Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Le CEA mobilise sa matière grise pour contrer les attaques terroristes

L'organisme de recherche est maître d'œuvre d'un programme de recherche sur la sécurité globale qui consiste, notamment, à développer des technologies de détection, d'identification et de diagnostic pour faire face à la menace NRBC-E (nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosif).

Savoir détecter et identifier au plus tôt la présence d’agents pathogènes, d’explosifs, de toxiques chimiques ou de matières radiologiques est vital en cas d’attaque terroriste. Un risque que la France a pris très au sérieux en confiant au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) la direction d’un programme de recherche contre les menaces NRBC-E. Depuis 2005, plusieurs dizaines de projets ont ainsi été lancés, conduisant à la réalisation de nombreux démonstrateurs technologiques et au dépôt de plus d’une centaine de brevets dans les domaines de la détection, de l’identification et du diagnostic de menaces NRBC-E (Nucléaire, radiologique, biologique, chimique et explosifs).

Parmi les dernières innovations en date, citons Biodosi, le biocollecteur destiné au prélèvement d’aérosols dans l’air ambiant. « Il s’agit d’un système portable à la ceinture, doté d’une autonomie de 8 heures qui est destiné à la collecte de particules allant de 5 nanomètres à 5 microns », explique Laurent Olmedo, directeur du programme Sécurité globale au CEA. « Biodosi constitue une vraie rupture technologique car les militaires et personnels en charge des secours ou du maintien de l’ordre pourront être informés du niveau d’exposition auxquels ils sont soumis. »

Les applications de ce biocollecteur sont multiples. Outre la lutte contre les menaces NRBC-E, il intéresse aussi l’environnement ou la santé au travail. Il s’agit plus précisément de l’évaluation du taux d’exposition des salariés aux nanoparticules et particules fines ou encore du contrôle de l’efficacité de la filtration de l’air. Des applications grand public pourraient aussi être envisagées dans le cas d’épisode de pollution aux particules fines par exemple. Le CEA a d’ailleurs signé avec Bertin Technologies un accord de collaboration et une cession de licence sur cette technologie. « La commercialisation d’un premier dispositif est prévue pour le courant de l’année 2015 », indique le directeur du programme.

Diagnostiquer l’Ebola. En mobilisant l’ensemble des compétences scientifiques disponibles au sein des laboratoires du CEA, une dizaine de transferts de technologie NRBC-E ont d’ores et déjà été réalisés avec des PME françaises. Dernier en date, celui noué avec le leader européen de tests rapides en bandelette. Il s’agit en l’occurrence du français Vedalab basé à Alençon et qui aura pour mission d’industrialiser un procédé de diagnostic rapide du virus Ebola, Ezyscreen. Un quart d’heure suffit pour délivrer un résultat contre plusieurs heures pour les technologies concurrentes. De quoi, non seulement répondre aux besoins des pays touchés par l’épidémie, mais aussi se prémunir d’éventuelles attaques terroristes. « Nous sommes dans la phase d’engager des tests cliniques », précise Laurent Olmedo. Si les tests s’avèrent concluants, la commercialisation de ce test rapide pourrait démarrer au premier semestre 2015.

Portique de détection. En-dehors des recherches en biologie, le programme de R&D développe également des technologies de détection et d’identification des matières nucléaires/radiologiques (N/R) ou explosives. En matière de menace N/R, le CEA a co-développé avec le Français Saphymo une nouvelle technologie de détecteurs neutrons que la PME a intégré dans une nouvelle génération de portique appelé Saphygate GN. Ce portique est dédié à la détection en temps réel et à la volée de matières nucléaires… Dans le domaine des explosifs, le CEA a développé le système de détection portable T-Rex pour repérer les traces d’explosifs sous forme de vapeur. Une minute suffit à identifier la présence de TNT à l’aide de ce dispositif déjà testé par des services de police européens. « Nous sommes en discussion pour opérer le transfert de notre savoir-faire », confie Laurent Olmedo. L’organisme de recherche ne se focalise pas uniquement sur le développement de technologies innovantes. Le CEA s’intéresse aussi à leur intégration à des systèmes de sécurité existants, sachant que les doctrines de gestion des alertes peuvent évoluer d’un pays à l’autre. « Ce qui nous amène à rendre simples d’emploi et interopérables nos technologies de sorte qu’elles ne remettent pas en cause les procédures d’alertes en vigueur. » 

Eliane Kan

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