Une vaste campagne de communication a démarré depuis le 3 avril pour sensibiliser les professionnels du bâtiment et des travaux publics sur les troubles musculosquelettiques (TMS). Dans ce contexte, 500 entreprises vont bénéficier d’un diagnostic et d’un accompagnement sur mesure.
87 % des maladies reconnues dans le BTP concernent des troubles musculosquelettiques (TMS) selon le livret de sinistralité de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) pour l’année 2021. Première cause d’inaptitude médicale, ces affections se situent d’abord au niveau des membres supérieurs, aux épaules, poignets et dos. Comme le souligne Pascal Girardot, ergonome et responsable du domaine de l’usure professionnelle à la direction technique à l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), certaines pathologies sont d’ailleurs spécifiques à des métiers précis. A l’instar des tendinites de l’épaule qui concernent les peintres et les électriciens travaillant bras en l’air ou encore l’hygroma du genou qui touche les carreleurs.
1,8 million de jours de travail perdus
Ces pathologies à effet différé ont pour origine une combinaison de facteurs de risque. A l’instar des gestes répétés, vibrations mécaniques, manutention de charges lourdes, efforts soutenus et postures contraintes. Également pointés du doigt, l’organisation du travail ainsi que les facteurs psychosociaux et individuels, comme le rappelle Paul Duphil, le directeur général de l’OPPBTP lors de la présentation à la presse d’une vaste campagne de communication destinée à sensibiliser les salariés et les entreprises aux TMS. L’objectif étant de donner l’envie et les moyens d’agir aux professionnels en leur proposant des solutions afin de lutter efficacement contre ces affections. Lesquelles représentent d’importants enjeux sociaux et financiers pour les entreprises. Les affections représentent plus de 1,8 million de jours de travail perdus et se traduisent par le versement de 186 millions d’euros en cotisation.
Le monde de la prévention mobilisé
Ce dispositif calé sur le Plan Santé Travail 4 sera déployé jusqu’au 13 mai prochain par l’OPPBTP en partenariat avec la Cnam ainsi que les services Prévention de santé au travail du BTP (SPS-BTP). Il s’articulera en priorité autour des trois causes biomécaniques majeures. A savoir, les efforts intenses, les gestes répétés, et les postures contraintes. La campagne reposera sur une approche pratique liée à trois phases clés du chantier. A savoir, la livraison, l’approvisionnement au poste de travail et la réalisation des travaux.
Déclinaison par métier
Le dispositif bénéficie du soutien de la Direction générale du travail, de l’Institut national de recherche et sécurité (INRS) et des organisations professionnelles d’employeurs et de salariés. En outre, il s’organise autour de trois axes principaux visant à communiquer, informer et accompagner les professionnels du secteur. Les actions seront déclinées en région, grâce à la mobilisation des partenaires régionaux et départementaux. Point fort, afin de sensibiliser un maximum de professionnels du BTP, la campagne de communication se décline sur les réseaux sociaux par métier autour du concept « Même pas mal » auquel correspond un site internet dédié « memepasmalbtp.fr ». Ce dernier donne accès d’une part à une boîte à outils délivrant 80 contenus tels que des affiches, fiches pratiques, modules de eLearning et, d’autre part, à des webinaires.
Sensibilisation des apprentis
En effet, pour mieux convaincre les opérateurs, encadrants et chefs d’entreprise à agir en prévention des TMS, l’OPPBTP mise sur la force des contenus. Des webinaires nationaux appuyés par des témoignages vidéos et des présentations de solutions organisationnelles sont diffusés. Point fort, ces contenus se déclinent en tenant compte des spécificités des six grandes familles de métiers. Entre autres, « Travaux publics », « Gros Œuvre et Maçonnerie », ou encore « Charpente & Enveloppe du Bâtiment ». En complément, les experts de la prévention sont invités à assister à deux webinaires thématiques consacrés aux thèmes « TMS et innovation » et « Exercices physiques au travail et prévention des TMS ». La campagne vise aussi les jeunes générations avec un support d’intervention dédié et un kit de sensibilisation contenant des jeux et des vidéos destinés aux formateurs de Centres de formation des apprentis (CFA).
500 entreprises accompagnées
Enfin, pour accompagner les professionnels du secteur, l’OPPTBP mobilise 150 conseillers en prévention durant plus de trois mois. Objectif, analyser leurs besoins et engager une démarche d’accompagnement. Dans cette perspective, l’organisme prévoit de rencontrer 500 entreprises afin de réaliser un diagnostic ciblé et adapté à leur taille, donnant lieu à un accompagnement sur mesure. Pour progresser dans la démarche, des formations sont proposées. Telles que Adapt Métier et Adapt BTP. Ces outils de formations à destination des opérateurs, encadrants et chefs d’entreprise vont contribuer à travailler sur des situations de travail pour en sortir des pistes d’amélioration et des actions concrètes. Sachant que des solutions existent. Par exemple, des potences de levage sur camion-benne pour réduire les manutentions manuelles ou un mini finisseur pour appliquer mécaniquement les enrobés. Reste à convaincre les compagnons de travailler différemment.
Eliane Kan
Commentez