Gardez votre trousseau de clé loin des regards indiscrets. « Il suffit d’une seule minute pour préparer la copie de n’importe quelle clé », lance Alexandre Triffault, 27 ans, co-gérant d’Outillage Formation Conseil (OFC), une PME de 3 personnes spécialisée, depuis 2013, dans la sécurité physique, notamment celle des serrures. « Et pour cause : dans 90% des cas, le gabarit d’une clé peut être calculé à partir d’une simple photographie. » Pour des modèles plus perfectionnées (environ 8% des cas), comptez 3 à 4 clichés supplémentaires. Une fois le gabarit de la clé connu, il ne reste plus qu’à imprimer le sésame en plusieurs exemplaires grâce à une imprimante 3D ordinaire. « Même les clés dites »non copiables », c’est-à-dire celles qui répondent à une norme légale interdisant aux serruriers de les répliquer, ne résistent pas à ce procédé », assure Alexandre Triffault. « Au total, c’est un quart d’heure de travail, pour qui s’y connaît un peu dans ce domaine. »
Passe-partout. Une fois en possession d’une clé, le malfaiteur peut même créer un modèle passe-partout, capable d’ouvrir toutes les portes de l’entreprise dotées d’un modèle de serrure identique. « Rien de véritablement difficile. L’idée, c’est de modifier la clé de départ, étape par étape, jusqu’à obtenir la bonne combinaison », précise le co-gérant. « En tout, une cinquantaine de tests suffisent pour trouver le modèle de clé qui ouvre tout. Même pas besoin d’avoir accès aux autres serrures ! » Avant l’apparition des dispositifs d’impression en volume (imprimantes 3D), les malfaiteurs devaient, pour parvenir au même résultat, s’équiper de matériel coûteux. À l’instar d’une fraiseuse à commande numérique dont le prix à l’achat atteint les 3.000 euros. Or, aujourd’hui, une imprimante 3D peut se négocier (neuve) à moins de 1.000 euros. Et les prix ne cessent de baisser !
Test de pénétration physique. À la portée de n’importe quel employé ou stagiaire, ces techniques augmentent le risque, pour l’entreprise, de voir ses clés copiées à la volée. « Afin de se protéger, celle-ci peut, dans un premier temps, remplacer ses serrures par des dispositifs mixtes, mêlant à la sécurité physique des éléments magnétiques et électroniques », explique Alexandre Triffault. « Dès lors, la simple photographie d’une clé ne suffit plus pour la reproduire. » Dans un deuxième temps, l’entreprise peut aussi planifier un test de pénétration grandeur nature. Principe : une équipe préalablement mandatée organise un »cambriolage » en coopération avec le responsable sécurité de l’entreprise. C’est, par exemple, ce que propose OFC à ses clients. « Une fois que nous avons forcé un accès, nous collons des Post-It aux endroits vulnérables. Puis, dans les jours suivants nous réalisons un rapport détaillé expliquant comment sécuriser la zone. » Encore rare sur le marché, ce type de service tend à se démocratiser depuis 3 ans.
Guillaume Pierre
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