Dans des bâtiments de plusieurs milliers d'occupants, les responsables sécurité doivent non seulement protéger les biens et les personnes mais aussi s'assurer de la bonne accessibilité des salariés à leur bureau.
Economies budgétaires obligent, de plus en plus d’entreprises font le choix de rassembler leurs salariés sur un site central. En témoignent, le nouveau siège social de Sogetti qui abrite ses 3 000 experts tandis que celui de SFR accueillera, en 2013 ses 8 000 salariés. Pour gérer de tels flux sans craindre les bouchons à l’entrée des portillons, il est indispensable de se préoccuper non seulement de la sécurité du bâtiment mais aussi de l’accessibilité des salariés à leur open-space ou à leur bureau.
Le choix de l’identifiant participe d’ailleurs à la bonne fluidité des accès. « 90% des demandes se font en faveur des badges RFID », observe Pascal Lenglart, P-dg d’Alcea, spécialiste en sécurité du bâtiment. Principales perdantes, les cartes magnétiques ont des temps de traitement plus longs car il faut les glisser dans la fente des lecteurs. Contrairement à l’identification par puce électronique. La lecture des cartes se fait sans contact et le temps de réponse est quasiment instantanée pour les meilleurs modèles. Comme l’illustre « Gamme Blanche » du fabricant français CDVI qui se distingue par son design très soigné. « Surtout, ce modèle sait lire plusieurs protocoles de cartes différents », fait valoir Stéphane Commaille, chef des ventes en Ile-de-France.
Lecture à 70 cm
Positionnés sur un secteur qui croit de 3 à 4 % par an, les fournisseurs de contrôle d’accès rivalisent avec des modèles sachant lire à la volée plusieurs badges ou avec des distances de lecture plus longue, ce qui évite de créer un bouchon le temps de retrouver son identifiant dans le fond de son sac. « Certains lecteurs RFIDsavent lire des badges jusqu’à 70 centimètres de distance, souligne Eric Ruty, directeur de Bodet Software, éditeur du logiciel Kelio Security, un logiciel de contrôle d’accès et de supervision qui permet, entre autres, de paramétrer des droits d’accès, de modéliser les bâtiments à sécuriser tout en sachant gérer les visiteurs. Une fois passée l’entrée principale, le nouvel arrivant a toutes les chances de se heurter à des portes intérieures équipées de lecteurs de cartes RFID. Comme ses confrères, Pascal Lenglart rencontre une forte demande en faveur de lecteurs de porte connectés en mode Wi-Fi au contrôle d’accès.
SFR automatise la personnalisation de ses accès
Le futur site de SFR réunira 8 000 collaborateurs sur un seul lieu.
La conception de son contrôle d’accès bénéficie de l’expertise de l’opérateur dans ce domaine.
Avec ses 10 000 salariés répartis sur 28 sites tertiaires, techniques et mixtes, SFR a mis en place un contrôle d’accès qui concilie sécurité et fluidité des accès. A chaque nouvelle embauche, les services généraux et la sûreté reçoivent automatiquement un e-mail du service des ressources humaines (RH) qui leur demande d’établir un badge. « La création du profil de l’employé se fait à l’aide d’un système informatique spécifique qui est interfacé avec l’annuaire RH du groupe », explique Pascal Chayoux, responsable sûreté et support aux opérations chez SFR, qui phosphore aujourd’hui sur la sécurité du futur site qui réunira 8 000 collaborateurs. La conception du contrôle d’accès sera menée de concert avec la direction des ressources humaines et les responsables des services généraux. Cette méthode permet notamment de calculer les équipements requis en fonction des plages horaires définies par la DRH. Enfin, les accès seront gérés par le système d’hypervision, qui permet déjà à SFR de prendre la main sur l’ensemble des systèmes d’accès et de connaître toutes les remontées d’incidents (panne électrique, alerte intrusion, organe défaillant, etc.). Toutes les alertes techniques sont communiquées à une entreprise en charge de l’entretien et de la maintenance des équipements.
« Nous faisons appel à une entreprise qui gère la maintenance préventive de nos équipements et qui s’est engagée à intervenir et à réparer les pannes dans des laps de temps fixés par contrat. » De quoi réduire l’attente aux portillons.
