Les entreprises : des cibles privilégiées ?
Un constat d’abord : les entreprises sont de plus en plus la cible d’actes de malveillance (kidnapping de salariés – environ 50 salariés français sont pris en otage chaque année –, cyber attaques, fraudes, violence, etc.). D’ailleurs les chiffres le démontrent : puisque selon la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), du 1er janvier 2006 au 13 mars 2009, on a dénombré 4 600 agressions étrangères contre des entreprises françaises (espionnage, sabotages, etc.). L’article souligne, en outre, que « les vols sont devenus également plus importants et sont la préoccupation majeure des directions sécurité . Ayons en mémoire que, selon une étude conduite sur les plus grands aéroports européens en 2008, 3 800 ordinateurs portables y sont déclarés volés ou perdus chaque semaine. De la même façon, au moins un ordinateur est volé ou perdu par jour dans le Thalys reliant Paris à Bruxelles ».
Un coût difficile à chiffrer
Le coût de cette insécurité est difficile à chiffrer faute de données disponibles en France. Afin d’éclairer son propos, Olivier Hassid s’appuie sur les chiffres concernant le Royaume-Uni. Il constate que la délinquance à l’égard du monde économique y a fortement augmenté ces dernières années. Selon des données du British Chambers of Commerce, « le coût de la sécurité est passé de 10,5 milliards de livres Sterling en 2004 à 12,6 milliards en 2008, soit une hausse de 20 % ». Conséquence de cette hausse : les entreprises doivent consacrer à leur sécurité des investissements de plus en plus importants. Selon Olivier Hassid : « Une direction de sécurité sur quatre, dans les grandes entreprises mondiales, disposerait d’une enveloppe budgétaire comprise entre 1 et 5 millions de dollars. Certaines entreprises de la grande distribution alloueraient environ 7 % de leur chiffre d’affaire annuel à la sûreté ».
La malveillance : une menace mal prise en compte ?
Malgré ces chiffres inquiétants, il semble que la sécurité en entreprise en France soit encore « à construire », comme le remarque le délégué général du CDSE. « Essentiellement centrée sur la sécurité des salariés à l’étranger, les directions sûreté peuvent gérer aussi la sécurité informatique, la gestion de crise, la sécurité environnementale ou encore la protection de l’image. Par ailleurs, les frontières de la direction sécurité sont encore floues. Ces directions recourent régulièrement à des prestataires de sécurité et même, dans certains cas, prennent le parti de recourir à des directeurs de sécurité qui ne sont pas salariés de l’entreprise. Le titre même de ces directions est évolutif : direction sécurité, direction sûreté, direction sécurité globale, direction protection du patrimoine industriel, direction gestion des risques et même direction de la résilience ».
Il semble que les entreprises françaises aient du mal à s’approprier ce sujet et les problématiques connexes… Comme semble d’ailleurs le démontrer une enquête TNS Sofres réalisée en octobre 2009, qui faisait apparaître que « si les dirigeants d’entreprises considèrent les risques matériels et accidentels comme importants, ils font encore peu de cas des menaces liées à la malveillance ».
* Numéro 24 – Avril 2010
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Bon à savoir
A la question : « Quels sont parmi les risques suivants ceux que vous considérez comme les principales menaces pour l’entreprise dans laquelle vous travaillez ? (en %) ».
> Les incendies ou accidents matériels représentent 40 % des réponses tandis que la fraude ou la contrefaçon, par exemple, ne représentent que 15 %.
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