Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Risques industriels et environnementaux

Lancement de la campagne de prévention des TMS dans l’entreprise

Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé lance une nouvelle campagne d’information sur les troubles musculosquelettiques (TMS) pour inciter les chefs d’entreprise à se poser les bonnes questions et mettre en place des programmes de prévention pour favoriser l’amélioration des conditions de travail de leurs salariés.

Ces pathologies constituent la première cause de maladie professionnelle en France. Elles représentent à l’heure actuelle la maladie professionnelle la plus répandue en France. Selon la CNAMTS, ils représentent 85% des causes de maladies professionnelles reconnues pour les actifs du régime général. Directement liés aux conditions de travail, les TMS se traduisent par des douleurs qui peuvent devenir invalidantes et conduire à des incapacités de travail. Ils affectent directement les muscles, les tendons et les nerfs pour prendre par exemple la forme de douleurs au poignet (canal carpien) ou de douleurs dorsales (lombalgies). Petites ou grandes, l’ensemble des entreprises est concerné par cette problématique, avec des secteurs d’activité plus touchés que d’autres comme l’industrie agroalimentaire, la grande distribution, le BTP ou les services à la personne.
Si les TMS sont une cause très importante de souffrance pour les salariés, les conséquences économiques induites sont tout aussi préjudiciables à l’activité des entreprises. Selon les chiffres de la CNAMTS et de la CCMSA, les cas de TMS constatés en 2010 ont engendré la perte de 9,7 millions de journées de travail et coûté 930 millions d’euros couverts par les cotisations des entreprises pour les actifs du régime général. Dans le secteur agricole, le coût se monte à 70 millions d’euros. Sans compter l’impact sur la performance de l’entreprise liée à la gestion des absences et au maintien d’un niveau de productivité satisfaisant.

Tous les secteurs sont concernés
Agroalimentaire et exploitations agricoles, commerce, métallurgie, BTP, habillement, imprimerie, industrie pharmaceutique, services aux entreprises et à la personne… les TMS touchent tous les secteurs d’activité sans distinction et concernent toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
Si aucune entreprise n’est épargnée par les TMS, certains secteurs d’activités sont plus touchés que d’autres. En 2010, les professions agricoles suivantes ont ainsi connu une prévalence notable des troublesmusculo squelettiques : exploitations viticoles (701 cas de TMS), exploitations de cultures spécialisées (451 TMS), traitement de la viande des gros animaux (263 cas de TMS), les élevages de bovins (391 cas de TMS). Pour les salariés actifs du régime général, on peut recenser 3 067 cas de TMS dans la grande distribution, 2 144 cas dans le secteur de l’aide à domicile ou 1 174 salariés dans le secteur de la propreté.
Les TMS en chiffres clés
– En 2010, les TMS représentaient 95 % des maladies professionnelles (avec ou sans arrêt de travail) reconnues pour les salariés agricoles et 85 % pour les actifs du régime général. Cela représente 43 241 cas de TMS indemnisés pour les actifs du régime général, et 3 206 pour les salariés du régime agricole.
– Depuis 1995, l’évolution du nombre de nouveaux cas de TMS indemnisés a augmenté d’environ 13 % concernant les régimes général et agricole, pour ralentir depuis 2009 avec une progression réduite à 5,1 % par an en moyenne.
L’impact des TMS sur l’activité des entreprises
– Les cas de TMS constatés en 2010 ont engendré la perte de 9,7 millions de journées de travail et coûté 930 millions d’euros couverts par les cotisations des entreprises pour les actifs du régime général. Dans le secteur agricole, le coût se monte à 70 millions d’euros.
– Le coût moyen d’un cas de TMS de 21 152 euros pour un salarié du régime général, soit 40 % du coût total des maladies professionnelles (avec ou sans arrêt de travail).
– Le coût moyen d’un cas de TMS est de 21 700 euros pour un salarié agricole, soit 89 % du coût total des maladies professionnelles (avec ou sans arrêt de travail).

