Les 115.000 salariés des 3.730 entreprises de la plasturgie française représentent 7% des emplois de l’industrie manufacturière hexagonale, selon une étude du magazine Travail et sécurité, édité par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS). Il faut dire que, malgré une forte concurrence internationale, les matériaux plastiques sont très présents aussi bien dans l’automobile, le médical et les équipements électriques et électroniques que dans les matériaux de construction ou les emballages.
Risques chimiques. Généralement considérés inertes à froid, les polymères peuvent néanmoins être utilisés avec certains additifs potentiellement dangereux : anti UV, retardateurs de feu, etc. Dès l’étape du mélange des différents composants, les salariés sont donc susceptibles d’être exposés à des agents chimiques dangereux. Dont des substances cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction (CMR). Cette situation est particulièrement aiguë dans la fabrication d’objets en plastiques thermodurcissables (qui polymérisent à froid) dont les procédés de moulage sont très manuels.
Beaucoup plus répandus, les thermoplastiques concentrent leurs risques lors du chauffage des produits pour le moulage ou l’injection à chaud. Parmi les substances dangereuses, citons les aldéhydes (dont certains sont CMR) qui peuvent être émises sous forme gazeuse. Si ces substances sont en majorité captées par des dispositifs intégrés aux presses à injecter, des émanations résiduelles persistent dans les espaces de travail au niveau des buses d’injection ou des têtes d’extrusion. Par ailleurs, lors de travaux de purge ou de nettoyage des outils (buses, fourreaux, etc.), l’opérateur peut aussi être en contact avec ces substances dangereuses. La nature et la quantité des produits nocifs émis varient considérablement en fonction des matières et des processus utilisés. A cet égard, l’INRS a développé un protocole permettant de caractériser les produits de dégradation thermique afin d’aider les entreprises à réaliser l’évaluation des risques et installer des moyens de prévention adaptés.
Manutention manuelle. En dehors du risque chimique, les troubles musculosquelettiques (TMS), les risques incendie-explosion (Atex), le bruit généré par les machines de transformation des matières plastiques ou par l’usinage des objets obtenus, sont également des risques importants dans ce secteur. A ce sujet, l’étude de l’INRS mentionne que la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CnamTS) a d’ailleurs établi avec la Fédération de la plasturgie une convention nationale d’objectifs, valable jusqu’en 2018, , visant une approche globale de l’activité.
En priorité, la manutention manuelle est dans la ligne de mire de la convention. En effet, celle-ci est à l’origine de plus de la moitié des accidents qui surviennent dans les industries de transformation de matières plastiques. Par ailleurs, en 2014, plus de 90% des maladies professionnelles correspondaient, selon la CnamTS, à des affections périarticulaires provoquées par certains gestes et postures de travail (tableau 57 du régime général). Ce problème affecte davantage les thermoplastiques (moulés à chaud). Car, même si leurs lignes de production sont fortement automatisées, leurs postes d’approvisionnement en matières premières nécessitent des manutentions de charges lourdes. En aval, les opérations de finition et de conditionnement induisent quant à elles une certaine répétitivité des gestes, compte tenu de la cadence des machines. L’utilisation d’aides à la manutention (centrales à matières premières, préhenseurs de sacs, robots de manutention…) et l’aménagement des postes de travail sont alors nécessaires pour contribuer à la prévention des TMS et des accidents liés au port de charges lourdes.
Incendies, explosions et bruits. Autres risques importants dans les entreprises de transformation de matières plastiques : les incendies et les explosions. Effectivement, toutes les conditions sont également réunies : présence de combustibles (notamment les polymères), de solvants, utilisation de températures élevées, machines avec circuits électriques… De plus, les polymères peuvent être sous forme de poudre ou de granulés qui émettent des poussières susceptibles de constituer un risque Atex. A l’instar de la présence de solvants. Ces risques doivent être évalués par l’employeur et faire l’objet de mesures spécifiques. Comme la mise en place de captages, la suppression ou la maîtrise des sources d’inflammation ou encore l’installation d’évents d’explosion. Enfin, de son côté, le problème du bruit dans les ateliers est moins spécifique au secteur de la plasturgie. Néanmoins, il réclame des aménagements comme l’insonorisation des locaux, l’encoffrement des machines ou encore l’éloignement des opérateurs des machines les plus bruyantes.
Erick Haehnsen
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