Le 125e Congrès national des sapeurs-pompiers vient d’ouvrir ses portes à Bourg-en-Bresse dans l’Ain ce mercredi 26 septembre. L’événement se tiendra jusqu’au samedi 29 septembre au parc des expositions Ainterexpo et en centre-ville, sur l’esplanade de la Comédie. Quelque 50 000 personnes y sont attendues, dont 2 500 congressistes. Plusieurs thèmes brûlants seront au centre des débats. A commencer par la pérennisation des effectifs des sapeurs pompiers et, notamment, celle des volontaires qui représentent 80% des troupes. Soit 194 000 personnes sur un total de 247 000. Après une lente érosion, ces effectifs stagnent. Ce qui renforce la nécessité d’assurer la relève, en développant le volontariat.
Une menace qui pèse sur le modèle français
Par ailleurs, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) s’inquiète aussi de l’application de la directive européenne de 2003 sur le temps de travail. Laquelle pourrait menacer le modèle français de sécurité civile en transformant les sapeurs-pompiers volontaires en salariés. A moins que l’État français n’intervienne auprès des autorités européennes pour les sortir du champ d’application de la directive. Autre source de préoccupation, la question des Secours d’urgence à la personne (Suap). L’enjeu est de simplifier et mieux coordonner l’action du service public.
La nécessité d’adopter un numéro d’urgence unique
Face à la multiplicité des numéros d’appel d’urgence – 18 pour les pompiers, 17 pour la Police, 15 pour le service d’aide médicale urgente (Samu) – la FNSPF plaide pour l’interfaçage des plate-formes d’urgence. « Cela permettrait de gérer au plus vite les urgences et favoriserait une meilleure coordination des services », résume le colonel Hugues Deregnaucourt, en charge du commandement du Sdis (Service départemental d’incendie et de secours) de l’Ain, qui compte 5 000 sapeurs-pompiers, agents techniques et administratifs. Sur près de 44 000 interventions réalisées en 2017 dans ce département, les Suap en représentaient environ 33 000.
84% des interventions concernent les secours d’urgence à la personne
Cette situation n’est pas spécifique à l’Ain. En 1998, la proportion des Suap atteignait 54% des 3,4 millions d’interventions, contre 84% des 4,5 millions d’interventions en 2018. Ce pourcentage est encore plus élevé dans les territoires touchés par la désertification médicale, les « soldats du feu » y étant les seuls intervenants. Pour que ces sapeurs-pompiers interviennent auprès des victimes, ils doivent obtenir le « feu vert » du Samu, en vertu du principe de régulation médicale institué par la loi en 1986. Or, cette organisation crée des lenteurs. D’où la nécessité de modifier le cadre normatif et d’inscrire les Sdis dans le pilotage du Suap.
Une quinzaine de Sdis interfacés avec le Samu
Dans l’attente de cette évolution, une quinzaine de Sdis ont créé une plateforme commune avec le Samu. A l’instar du Sdis de l’Ain. « Chacun conserve son numéro d’urgence mais face à une même situation, nos opérateurs disposent de la même grille de lecture et adoptent le même cheminement pour poser les questions et apporter les mêmes réponses, ce qui permet d’être plus performant », indique le directeur du Sdis de l’Ain qui, avec la construction d’un bâtiment commun, pousse plus loin sa coopération avec le Samu.
Des innovations pour améliorer les interventions
Le 125e Congrès des sapeurs-pompiers invite, par ailleurs, visiteurs et congressistes à découvrir le village des innovations où les entreprises de l’Ain, premier département industriel de France, exposent leur savoir-faire. C’est notamment le cas de Gallet. L’industriel y présente un modèle de casque connecté permettant à un sapeur-pompier de communiquer de manière fiable avec son équipe située à l’extérieur du bâtiment. Cet équipement de protection individuelle sera expérimenté par 200 utilisateurs dont des sapeurs-pompiers de l’Ain.
Autre innovation marquante : le couplage de la réalité augmentée et le BIM (en français, maquette numérique). Il s’agit d’identifier les circuits électriques et autres fluides afin de bâtir des plans d’intervention sécurisés et de les intégrer dans le dossier prévention des entreprises. Enfin, l’entreprise Brunet présente un cube autonome qui permet d’être indépendant en énergie et en eau. Une solution susceptible d’intéresser les équipes mobilisées en cas de catastrophes humanitaires ou lors de grands feux de forêt.
Eliane Kan
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