© Eliane Kan / Agence TCA
700 cylindres électroniques
Cette pratique se généralise car il est plus difficile d’imprimer une carte d’identification électronique que de dupliquer une clé perdue. Cette solution a d’ailleurs les faveurs des grands comptes, comme le confie Philippe Bezard, cogérant de BT Security, spécialisée dans les serrures biométriques et serrures à cartes RFID. L’entreprise, qui vend ses produits sur Internet, a livré cette année 700 cylindres électroniques avec leurs batteries et leurs lecteurs de cartes RFID à une société dont le siège social abrite 3800 salariés. « Chaque lecteur de porte communique par un réseau sans fil avec la base de données centrale qui délivre, ou non, les autorisations d’accès aux salariés », explique le P-dg. Ce système permet non seulement de tracer les allers et venues mais aussi d’interdire tout ou partie des bureaux selon certaines plages horaires ou durant les week-ends.
Reconnaissance de plaques et contrôle dimensionnel chez Sogaris
Pour éviter de créer des bouchons sur l’autoroute, cet opérateur logistique déploie un contrôle d’accès innovant.
Pour éviter les vols de remorques et limiter les stationnements abusifs sur son site, Sogaris, opérateur de plate-forme logistique situé à Rungis, a décidé de sortir la grande artillerie. Ce dernier déploie un contrôle d’accès basé sur de la reconnaissance de plaques d’immatriculation et le contrôle dimensionnel du véhicule par laser. Une première mondiale sur un site multi-entreprise. Le principe est simple. « A l’entrée du site, des caméras lisent la plaque d’immatriculation de chaque véhicule tandis qu’un laser en saisit les contours », explique Olivier Renaud, directeur technique et sécurité de Sogaris.
L’opérateur délègue aux entreprises installées sur son site le soin d’enregistrer leurs propres véhicules et ceux de leurs visiteurs dans sa base de données gérant les accès. Lorsque les véhicules ne sont pas reconnus par le système, leur conducteur est invité, comme sur un parking payant, à retirer un ticket qu’il lui suffira de faire valider par son hôte pour ne pas avoir à payer son stationnement.
« Nous avons décidé d’effectuer un contrôle non pas à l’entrée du site
mais en sortie, de manière à éviter de créer des bouchons sur l’A86 qui borde notre site, », poursuite le directeur sécurité. Au moment de quitter la plate-forme logistique, les véhicules subissent, aux barrières de sécurité, un nouveau contrôle de plaque et de balayage laser. Ce double filtrage vise d’abord à empêcher le vol de marchandises sachant qu’un tracteur qui repart avec une remorque sera immédiatement identifié par comparaison des données d’entrée et de sortie.
© Eliane Kan / Agence TCA
Interfaçage avec l’annuaire
Un jeu d’enfant pour les fournisseurs de solutions de contrôle d’accès qui sont interfacés avec l’annuaire de l’entreprise. A commencer par le logiciel Alcéa baptisé « Alwin » développé sous Windows. Point fort, il se couple de manière native aux différentes composantes sécurité (contrôle d’accès, gestion des clés, anti-intrusion et vidéosurveillance). « Avec notre logiciel, le salarié qui prend une clé sans la remplacer se voit bloquer la porte de sortie, cela permet de mettre de l’huile dans l’organisation sans faire perdre du temps au plus grand nombre », fait valoir Pascal Lenglart.
Autre exemple d’offre avancée, le logiciel Iperflex lancé fin 2010 par Vinci, qui a pour clients, entre autres, Areva, BNP Paribas, CEA ou encore Eurocopter.
« Nous avons amélioré les règles d’attribution automatiques, ce qui simplifie le travail de nos clients », souligne Laurent Rouyer, responsable produit et marketing d’Evolynx, la ligne de produits de sécurité électronique de Vinci. Dernier en date, son logiciel Iperflex, un système fullweb et multitache qui gère toutes les technologies d’identification (carte à puce, proximité, biométrie, longue distance) grâce à une bibliothèque de lecteurs.
Badge versus biométrie
L’idée de troquer des badges contre du contrôle biométrique commence à faire son chemin dans les entreprises et les administrations. L’une d’elle a d’ailleurs équipé son bâtiment abritant 4 500 personnes de plus d’une trentaine de lecteurs de contour de main. Le principe consiste, en gros, à enregistrer la longueur, la largeur et l’épaisseur des doigts dans le lecteur biométrique.
