Remarques ou blagues désobligeantes, inégalités de rémunération, discriminations salariales… Une étude de l’Apec révèle des chiffres préoccupants au sujet de la discrimination en entreprise qui commence dès l’entretien d’embauche.
À la veille de la journée internationale des droits des femmes, le sexisme et les inégalités en entreprise ont-ils évolué ? Pas suffisamment, estime l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) qui a réalisé un état des lieux de la situation des femmes cadres face aux discriminations sexistes. Cette étude révèle des inégalités tenaces. Notamment en ce qui concerne la rémunération et les évolutions de carrière.
Les femmes plus nombreuses au poste de cadre
S’il existe une amélioration à noter, elle réside dans l’accès aux postes de direction : il y a 30 ans, seules 24 % des cadres étaient des femmes. Aujourd’hui, elles représentent 37 %. Cependant, elles ne sont plus que 28 % à atteindre le rang des cadres managers.
Les hommes plus optimistes que les femmes
Il faut dire que les mentalités ont encore du mal à évoluer. Ce qui est notamment dû au fait d’un écart de perception trop large entre les cadres femmes et hommes. Ainsi l’enquête note-t-elle que seules 18 % des femmes cadres reconnaissent une amélioration des inégalités au sein des entreprises françaises au cours des 5 dernières années, contre 46 % des hommes cadres.
Des comportements dégradants au quotidien
Un optimisme peu réaliste au regard des discriminations sexistes qui règnent encore en entreprise : 41 % des cadres interrogés ont été témoins de comportements dégradants pour les femmes dans leur entreprise. La plupart (1 sur 5) provenant de certains managers, a lieu généralement lorsque les hommes sont seuls entre eux. Ces situations, sous couvert d’humour, de « plaisanteries », se traduisent généralement par des remarques désobligeantes sur l’âge, le look et les stéréotypes de genre.
Des responsabilités hiérarchiques mal distribuées
Malgré des compétences équivalentes, 58 % des femmes cadres interrogées reconnaissent souffrir d’inégalités salariales. Selon une étude de l’Apec réalisée conjointement avec Datagora, ces inégalités se manifestent par une attribution inégale des responsabilités hiérarchiques, seules 33 % des femmes y ayant accès contre 46 % des hommes.
Du sexisme jusqu’aux entretiens d’embauche
Et ces discriminations commencent dès l’embauche : l’étude de l’Apec « Discriminations à l’embauche, les cadres ne sont pas épargnés » révèle ainsi qu’un quart des cadres ont subi des discriminations d’un entretien d’embauche, portant sur leur âge, leur sexe ou leur situation familiale. Certains profils sont particulièrement concernés : les seniors, les jeunes diplômés, les femmes ou les cadres d’origine étrangère. Enfin, 24 % des femmes estiment avoir été pénalisées lors d’un entretien d’embauche en raison de leur sexe contre 4 % des hommes.
Ségolène Kahn
Commentez