Interviews croisées de trois spécialistes : Yves Ackermann, HID, Directeur des ventes Europe de l’Ouest, Christophe Chambelin, Siemens Building Technologies, Chef de marché Contrôle d’Accès et Emmanuel Figueiredo, Directeur technique Nedap France.
Info.expoprotection.com : Existe-t-il un dénominateur commun permettant de décrire le marché des offreurs de contrôle d’accès ?
Yves Ackermann : « C’est un marché qui est constitué d’intervenants aux activités variées et dont les chiffres d’affaires sont difficiles à comparer. Le nombre de portes est, semble-t-il, le moyen le plus simple pour tenter une description de ce marché. Pourquoi ? Parce que les projets sont très hétérogènes. Les spécialistes des petites installations, à l’activité très intensive, côtoient les spécialistes en grosses installations, dont l’activité totalise une dizaine de projets par an. Le nombre de portes est une valeur qui permet d’offrir une perception rationnelle de ce marché très dense. Il existe en gros 3 types de sociétés qui présentent des profils très différents suivant les installations à mettre en œuvre : les spécialistes des systèmes de moins de 8 portes, les spécialistes des moyens systèmes (8 à 32 ou 64 portes) et les spécialistes des grosses installations, 64 portes et bien au-delà. »
Info.expoprotection.com : Quelles sont les tendances des systèmes installés ?
Yves Ackermann : « On peut citer l’orientation des grands comptes vers des technologies plus sécurisées, suite aux différentes tentatives de crackage des systèmes. La convergence de l’accès physique et de l’accès logique est une tendance croissante. En parallèle, l’intégration de fonctions annexes (gestion d’équipements bureautiques, compatibilité avec un annuaire électronique, etc.) élargit les champs d’exploitation. »
Christophe Chambelin : « Le contrôle d’accès est de plus en plus intégré dans un projet global de sûreté avec intégration dans le domaine informatique (même si le tout IP n’est pas un recours systématique). En contrepartie, la partie contrôle d’accès est de plus en plus difficile à différencier, car un nombre croissant de centrales anti-intrusion englobant des fonctionnalités de contrôle d’accès dans leur offre. Nous nous posons cette question, difficile à résoudre : comment identifier la quote-part de lecteurs de badges dans les systèmes d’intrusion ? C’est le signe d’un marché qui se redessine sous le coup d’évolutions rapides : tous les produits détection d’intrusion qui apparaissent sont compatibles avec des lecteurs de badge. »
Info.expoprotection.com : Quel est le taux d’équipement des différents segments de marché ?
Christophe Chambelin : « Le marché des banques, équipé à 100 %, est en renouvellement et évolue vers des solutions IP (en remplacement du protocole X25). Les grandes entreprises et infrastructures critiques de type Seveso sont équipées à 80 %. Dans ce secteur, la sécurité est partagée entre surveillance humaine et sécurité électronique. Ce marché est en phase de renouvellement partiel, notamment de petits matériels. On observe aussi un besoin de supervision, lié à l’interopérabilité des systèmes. Les PM enfin sont équipées à 50 % en intrusion et 35 % en contrôle d’accès, environ. Il reste donc un large potentiel à exploiter. Les PME et grandes surfaces « à risques » sont en revanche équipées à presque 100 %. C’est aussi un marché de renouvellement et qui a des besoins de supervision. Notons au passage que, dans beaucoup d’entreprises, la partie intrusion domine largement la partie contrôle d’accès. Pourtant, à 80 %, les actes de malveillance viennent de l’intérieur de l’entreprise… le contrôle d’accès a donc un potentiel d’exploitation énorme en regard de l’intrusion, qui ne couvre en fin de compte que 20 % des actes de malveillance. Concernant les marchés publics, les taux d’équipements sont très disparates. L’équipement est très faible dans les hôpitaux, universités et tribunaux. Il est fort dans les ports, aéroports et musées. En résidentiel, le taux d’équipement constaté en 2008 est d’environ 8%, ce chiffre étant davantage associé à l’intrusion qu’au contrôle d’accès. C’est un marché passif, mais porteur par le volume. »
Info.expoprotection.com : Pour quelles raisons les interfaces de supervision représentent-elles un enjeu croissant ?
Emmanuel Figueiredo : « Le raison première, c’est la technicité. Un utilisateur ne peut pas s’impliquer totalement dans le détail de chaque application, les installations sont devenues trop complexes. Difficile, le cas échéant, de maîtriser à la fois l’IHM (interface homme-machine) du contrôle d’accès, la programmation d’un système d’intrusion, etc. La supervision gomme les aspects techniques de l’exploitation en fournissant une seule interface, synthétique et beaucoup plus simple, car majoritairement graphique. »
Christophe Chambelin : « Les solutions développées en supervision ont pour objectif de faciliter les actions de l’opérateur, de manière à alléger son bagage de compétences. En effet, 80% des opérateurs intervenant sur un site sont des prestataires extérieurs. Ces professionnels constituent une population mouvante qui doit se rendre très rapidement opérationnelle. Un opérateur qui a été formé à un système donné doit pouvoir être performant sur un autre système au bout de quelques heures. On comprend l’intérêt d’une exploitation simplifiée, ergonomique et conviviale, via une IHM unique pour la sûreté. »
Info.expoprotection.com : Quelles lignes de développement se dessinent aujourd’hui pour le contrôle d’accès ?
Yves Ackermann : « Le contrôle d’accès est aujourd’hui un système mature qui n’est plus isolé et se présente comme un vecteur déterminant de l’information, un médiateur de la convergence des systèmes. Globalement, l’avenir se joue en direction de la simplicité, de la standardisation, de l’optimisation des tâches, du déploiement des systèmes de contrôle d’accès au-delà de la sécurité, au niveau du traitement des informations et d’autres fonctions. Après avoir cherché longtemps à tout standardiser autour d’une technologie de badges, on exploite la possibilité de développer des systèmes avec des technologies hétérogènes, l’information transitant par le contrôle d’accès, en lien avec les autres systèmes. »
Contrôle d’accès : quelques chiffres
> Chiffres d’affaires 2008 : 880 M€.*
> Nombre total d’accès installés : 190 000 à l’année.
> Répartition selon les marchés :
– Résidentiel : 18 %.
– Tertiaire : 47 %
– Industrie : 35 %.
* Source : Siemens Building Technologies
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