Optimisation du poids et du design aidant, cet EPI accueille de plus en plus d'accessoires afin de mieux protéger le crâne mais aussi les oreilles, les yeux et le visage des utilisateurs. Demain, il est fort probable que les nouvelles générations embarqueront des étiquettes électroniques afin d'automatiser les contrôles ou vérifier les droits des opérateurs sur le chantier.
En matière d’accidents du travail, les blessures de la tête ne sont pas particulièrement fréquentes. Tous secteurs confondus, en 2015, elles représentaient 7 % des lésions. En revanche, ces blessures peuvent être mortelles puisqu’elles ont donné lieu à 46 décès dont 6 dans l’industrie de la métallurgie, idem dans le transport et 18 dans le bâtiment et les travaux publics. Ce dernier secteur paie d’ailleurs le plus lourd tribu. On comprend pourquoi le port de casque est obligatoire sur les chantiers et dans les usines. Cet équipement de protection individuelle (EPI) protège la partie supérieure du crâne principalement contre les risques de choc et de perforation provoqués par des risques de chute d’objets, des heurts contre des objets fixes ou par la chute de la personne elle-même. Le casque permet aussi de se prémunir non seulement contre les risques électriques mais aussi contre les projections de métaux en fusion, de liquides chauds ou corrosifs.
Résistance à 1.000 V
Une application à laquelle répond l’un des derniers casques de 3M. En l’occurrence, le G3501 qui est conçu pour accueillir différents systèmes de protection des yeux, visage et oreilles. Fabriqué en nylon renforcé de la fibre de verre, le G3501 ne pèse en lui-même que 311 grammes (hors accessoire) et supporte de très fortes ou très faibles températures (de -30°C à +150°C). De quoi équiper les salariés travaillant en fonderie, soudage, métallurgie, cimenterie ou centrales électriques, etc., grâce à sa protection frontale et son couvre-nuque. Cet EPI résiste aux projections de métal en fusion et présente une résistance électrique 1.000 V en courant alternatif.
Le casque devient un porte-accessoires
On l’aura compris, le port du casque ne se limite pas à la seule protection du crâne. « La tendance est de lui associer différents accessoires comme la lampe frontale, la protection antibruit, le protège nuque etc. de sorte à mieux protéger les utilisateurs tout en leur offrant des casques plus ergonomes et plus confortables », résume Stéphane Auboueix, le PDG de l’entreprise familiale éponyme basée à Boulogne Billancourt (Hauts-de-Seine). Créée en 1956, cette PME s’est fait connaître plus particulièrement avec son casque Iris 2 qui reste toujours d’actualité. Lequel offre une protection latérale renforcée. Doté d’une calotte en ABS moulée sous pression avec aérations réglables, il est fourni avec une lunette-masque pouvant se porter avec des lunettes correctives. L’Iris 2 est compatible avec de nombreux accessoires comme un écran facial ou une jugulaire. Laquelle est conçue, rappelons- le, pour empêcher le casque de tomber lors des travaux de charpente ou d’installation d’antennes.
Ranger ses lunettes dans le casque à la fin de la journée de travail
En matière d’intégration d’accessoires au casque, le fabricant allemand Uvex-Heckel va un cran plus loin avec son casque IES (Integrated Eyewear System) sorti en début d’année. « Grâce à son système de fixation par clip, il intègre une paire de lunettes de sécurité dotée de verres duo-sphériques pour une vision optimale. En cas de heurt, ces dernières restent bien en place sur le nez. « A la fin de la journée, les lunettes se rangent à l’intérieur du casque », rapporte Valérie Muller, responsable produit pour le groupe dont la filiale française est basée à Val-de-Moder (Bas-Rhin). A l’instar des autres modèles de la gamme Pheos, l’IES bénéficie de trois systèmes de ventilation réglable. Au-dessus du front, une première zone d’aération permet à l’air de rentrer et de ressortir par l’arrière. La collection Pheos s’est enrichie d’un autre modèle, baptisé Alpine, en ABS qui est doté d’une mentonnière. Pouvant accueillir un casque anti-bruit ou une lampe frontale, il s’agit, selon son fabricant, du seul casque du marché répondant aux normes EN 12492 (casques pour travaux en hauteur) et EN 397 (casques de protection pour l’industrie).
La protection des opérateurs travaillant en hauteur est d’ailleurs la spécialité du français Beal qui affiche 40 ans existence dans la corde. Cette PME, basée à Vienne (Isère), lance elle aussi un casque en ABS dédié au travail en hauteur. Baptisé Skyfall et pesant 390 grammes, cet EPI est destiné aux environnements avec arc électrique. Il est muni d’un harnais intérieur suspendu, d’un renfort polystyrène pour une absorption optimale de l’énergie en cas de choc. Ce casque peut accueillir une visière transparente ainsi qu’une protection auditive. Parmi les principaux points forts de Skyfall, sa jugulaire ajustable se détache dès lors que l’opérateur se trouve suspendu à son casque. « Par ailleurs, elle intègre des coussinets qui protègent l’usager de la boucle de fermeture tout en absorbant la transpiration », précise Claire Rolland, ingénieur de développement chez Beal.
En dépit de ces multiples avancées, aucun des fabricant interrogés ne présente pour l’heure de casques connectés. Or, cette fonctionnalité permettrait d’automatiser le contrôle du port d’EPI. C’est d’ailleurs ce que propose Jean-Yves Cadorel, le CEO de 3ZA Intech. Cette startup basée à Ascoux (Loiret) fournit un tag de la taille d’une pièce de monnaie qui se colle sur les casques de chantiers. Cette puce est lue par un lecteur dédié couplé à une Box communicante. Grâce à sa solution Risk Monitoring, l’entreprise détecte de manière automatisée si les salariés portent ou non la tenue obligatoire. Si ce n’est pas le cas, leur responsable en sera automatiquement averti.
Casques à puce RFID
D’autres fournisseurs de technologies proposent aussi d’intégrer des capteurs dans les casques. C’est le cas d’Ela Innovation, une autre entreprise française spécialisée dans les technologies d’identification longue portée dédiées à la sécurité des biens et des personnes. Cette dernière propose des solutions pour assurer la sécurité des opérateurs travaillant à l’extension de la ligne 14 du métro à Paris et recenser en temps réel les personnes présentes sur les zones à risque et vérifier qu’elles en possèdent les droits d’accès. Dans cet objectif, la PME, établie à Montpellier (Hérault), embarque à l’intérieur des casques des opérateurs des badges actifs. Lesquels sont lus à la volée par des lecteurs RFID déployés au niveau des accès, dans les navettes et les tunnels. En cas d’éboulement, le responsable sécurité saura en temps réel s’il reste des opérateurs à l’intérieur de la zone et faire appel aux secours sans plus tarder.
Eliane Kan
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