Depuis des années, la prévention du ruissellement pluvial est largement ignorée par les politiques d’aménagement du territoire. Un comble alors que des solutions existent. Le Centre européen de prévention du risque d’inondation (Cepri) publie un guide afin d’anticiper ce risque.
Depuis 1982, près de 72% des communes françaises ont connu au moins une inondation par ruissellement ou coulée de boue (parfois les deux). Or, très souvent, les dégâts sont colossaux. Comme dans le bassin parisien, en juillet 2001 : le seul ruissellement a engrangé un coût pharaonique de 43 millions d’euros. Pourtant, la documentation sur le sujet reste désespérément pauvre, alors que la maîtrise du phénomène est possible. Afin de changer la donne, le Centre européen de prévention du risque d’inondation (Cepri) lance un guide intitulé Gestion des inondations par ruissellement pluvial. Objectif : promouvoir la prévention des crises hydrologiques liées au ruissellement pluvial en se basant sur des initiatives en avance sur leur temps. « Il n’est pas possible de supprimer totalement le ruissellement, mais nous pouvons faire en sorte de maintenir une capacité d’infiltration suffisante de l’eau dans le sol lors des différents aménagements de territoires ruraux et urbains », souligne Violette Gallet, chargée de mission au Cepri.
Maîtrise des écoulements. Concrètement, l’ouvrage se destine aux élus, aménageurs et techniciens qui ont trop souvent privilégié la logique dite du ‘’tout-tuyau’’. Laquelle consiste à collecter les eaux usées après utilisation puis à les rejeter dans une station d’épuration. Récupérée en aval, via des canalisation enterrée ou des bassins étanches, l’eau ruisselle et risque, à tout moment, de provoquer une catastrophe. « Aujourd’hui le tout-tuyau n’est plus souhaitable, reprend l’experte du Cepri. Une prise de conscience a eu lieu dans l’hexagone. Notamment sous la pression d’évolutions réglementaires liées à des sujets connexes comme la qualité de l’eau. » À l’instar des lois comme « Grenelle I » et « Grenelle II » qui favorisent la rétention du liquide à la source, diminuant du coup les ruissellements. « Pour ce qui ne peut être infiltré, l’idée est de pouvoir restituer l’eau au milieu récepteur à un débit limité. »
Connaissance du terrain. En plus de diffuser des techniques de pointe, le guide promeut les stratégies organisationnelles les plus payantes. « Un point clé, c’est la coordination entre les services responsables de la gestion des eaux pluviales et ceux qui sont liée aux inondations », assure Violette Gallet. Certaines collectivités sont d’ailleurs en avance sur ce sujet. À l’instar, par exemple, de la ville d’Antibes (06), une commune de la région PACA qui connaît des pluies particulièrement intenses. La collectivité a pris des mesures concrètes pour gérer le ruissellement. « Le service de gestion des eaux pluviales et le service de gestion des inondations sont un seul et même service. Cela en dit beaucoup !, explique l’experte. Ils se sont doté de leur propre système de prévision pluviométrique. Du coup, le comportement de l’eau sur le territoire de la commune est parfaitement connu. » En outre, toutes les mesures de crise sont réunies au sein du Plan communal de sauvegarde (PCS) de la ville. Résultat, lorsque d’importants orages surviennent, la commune ne subit presque plus de dégâts matériels.
Guillaume Pierre
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