Gérer les risques
Aujourd'hui et demain

Santé et qualité de vie au travail

La Covid-19, génératrice de nouveaux troubles psychosociaux

Un tiers des salariés sont aujourd’hui en télétravail. Or cette nouvelle forme de travail suscite de nouveaux facteurs de risque. Comme les incivilités numériques ou la perte de sens au travail qui peut générer du présentéisme. Ce dysfonctionnement est susceptible de conduire les salariés au burn-out.

Avec le développement imposé du télétravail en raison de la Covid-19, les restrictions de circulation et la difficulté de voir ses proches, le nombre d’arrêt de travail dus aux troubles psychosociaux va-t-il exploser ? Selon le baromètre annuel Absentéisme Maladie 2020 – Malakoff Humanis, le taux de salariés arrêtés pour troubles psychologiques est passé de 9 % début 2020 à 14 % pendant le confinement, puis à 18 % depuis le déconfinement. Ce motif, qui peut en partie être attribué à la SARS-CoV-2 (anxiété liée au contexte sanitaire et économique, au confinement …), devrait continuer à prendre de l’ampleur, prévoit Malakoff Humanis.

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Il est nécessaire de former les salariés au télétravail pour éviter les RPS. © Josh Duke / Unsplash

Le télétravail peut exacerber certains risques existants dans l’entreprise

Et pour cause, mal préparé, le télétravail présente de nombreux risques. A commencer par l’isolement social et professionnel. A cela s’ajoute l’épuisement professionnel lié à la difficulté de scinder vie personnelle et vie professionnelle. « Sans compter le stress lié aux objectifs, le sentiment de monotonie, le manque de soutien et de reconnaissance », soulève Cécile Perret du Cray, directrice technique d’Impact Prévention, une entreprise membre-fondatrice de l’Union professionnelle des préventeurs privés (U3P). Toutefois, cette dernière tient à nuancer son propos. « Fondamentalement, il ne pèse pas sur les télétravailleurs des risques différents ni nouveaux de ceux pesant sur les salariés présents dans l’entreprise, mais la distance physique entre le télétravailleur et son organisation peut exacerber certains RPS potentiellement présents en entreprise », indique la directrice technique.

Nécessité de détecter des changements de comportement

Celle-ci rappelle que le télétravail ne s’improvise pas. Il est donc essentiel d’instaurer un cadre avec des règles claires et partagées notamment concernant les horaires de travail et la définition d’objectifs précis. « Le maintien du lien social et de la confiance entre collaborateurs est également indispensable. Il permet de détecter des changements de comportement tels que des signes de démotivation, de culpabilité ou d’épuisement », souligne la préventrice qui rappelle l’intérêt de proposer des sensibilisations spécifiques sur le télétravail et un accompagnement personnalisé pour les salariés et les managers.

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Avec le télétravail, le nombre d’arrêts de travail a fortement augmenté. © Jason Strull / Unsplash

Montée des arrêts de travail

Ces derniers sont d’ailleurs les plus exposés aux risques liés au télétravail. C’est du moins ce que montre le Baromètre T4 sur l’état psychologique, risques psychosociaux & épuisement des salariés français publié fin novembre 2020 par l’institut de sondage Opinion Way ainsi que par Empreinte humaine, un cabinet conseil en qualité de vie au travail (QVT) et prévention des RPS. L’enquête s’appuie sur des interviews réalisées entre le 19 et le 28 octobre auprès de quelques 2 000 salariés. Ce baromètre témoigne de la souffrance des personnes au travail. 24 % des sondés se sont vus délivrer un arrêt de travail pour cause de stress ou d’anxiété. Ce qui rapporté à la population représente 5,5 millions d’arrêt de travail. Près d’une personne sur deux se trouve en détresse psychologique. 18 % se déclarent même en détresse psychologique élevée.

Multiplication des incivilités numériques

La fatigue vire à l’épuisement émotionnel pour 35 % des salariés. Selon le baromètre un million de salariés sont en burn-out et les managers ont deux fois plus de risques d’être touchés. 58 % d’entre eux sont en détresse psychologique. Ce baromètre montre notamment la nécessité d’investir dans la santé psychologique des salariés. Et ce d’autant plus que ces derniers doivent faire face à des incivilités numériques. Ces violences proviennent principalement des clients (soit 50 %), des collègues (34 %) et des managers (26 %).

Prévenir le désengagement

Les effets négatifs du télétravail sont susceptibles de provoquer, voire même d’accélérer, le désengagement des salariés. A commencer par ceux qui souffrent d’un manque de reconnaissance de leurs compétences professionnelles. A défaut d’être reconnus, bon nombre ont choisi de s’investir dans des activités associatives durant leur temps libre. De quoi répondre à leur besoin profond de trouver du sens et de l’utilité dans le travail. « Faute d’être prise en compte par l’entreprise, cette aspiration peut générer du présentéisme », met en garde David Mahé, président de Human & Work, groupe de conseil européen dédié à l’humain au travail. Contrairement à l’absentéisme, ce phénomène se traduit par une présence assidue du salarié sur le lieu de travail. Outre son coût économique important pour l’entreprise, le présentéisme peut entraîner des troubles psycho-sociaux plus ou moins importants. A savoir, de la fatigue, un épuisement sur le poste de travail, des dépressions voir du Burn-Out. 

Donner du sens au travail

Autant de RPS qui peuvent être évités par l’employeur en donnant ou en trouvant du sens au travail pour leurs salariés. A charge pour lui de nommer le bien commun que tous les membres d’une équipe partagent, une raison d’être, une intention, un projet ou des valeurs. Dans ce contexte, chaque salarié doit savoir à quoi il sert et comment il peut contribuer à ce bien commun. Dès lors, les collaborateurs se sentiront plus heureux et fiers de servir une mission. Ils se montreront ainsi plus efficaces et plus motivés.

Eliane Kan

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