Il n’y a pas que le Festival du cinéma américain qui assaille le Centre International de Deauville (CID). Du 6 au 8 février prochains, les 27e Rencontres du Risk Management vont, à leur tour, faire leur cinéma. Sont attendus : 2 700 congressistes, dont plus de 620 Risk Managers, de trente nationalités différentes. L’occasion de faire le tour des grandes questions qui taraudent ces professionnels, autour du thème « Le risque au cœur de la transformation ».
Il n’y a pas de planète B
« La transformation a été le maître-mot de l’année 2018. Alors que les États ne sont pas enclins à se transformer, les entreprises le font depuis toujours « naturellement », pour survivre et se développer face à la concurrence internationale », explique Brigitte Bouquot, présidente de l’AMRAE et directrice des Assurances et de la gestion des risques chez Thales. Changement climatique, pression du numérique qui oblige à repenser les métiers, injonctions géopolitiques et réglementaires (dont le RGPD) imposant sans cesse de réorienter les stratégies commerciales…le monde devient de plus en plus complexe. « Le monde vit un moment unique de son évolution. Il fait face à deux questions qui commandent son futur : celle du défi écologique et climatique d’autant qu’il n’y a pas de planète B, reprend Brigitte Bouquot. Et celle de la maîtrise par l’Homme de la technologie dont la puissance inouïe pose des questions éthiques et de sécurité quand bien même elle est au service de l’innovation. » On pense bien sûr à l’intelligence artificielle et à la robotique. A cela s’ajoute une grave crise de confiance qui, depuis la crise de 2008, remet en cause nos modèles économiques et sociaux. Ce qui s’illustre, entre autres, par la montée des populismes et le chaos du Brexit.
Vers une approche holistique
Les entreprises ne peuvent ignorer ces trois grands mouvements de transformation. Certaines d’entre elles sont même obligées de revoir leur stratégie au plus haut niveau, tout en tenant compte des normes de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). « On n’est plus dans le « Qu’est-ce que je produis ? » mais dans le « Pourquoi est-ce que je le produis et quel est mon risque ? », poursuit la présidente de l’AMRAE. Conséquence de cette évolution : les directions générales bâtissent désormais leur stratégie de développement en pilotant par les risques et en inscrivant à leur feuille de route la recherche du sens ainsi que la culture de la bienveillance et de l’inclusion. A présent, les Risk Managers ne se contentent plus de gérer le poste assurance. Ils connectent le Risk Management à la stratégie de l’entreprise et à la direction générale. Autrement dit, ils adoptent une approche holistique (globale, systémique).
Le RGPD et la directive NIS dans le quotidien des Risk Managers
De même que l’assurance se réinvente, notamment en réaction au risque cyber, l’AMRAE innove à son tour. « Le 12 décembre dernier, nous avons lancé avec le Medef un livret intitulé « Ma cartographie des risques en trois heures. Nous avons aussi ouvert le site Web MaCartoDesRisques.fr. En un mois 300 entreprises se sont inscrites ! », se réjouit Brigitte Bouquot. Le tout est complété par une formation d’une journée pour les chefs d’entreprise. L’association s’est également rapprochée de l’Agence Nationale pour la Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) afin d’embarquer le Règlement Général sur la Protection des Données personnelles (RGPD) ainsi que la directive européenne NIS (Network and Information Security) dans le quotidien des Risk Managers. Objectif : gérer la menace cyber comme n’importe quel risque.
Erick Haehnsen
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