La prévention des TMS ne s’improvise pas

Prévenir efficacement les TMS ne s’improvise pas et exige une implication forte et durable tant de la direction de l’entreprise que des représentants des salariés. Il n’existe pas de solution globale, applicable à l’ensemble des entreprises. Chaque démarche de prévention est spécifique et doit être adaptée aux particularités du secteur d’activité concerné. Un état des lieux en amont est indispensable pour évaluer les risques professionnels liés à la survenue des TMS et construire un plan de prévention efficace, pouvant se traduire par des actions simples et peu coûteuses.
Des organismes spécialisés accompagnent les entreprises pour les aider à établir un premier diagnostic nécessaire. Ensemble, intervenants en prévention des risques professionnels (IPRP), médecins du travail et responsables d’entreprise peuvent identifier les causes et suggérer des actions pour lever les difficultés. De nombreuses institutions de prévention (CRAM, MSA, ARACT et OPPBTP) peuvent également aider les entreprises à structurer leur démarche selon leur secteur d’activité.
Cette nouvelle campagne d’information lancée par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé constitue le quatrième volet d’un programme de prévention des TMS mené depuis avril 2008 en partenariat avec le ministère de l’Agriculture, la CNAMTS, la CCMSA, l’ANACT, l’INRS et l’OPPBTP.
Les trois premiers volets de cette campagne ont ainsi permis de sensibiliser le grand public, les salariés et les chefs d’entreprises à l’enjeu économique et humain que représentent les troubles musculosquelettiques, et d’engager ces derniers à initier une démarche de prévention.
Sous l’accroche « Prévenir les troubles musculosquelettiques ne s’improvise pas. Découvrez les vraies bonnes méthodes », l’objectif de cette campagne est d’inciter les chefs d’entreprise à se poser les bonnes questions pour favoriser des conditions de travail préservant la santé de leurs salariés.
Elle a démarré aujourd’hui par une campagne dans la presse magazine et économique et la professionnelle des secteurs particulièrement touchés par les TMS et une campagne radio du 20 au 29 octobre.
Au cœur de ce dispositif, le site internet  www.travailler-mieux.gouv.fr destiné aux chefs d’entreprise

Avis d’experts
Les TMS : quand ?
– Docteur Marc Delanoe, médecin du travail, MSA Midi-Pyrénées Nord :
« Les problèmes surviennent généralement lorsque les gestes professionnels du quotidien sont très répétitifs. Contrairement aux idées reçues, les métiers de manutention ne sont pas les seuls à être concernés par les TMS. En France, de nombreuses secrétaires souffrent par exemple du canal carpien, en raison de la fréquence importante de mouvements inappropriés dans l’utilisation de leur clavier et de leur souris d’ordinateur. Les principaux facteurs de TMS font partie du quotidien des gens sur leur lieu de travail, si on ne les traite pas en profondeur, la souffrance des salariés peut mener vers de sérieuses difficultés professionnelles. »

La bonne démarche de prévention
– Evelyne Escriva, chargée de mission TMS à l’Agence Nationale d’Amélioration des Conditions de Travail (Anact) :
« Il est indispensable que la démarche de prévention soit participative et s’inscrive dans la durée. Pour être efficace, elle doit être séquencée en quatre étapes. D’abord, il s’agit de surveiller régulièrement l‘état de santé du personnel. Ensuite, il convient d’alerter, sensibiliser et mobiliser l’ensemble des acteurs de l’entreprise pour parvenir à trouver des solutions préventives. Vient ensuite l’étape du diagnostic. Prévenir les TMS, c’est arriver à réduire l’exposition du salarié à un facteur de risque. Encore faut-il pour cela pouvoir les identifier. Cette étape est la clé de recherche d’une solution adaptée, grâce à l’analyse des gestes professionnels posant problème. Le geste professionnel ne se limite pas à sa dimension physique mais est lié au cadre de travail. C’est donc sur ce point qu’il faut agir. Cela concerne la gestion des ressources humaines, l’organisation de la production du travail mais aussi les achats et la conception des process, des outils, des produits ou du service de l’entreprise. Enfin, l’évaluation est indispensable pour améliorer la démarche engagée. »
– Docteur Marc Delanoe, médecin du travail, MSA Midi-Pyrénées Nord
« Dans le cadre de visites médicales au sein d’une entreprise agricole spécialisée dans l’insémination de bovins, nous avions constaté un certain nombre de plaintes émanant des salariés, concernant des douleurs à l’épaule. Nous avons alors réalisé une étude précise à l’aide d’un questionnaire sur les types de souffrances ressenties et d’une observation des pratiques professionnelles sur le terrain. A partir de là, il a fallu se poser les bonnes questions pour trouver des solutions appropriées. Dans ce cas présent, la mise en place d’appareils robotiques n’étaient pas possible car aucune technologie existante à ce jour ne permettait de se soustraire aux gestes humains de cette entreprise. Il a donc fallu directement faire évoluer le processus d’insémination. Les salariés tenaient une posture non physiologique lors du geste d’insémination. Face à la taille de la vache, les employés devaient soulever leur bras pour le casser au niveau de l’épaule. Nous avons donc mis en place une solution très simple : un escabot en 10 aluminium, léger, ne comportant qu’une seule marche suffisamment large pour que l’inséminateur puisse se déplacer dessus et soit à niveau de la vache. »

Commentez

Participez à la discussion


La période de vérification reCAPTCHA a expiré. Veuillez recharger la page.