« L’intérêt est de simplifier la gestion des badges sachant que
2 % des personnes oublient chaque matin leur badge », explique Pascal Lentes, gérant de la société Abiova, spécialisée dans la biométrie.
Rappelons que ce mode d’identification est très encadré par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), qui limite ses autorisations à trois technologies : le contour de main, la reconnaissance des veines du doigt et les empreintes digitales. Ces deux dernières ne peuvent gérer que le contrôle d’accès alors que le contour de main peut aussi servir à la gestion des temps et le paiement de la cantine. Autre frein imposé aux empreintes digitales, elles doivent être stockées (sauf autorisation spécifique) sur un badge. « En revanche, cette technologie admet un nombre illimité d’utilisateurs, contre 32 000 pour le contour de main et 1 000 pour le lecteur de reconnaissance veineuse », souligne Pascal Lentes qui estime que la tendance est de mixer les technologies : la clé pour accéder aux bureaux, le badge pour se rendre au parking et la biométrie pour protéger certaines zones sensibles dans le bâtiment.
© Eliane Kan / Agence TCA
Approche ergonomique
Comme ses concurrents, Siemens s’efforce de rendre plus ergonomique les fonctionnalités de ces logiciels. Sa solution « Sipass Integrated » équipe, entre autres, plusieurs milliers de portes intérieures chez Total. « Surtout, comme notre logiciel est relié à l’annuaire de l’entreprise, il sait automatiquement activer les droits des nouveaux entrants et supprimer les droits des sortants », explique Frédéric Loones, directeur des opérations chez Siemens Security Product. Lequel propose une version plus « légère », en l’occurence Sipass Entro, dédiée aux plus petites installations (jusqu’à une centaine de portes). « Nos logiciels sont conçus pour que le responsable sécurité puisse modifier les fonctionnalités en fonction des besoins de l’entreprise et ce, de manière graphique et intuitive », poursuit le directeur.
Faciliter l’accessibilité des personnes handicapées
Selon la loi Handicap du 11 février 2005, les ERP (établissements recevant
du public) ont jusqu’au 1 janvier 2015 pour adapter l’ensemble des accès
aux personnes à mobilité réduite (PMR) affectées par un handicap moteur.
« Pour les personnes affectées d’un trouble cognitif, le bâtiment doit être
équipé d’une signalétique visuelle et sonore pour indiquer si la porte est
ouverte ou fermée », recommande Jean-Marc Fabre, gérant de Bien
Consommer, une société spécialisée dans le contrôle d’accès d’habitation
et tertiaire.
Par ailleurs, l’arrêté du 1 août 2006 – Art 4 – stipule que la hauteur du lecteur
ou de tout autre dispositif de commande soit située à une hauteur comprise
entre 0,90 m et 1,30 m. Enfin, si le dispositif se trouve placé dans un angle,
il doit être accessible à une personne en fauteuil roulant.
© Eliane Kan / Agence TCA
Penser aux obstacles physiques
Pour gérer de manière fluide les accès, il ne suffit pas que l’automate et le lecteur de badge soient réactif. « Il faut aussi que les obstacles physiques tels que les portillons, sas et autres barrières physiques s’actionnent de manière rapides et qu’ils soient en nombre suffisant pour traiter les flux pendant les pics d’activité », conseille Laurent Rouyer. « Il faut faire une étude pour hiérarchiser les niveaux de sécurité des zones d’accès et bien choisir les obstacles mécaniques, sachant qu’il faut compter en moyenne une demi-seconde pour que l’électronique réagisse à la lecture d’un badge ou d’un code et deux secondes pour passer la barrière. »
Contrôler ses accès de manière fluide n’intéresse pas seulement les grands comptes. Cette question est aussi importante pour les PME, voire même les TPE. Des offres existent notamment chez Legrand qui propose une offre de lecteurs sans contact fonctionnant de manière autonome ou en réseau pour des installations allant de 2 à 600 personnes. Grâce à ses lecteurs qui peuvent être actionnés à distance, les entreprises peuvent ouvrir et fermer des portes d’entrée, voire même des portes de salles de réunion. Ce qui participe encore à la fluidité des accès.
© Eliane Kan / Agence TCA
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