Pour répondre aux besoins métiers de leurs clients, les fabricants de gants rivalisent d'ingéniosité dans la réalisation de leurs tricots et de leurs assemblages.
A chaque activité, son gant ! Cette approche constitue une des tendances fortes de ce marché où les gammes, parfois très design et colorées, se déclinent en fonction du besoin métier des utilisateurs finaux. Les fabricants rivalisent même d’ingéniosité pour offrir le meilleur compromis entre un produit multifonction et un confort accru. « Le savoir-faire des fabricants porte sur la construction de gants toujours mieux adaptés aux postes de travail spécifiques, assurant une protection contre les risques souvent combinés tout en restant très fonctionnels, faciles et agréables à porter », résume Marianne Rodot, présidente de la commission gants au Syndicat national des acteurs du marché de la prévention et de la protection (Synamap). Ainsi, pour les gants comportant un tricot, les industriels développent-ils des combinaisons intelligentes de fils associant des fibres à haute ténacité (comme l’aramide et le polyéthilène haute densité) pour la résistance aux coupures et des fils de confort. « Les fabricants cherchent aussi à améliorer les techniques de tricotage en densifiant certaines parties du gant ou en ajoutant des fils élastiques sur d’autres parties », ajoute Mariane Rodot en donnant pour exemple le vanisage. Cette technique utilise dans la même maille deux fils différents de sorte que la main soit en contact avec la fibre de confort tandis que la partie extérieure du tricot apporte la résistance mécanique. « Le revêtement polymère sur le tricot apporte enfin de la durabilité, plus de protection,et éventuellement, une résistance aux produits chimiques », explique Marianne Rodot.Non contents de rivaliser d’ingéniosité, les fabricants se font aussi pédagogues. Les plus avancés proposent sur leur site Internet des guides d’utilisation afin d’aider leurs clients à bien choisir leurs gants. Cette démarche n’est pas un luxe quand on sait qu’un gant mal adapté peut être facteur d’accidents, comme le souligne la fédération européenne des services d’urgence de la main qui organise ses 8èmes rencontres fin septembre. L’occasion de rappeler que les accidents de la main constituent la première cause d’accident du travail et d’incapacité partielle. Une menace que de plus en plus d’entreprises prennent au sérieux.
Anticoupure « La demande de nos clients porte sur des gants à la fois confortables et polyvalents, c’est à dire capables de protéger les utilisateurs contre des risques croisés, car les acheteurs veulent limiter les références et rationaliser leurs achats », rapporte Damien Augendre, directeur marketing de Showa Europe, le fabricant japonais qui a inventé en 1954 le premier gant de protection en PVC. Depuis, l’industriel s’est démarqué avec, d’un côté, des gants respectant la forme anatomique de la main et, de l’autre, avec sa fameuse fibre « Hagane Coil ». Laquelle associe de l’acier inoxydable et de l’aramide pour parer aux risques mécaniques. En témoigne d’ailleurs une de ses dernières nouveautés, à savoir le gant S-Tex 376 qui offre une protection élevée contre les coupures (22.4 N d’après la norme ISO 13997 et niveau 4 d’après la norme EN388), tout en offrant confort et dextérité. « Grâce à son revêtement en nitrile, cet EPI s’adresse à tous les professionnels qui ont besoin de manipuler en toute sécurité des objets à bords tranchants en milieux humide ou huileux », recommande le directeur marketing. Notre gant intéresse notamment les opérateurs travaillant dans l’industrie du verre, l’estampillage, la construction et l’automobile ». Showa propose d’ailleurs à ses clients un programme d’essai baptisé 4 S. L’idée consiste à aider leurs salariés à définir quels seront les gants les mieux adaptés à leurs besoins.
Environnement huileux. Certaines activités méritent en effet une protection croisée. A commencer par le travail en milieu huileux. La manipulation de pièces métalliques et glissantes génère plusieurs types de risques. A commencer par les coupures, les troubles musculo-squelettiques, les dermatites dues à la pénétration de l’huile dans la peau mais aussi les blessures dues à la chute des pièces. Autant de menaces qu’écarte Honeywell Safety Product avec sa gamme Skeleton qui répond aux besoins de manipulation d’objets lourds présentant des risques élevés de coupure dans des environnements huileux ou gras. Particularité de ses gants, la présence de renforts absorbeurs de choc sur le dessus de la main pour protéger le métacarpe et les doigts.
