En avant-première de leur conférence sur APS 2019, Laurent Rochette et de Nicolas Cronier, respectivement directeur général délégué et directeur de la sûreté électronique d’Yvelines Numériques, font part de leur retour d’expérience. Leur entité a installé 700 caméras de vidéoprotection dans 45 collèges, cinq sites du SDIS et 80 bâtiments administratifs reliés à un centre départemental de supervision des images.
Mutualisation, centralisation, interconnexion avec les forces de l’ordre sur près de 300 sites yvelinois, comment vous y êtes-vous pris ?
Laurent Rochette : Tout d’abord Yvelines Numériques a été créé en 2016. C’est l’établissement public d’aménagement numérique du territoire. Il réunit le Conseil départemental et les intercommunalités des Yvelines pour porter les projets digitaux en synergie. Concernant notre projet de vidéoprotection, nous avons utilisé un réseau de 800 km en fibre optique assorti d’un réseau multi-service sécurisé qui apporte le débit nécessaire dans chacun des sites concernés. Puis, nous avons créé le Centre départemental de supervision des images (CDSI) en décembre 2018. Celui-ci récupère déjà les flux d’images de vidéoprotection de 45 collèges (114 collèges prévus fin 2020), de cinq sites des Services départementaux d’incendie et de sécurité (SDIS) sur les 50 prévus à fin 2020 ainsi que de 80 bâtiments du Conseil départemental. Le CDSI est interconnecté à la salle d’information et de commandement de la police départementale (DDSP) et le Centre d’opérations et de renseignement de la gendarmerie (CORG 78).
Nicolas Cronier : En fait, le contexte récent dans lequel le risque global impactant les biens et les personnes s’est accru. Ce qui a conduit le Conseil départemental des Yvelines ainsi que d’autres collectivités locales ou établissements publics yvelinois à envisager une mise à niveau de leurs dispositifs de sûreté électronique établis sur leur parc bâtimentaire. Notamment leurs systèmes de vidéoprotection.
Laurent Rochette : D’ailleurs, nous ne parlons pas vidéosurveillance mais bien de vidéoprotection. Nous ne surveillons pas, nous protégeons les citoyens.
Au total, combien de caméras avez-vous installées ?
Nicolas Cronier : 700 pour l’heure. Nous en prévoyons 3.000 pour 2020. Il s’agit bien sûr de caméras IP. Elles viennent essentiellement de chez Axis Communications et de chez Bosch.
Qu’apporte ce nouveau système de vidéoprotection ?
Nicolas Cronier : Tout d’abord la réactivité avec un temps de réponse extrêmement raccourci entre le moment où l’agent public appuie sur le bouton anti-agression et l’intervention des forces de l’ordre ou d’un chef d’établissement. Car, en réalité, il y a tout un arsenal de réponses proportionnées à la situation. Quant aux images, elles remontent dans deux cas de figure lorsque le boutons anti-agression est activé ou lorsque le logiciel d’analyse des images détecte quelque chose d’anormal. À ce moment-là, les images s’affichent au CDSI qui va qualifier l’incident et, le cas échéant, le pousse vers la police ou la gendarmerie. À aucun moment, la police ou la gendarmerie n’auront nos images de leur propre fait.
À quel hyperviseur faites-vous appel ?
Nicolas Cronier : À celui du français Prysm ainsi qu’à quatorze algorithmes… à terme ! Car dans la vraie vie, il est très difficile de configurer un logiciel d’analyse !
Qu’attendez-vous de votre système ?
Laurent Rochette : Nous espérons que ce nouveau système diminue le nombre d’agressions et d’incivilités. Nous espérons aussi mieux renseigner la police, la gendarmerie ou les pompiers en cas d’événement grave grâce à des images de qualité transmises en temps réel. Mieux on qualifie la situation, mieux on dimensionne l’équipe d’intervention à envoyer. Dans les mois qui viennent, nous allons travailler dès la phase de mise en service de notre système sur une évaluation de la situation. Une fois le système bien rôdé, nous pouvons imaginer de proposer aux hôpitaux de mutualiser l’enregistrement et la visualisation des images en liaison avec un bouton anti-agression, par exemple.
Quelle a été la hauteur de l’investissement nécessaire ?
Laurent Rochette : 20 millions d’euros provenant essentiellement du département, puis du SDIS 78. Il y aurait un intérêt économique certain de mutualiser notre système avec les communes, notamment pour faire du tracing-tracking. Mais, en raison de la réglementation, seuls le maire, la police ou la gendarmerie en sont habilités. Pas le département. Donc c’est à chaque commune de visualiser ses propres images.
En quoi jugez-vous votre projet original ?
Laurent Rochette : Notre projet est original par son ampleur, la centralisation des images et la multiplicité des partenaires.
Propos recueillis par Erick Haehnsen
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