’assemblage. Proposé en jauge 18, ce gant sans couture avec élasthanne produit un effet seconde peau aux utilisateurs en leur donnant plus de confort et de dextérité dans les mains. « La résistance à la coupure est assurée par des filaments en acier inoxydable de quelques dizaines de microns ainsi par des fils en polyéthylène haute densité », explique Florent Desmedt. Enfin, concernant la résistance à l’abrasion, elle est assurée par une enduction Clean PU en polyuréthane au niveau de la paume et des extrémités des doigts.

Gant anticoupure avec doublure polaire

Avec la digitalisation des processus de fabrication dans les ateliers et les usines, de plus en plus d’utilisateurs travaillent avec des tablettes et autres écrans tactiles. Ce qui leur réclame de porter des gants tactiles. « Cette caractéristique est de plus en plus demandée par les utilisateurs », rapporte Xavier Brion, responsable des ventes et grands comptes chez Guide Gloves (60 collaborateurs environ dont trois en France). Créée en 1995, l’entreprise d’origine suédoise fait fabriquer ses gants dans les usines de ses partenaires. « Pour nous distinguer de nos concurrents nous misons sur l’innovation », fait valoir le directeur pays de Guide Gloves en présentant un nouveau gant à la fois très performant contre la coupure et résistant au froid. Baptisé HX 6610W, celui-ci est tricoté avec un fil à la fois hautement résistant et souple, associant polyéthylène haute densité, nylon et élasthanne. Normé ISO 13997, il offre une résistance à la coupure très élevée avec un niveau F. « Et ce, sans fibre de verre. Ce qui est unique sur le marché des gants de protection », tient à préciser Xavier Brion. Par ailleurs, grâce à sa doublure polaire, il protège l’utilisateur contre le froid ambiant, les courants d’air, l’humidité ou encore le contact froid de la pièce métallique. Notre gant intéresse différentes activités où il faut manipuler des métaux ou des pièces très tranchantes qui peuvent entraîner de graves coupures si l’utilisateur ne porte pas de gant anticoupure approprié.

Eliane Kan

 

 

Trois questions à Olivier Piatkowski, che de produits EPI chez EPI Center, distributeur de solutions de protection au travail.

Quelles sont les tendances en matière de gants de protection et d’hygiène de la main ?

Tout d’abord, parlons de l’hygiène d’un point de vue général. La crise sanitaire a boosté notre marché sur différentes typologies de produits. À savoir les gels et liquides hydroalcooliques, les lingettes imprégnées mais également les détergents : tous ces produits, aux normes bactéricides et virucides, étant orientés soit pour l’hygiène des mains, soit pour le nettoyage et la désinfection des surfaces et des sols. Nous considérons que ces produits ont passé le cap de la tendance et sont rentrés dans le us et coutumes au vu des différentes vagues et des différents variants. Concernant le marché des gants, il connaît toujours des pénuries sur les produits jetables (vinyle, latex, nitrile). Les gants réutilisables « chimie » EN 374, produits de substitution aux gammes jetables, sont également impactés en disponibilité et en prix. La demande étant, encore à ce jour, plus forte que l’offre. J’ajouterais à cela « l’explosion » des coûts liés au transport Asie que nous subissons, de manière exponentielle, depuis quelques mois. Cette augmentation se répercute inéluctablement sur l’ensemble des produits manufacturés ou les matières premières.

La pandémie a-t-elle suscité des innovations et comment cela se traduit-il au niveau des produits ?

J’irais au-delà en évoquant le fait que certains fabricants ne se sont pas contentés de subir la pandémie. Ils ont continué leur démarche de Recherche & Développement afin de nous proposer des nouvelles collections et des innovations. Je pense notamment au fort développement des produits éco-responsables à base de fibres recyclés (vêtements, gants, chaussures, chaussettes) : produits que vous pouvez retrouver, pour la majorité, dans nos nouveaux catalogues EPI. Center 2021. Pour les innovations à venir, il faut encore s’attendre à de belles découvertes, notamment sur la famille gants.

Avez vous des actualités « produits » chez EPI Center pour la rentrée de septembre 2021 ?

D’ici la fin de cette année, nous commercialiserons notre première collection EPIC, marque privative en EPI distribuée par nos Adhérents EPI Center. Elle intégrera des gants, du respiratoire et de l’antibruit. Des produits qui seront disponibles dans l’intégralité des magasins de notre réseau.

Propos recueillis par Elaine Kan