Autre approche significative, celle de Mapa Professionnel avec sa collection « Grip&Proof ». Lancée l’an dernier, cette gamme de gants embarque une enduction au nitrile qui empêche l’huile de pénétrer dans la peau. Mieux, la technologie Grip assure à l’opérateur une excellente préhension des pièces de manière à réduire la fatigue musculaire. Cet EPI intéresse l’usinage de pièces en présence d’huile de coupe, la manipulation de tôles ou encore le tri de petites pièces coupantes. « Selon les besoins des opérateurs, les enductions au nitrile peuvent être partielles ou complète afin de répondre aux besoins des opérateurs travaillant dans l’industrie mécanique mais aussi dans la logistique », indique une représentante de Mapa Professionel. Outre les derniers nés de sa gamme « Grip&Proof », le fabricant présente cette année le gant « Temp-Ice 700 » destiné aux salariés qui travaillent à l’extérieur et à une température allant jusqu’à moins 10°C. A la fois déperlant et étanche à l’eau, il bénéficie d’une double enduction nitrile « Grip&Proof ». La première couche assure l’étanchéité du gant et la seconde facilite la bonne préhension des objets. Cet EPI intéresse les opérateurs travaillant en extérieur, dans le transport frigorifique et la maintenance de la voirie notamment.
Le travail sur la voie publique ou sur les chantiers réclame que les opérateurs soient bien visibles pour éviter les accidents. D’où l’intérêt des gants à haute visibilité « ActivArmr 97-321 » d’Ansell Healthcare et qui ont pour spécificité d’être moulés par injection. Destinés au secteur de la construction, ces EPI se caractérisent par un revêtement adhérent apposé sur un tricot dépourvu de couture pour plus de confort. Avec leur teinte orange vif qui optimise leur visibilité dans l’obscurité ou par faible luminosité, ces gants ont pour ambition de se substituer aux gants en cuir portés par les opérateurs du BTP.
Plusieurs arguments plaident en leur faveur comme ce capitonnage protecteur situé sur les zones fragiles de la main et des doigts. Les tests menés par le fabricant montrent que la résistance aux chocs du « ActivArmr 97-321 » est supérieure à celle des gants en cuir et confirment une réduction significative de la transmission des ondes de choc vers la main. Cette technique exclusive de moulage par injection permet d’apposer un matériau plus élastique sur les pièces capitonnées afin d’éviter l’écrasement des doigts et les ecchymoses. Qui plus est, grâce à sa surface adhérente, le gant préserve la productivité des opérateurs tout en limitant les risques de blessures pouvant survenir en cas de glissement des outils. Notons que la gamme « ActivArmr » comprend des solutions de protection mécanique spécialisées pour les électriciens, maçons et menuisiers, entre autres corps de métier.
Renforts cuir sur zones d’usure. Dans ce contexte, le cuir n’a pas dit son dernier mot comme en témoigne le fabricant Rostaing qui réunit 350 employés dans le monde. L’entreprise familiale créée en 1789 lance sur le marché un modèle innovant baptisé « Blacktop ». Il s’agit d’un gant tricoté en fibres Zirnium (combinaison de fibres à base d’inox) et polyéthylène haute densité qui est recouvert d’une couche de polyuréthane pour préserver la dextérité et l’étanchéité des mains. Particularité, sur les zones d’usure prématurées, notamment entre le pouce et l’index, sont positionnées des pièces de renfort en cuir qui permettent de garder un maximum de souplesse et de confort. « Grâce à ces renforts, nous prolongeons la durée de vie du gant de 40% à 50% », fait valoir Stéphane Rostaing, le dirigeant. Ce gant vise les opérations de manipulations et de manutentions de pièces coupantes ou abrasives. Ses performances élevées (EN 388 : 4 (abrasion/4) – 5 (coupure/5) – 4 (déchirure/4) – 2 (perforation/4) ISO 13997 : 33,4 Newton) devraient séduire le secteur de la tôlerie, verrerie, plasturgie et maintenance.
Si ce gant répond à la majorité des besoins métiers, il peut être personnalisé. « Dans ce cas, nos commerciaux peuvent réaliser une analyse en amont afin d’adapter les renforts aux zones les plus sollicitées », indique le dirigeant. Ce dernier a travaillé avec son équipe sur une nouvelle matière douce et résistante à l’abrasion, la déchirure, les projections de métal, etc. Baptisée « Skinsoft », cette nouvelle matière a l’aspect de la croûte de cuir mais sans les inconvénients. Outre les difficultés d’approvisionnement et la hausse de son prix, le cuir est confronté à une nouvelle réglementation qui pourrait intervenir en 2015. Laquelle prévoit d’interdire les cuirs intégrant plus de 3 mg/kg de Chrome VI. Une limite anticipée bien sûr par Rostaing qui n’a pas l’intention pour autant d’abandonner cette matière noble. L’entreprise a prévu de lancer des gants en cuir conducteur en direction des forces de police. Grâce à quoi, les agents pourront utiliser leur écran tactile tout en restant gantés.
Eliane Kan
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