Interview de Karen Feltz, chef de projets chez De Dietrich Process Systems. L'entreprise conçoit et fabrique des machines industrielles ainsi que des systèmes clé en main à destination de l'industrie chimique et pharmaceutique. Cette année, elle innove avec la solution De Dietrich Waste Recycling qui recycle les déchets amiantés sans risque pour les opérateurs ni pour l’environnement.
Comment les déchets amiantés sont-ils traités aujourd’hui ?
En dépit de l’interdiction de l’usage de l’amiante en Europe, on estime à 1,5 million de tonnes le flux annuel de déchets amiantés. En France, ce gisement représente environ 35 millions de tonnes. Cela représente plus de 3 000 produits. A ce jour, il reste plus d’une centaine d’années pour en venir à bout avec les solutions existantes. Or 98 % de ce gisement se retrouvent enfouis et 2 % sont traités de manière thermique. Cette dernière opération consiste à vitrifier les déchets amiantés à haute température (environ 2 000 degrés).
Que proposez-vous pour venir à bout de ces déchets ?
Notre solution traite tous types de déchets amiantés, tels que des joints, cordes, colle, fibrociment… Actuellement, nous disposons d’un pilote industriel capable de traiter plusieurs centaines de kilogrammes par semaine. Le processus consiste à broyer les déchets avant de les plonger dans une cuve d’acide sulfurique. Ce mélange fait l’objet d’une filtration afin d’obtenir deux types de coproduits inertes et valorisables sous deux formes. D’un côté, du liquide contenant des sels de magnésium et de l’autre, des solides. A savoir de la silice, du gypse et de l’andhydrite qui pourront être réutilisés dans des application du BTP en tant que matières premières.
Quels avantages procurent cette solution ?
Ce procédé propre, sans danger pour les opérateurs et respectueux de l’environnement aboutit à la destruction complète des fibres d’amiante. En outre, le certificat de destruction délivré aux propriétaires des déchets amiantés les exempte de toute responsabilité environnementale.
D’où provient cette innovation ?
Il s’agit d’une solution brevetée née de la collaboration entre un inventeur corse, Paul Poggi et trois entreprises industrielles alsaciennes. A savoir APPI, spécialisée dans l’ingénierie de procédé ; le Groupe Beck, présent dans le traitement des déchets ; et De Dietrich Process Systems, spécialiste de la conception et la fourniture d’équipement de procédés pour les industries chimiques et pharmaceutiques. Cette collaboration a donné naissance à De Dietrich Waste Recycling.
A quel stade en êtes-vous ?
Nous avons achevé la construction de notre pilote que nous avons installé sur une friche industrielle en Moselle. A la fin de l’été 2023, ont démarré les premiers essais avec déchets inertes comme des plaques de fibro-ciments. Aujourd’hui, la solution De Dietrich Waste Recycling se présente sous la forme d’une unité de traitement fixe. Nous avons pour objectif d’optimiser le procédé au maximum et, ensuite, de commercialiser des installations clé en main.
Eliane Kan
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