A l’heure où Solar Impulse 2, l’avion solaire habité vient de réussir la traversée de l’océan Pacifique, la start-up toulousaine Sunbirds s’apprête à faire décoller son activité de production de drones solaires. D’un empennage (envergure) de 3 m et d’une longueur de 1,3 m pour un poids moyen de 3 kg, son 4ème prototype opérationnel, après 4 ans de R&D, s’apprête, d’ici à la fin de l’année, à procéder à des démonstrations devant des prospects du monde entier. Une première mondiale.
Créée début juillet 2015 par Laurent Rivière, l’actuel président qui a travaillé 6 ans chez EADS, Marc Blazy, qui affiche 20 ans d’expérience chez Thales et Bénoni Martin, ancien chef de projet et auditeur financier (Accenture, Société Générale), Sunbirds vise avant tout les marchés des pays fortement ensoleillés (Amérique latine, Afrique). « Nous avons aussi des prospects en Europe et en France. Mais, chez nous, l’habilitation S4 de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) impose aux drones de peser moins de 2 kg pour avoir le droit de voler hors de portée de vue. Or le poids de notre SB4 commence à 2,5 kg, explique Bénoni Martin, le directeur général. A l’étranger, il n’y a pas ce genre de réglementation. »
Point fort du S4, il se positionne sur un marché peu encombré : « Dans le monde, on compte au moins 2.000 fabricants de drones qu’il s’agisse d’ailes volantes ou d’engins multi-rotors. Bref, la concurrence est rude ! De plus, l’autonomie de ces drones est très limitée, ajoute Bénoni Martin. Tandis que, de notre côté, nous proposons du vol solaire d’endurance durant au moins 8 heures, à la vitesse de 30 km/h avec une résistance au vent contraire allant jusqu’à 40 km/h. »
La start-up doit ces performances à des technologies de semi-conducteurs dopés à l’arséniure de gallium (AsGa) brevetées par un prestigieux centre de recherche grenoblois. Résultat, « les cellules photovoltaïques offrent un rendement inédit de 30% à 50%. Associés à une batterie Lithium-polymères d’une autonomie de secours allant jusqu’à 3 heures, l’autonomie globale dépasse donc les 8 heures, reprend Bénoni Martin qui entrevoit de fabriquer 5 à 6 machines d’ici à la fin de l’année. Selon les capteurs (capteurs photo / vidéo 4K,
multispectraux, hyperspectraux, de vision nocturne et diurne), les SB4 coûteront entre 50.000 euros et 100.00 euros. « Nous espérons procéder à une levée de fond de 1 à 3 millions d’euros d’ici à la fin de l’année. »
Quant aux marchés d’application, ils concernent avant tout la sécurité. « Notamment pour la surveillance d’entrepôts. Silencieux, les SB4 offrent une précision au sol de 2 cm. Surtout, ils peuvent voir ce que ne voient pas les caméras fixes de vidéosurveillance. Comme cela vient d’être le cas avec le vol d’explosifs au dépôt du Service inter-armées des munitions (SIMU) à Miramas (13), poursuit Bénoni Martin. Aujourd’hui, le SB4 peut voler silencieusement la nuit pendant 3 heures. Mais notre prochaine version offrira un vol permanent. »
Erick Haehnsen
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