Quel est l’objet de la Biometrics Alliance Initiative ?
André Delaforge – « Les utilisateurs de la biométrie, unanimes, font le même constat : il est très difficile d’évaluer les technologies biométriques, notamment du fait de l’absence de processus de certification reconnu. Or, le développement des usages de la biométrie passe par plus de visibilité sur les performances en situation réelle, les niveaux de sécurité proposés ou l’utilisabilité. Il existe déjà des standards permettant d’assurer l’interopérabilité de systèmes biométriques (notamment dans le cadre d’applications gouvernementales), mais la généralisation à des usages transactionnels ou au sein des entreprises passe par la mise en place de référentiels appropriés, pour l’instant inexistants ou faiblement développés. La création de la Biometrics Alliance Initiative répond à ces besoins en cherchant à caractériser les technologies biométriques. Son objectif est donc de définir un processus de tests, de certification et d’habilitation permettant de garantir un niveau de sécurité, de performance et d’utilisabilité en adéquation avec les besoins et normes internationales (par exemple bancaires), ainsi que les procédures de test qui en découlent. »
APS – Selon vous, de quoi dépend le développement de la biométrie en France ?
André Delaforge – « Le développement de la biométrie, et ce n’est pas une spécificité française, est lié à la capacité de conjuguer des exigences : de protection des données personnelles, de visibilité sur les technologies biométriques (performances, interoperéabilité, sécurité), mais aussi sur le plan économique avec le développement de modèles permettant de valoriser l’enrôlement ou de financer le déploiement de lecteurs biométriques. Les technologies permettant de conjuguer ces exigences existent. Des initiatives comme la Biometrics Alliance Initiative ou le programme européen Beat se sont fixés pour ambition de répondre aux besoins de caractérisation des technologies biométriques. Au-delà de la technologie, le développement de l’utilisation de la biométrie passe aussi par le développement de nouveaux modèles économiques, permettant notamment de créer de la valeur pour ceux qui vont enrôler les utilisateurs (par exemple, une banque). La biométrie permet de répondre à des problématiques internes des émetteurs (sécurisation des retraits sur automates bancaires, nouveaux services proposés dans le cadre de la banque à domicile…). Une récente étude menée par l’Ifop pour Wincor–Nixdorf montre que 69 % des utilisateurs sont prêts à remplacer le code de la carte par de la biométrie pour retirer de l’argent. Les émetteurs vont également pouvoir proposer de nouveaux modes de paiement reposant sur une authentification systématique du porteur, que cela soit chez un commerçant ou sur Internet. »
Comment promouvoir la biométrie en l’absence d’une appréciation objective de ses possibilités ? L’organisme Biometrics Alliance Initiative tente de répondre à cette question en travaillant à l’établissement d’une certification. Son président, André Delaforge, nous en explique les enjeux.
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