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Sûreté et sécurité

Jean-Philippe Tible (VDP3.0) : « Valider l’enregistrement de scènes audio a posteriori pour endiguer la spirale de la violence »

Créée en 2020 à Granville (50), la société VDP3.0 a conçu l’application mobile Quivive-App pour venir en aide aux victimes de violence et de harcèlement en endiguant l’escalade. Objectif : éviter le pire ! Forte de deux salariés, la société réalise un chiffre d’affaires de 100 000 euros et adopte un modèle de vente B2B2C. Interview de Jean-Philippe Tible, son PDG.

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Jean-Philippe Tible est PDG de VSP3.0 qui édite Quivive-App. © Agence TCA

Comment l’idée de lancer l’application Quivive-App vous est-elle venue ?

Deux de mes trois enfants ont été victimes de harcèlement scolaire. Face à cette nuisance, je me suis senti extrêmement démuni. Je me suis rendu compte que, dans les situations de harcèlement, d’altercation, d’insulte ou d’agression verbale, c’était toujours « parole de l’un contre parole de l’autre ». Impossible de s’en sortir. Ce qu’il faut, c’est avoir une preuve tangible de qui agresse qui. C’est cette preuve qu’apporte notre application Quivive-App après que l’altercation a eu lieu. Grâce au micro de son mobile, l’utilisateur enregistre la scène audio, la stocke et la ressort pour prouver l’agression. C’est discret, simple et fluide.

Quels sont les clientèles concernées par votre application ?

Beaucoup de monde ! A commencer par tous les métiers en lien avec le public. Ensuite, il y a nos enfants, nos filles, nos femmes… Tout notre système repose sur une sorte de pyramide dont la base se constitue d’insultes et d’incivilités. Juste au-dessus, on trouve le harcèlement. Au troisième étage, figurent les coups et les agressions. Au sommet de la pyramide, il y a le féminicide… Ma théorie, c’est que si on réduit la base, on peut contribuer à réduire son sommet.

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Une fois activée l’application enregistre ce qu’il se passe. En appuyant sur le bouton Enregistrer, seules les dernières minutes sont sauvegardées © Agence TCA

Quels sont les scénarios récurrents pour lesquels votre application est conçue ?

Tout d’abord, le harcèlement des femmes dans les transports ou dans la rue. Toutes les femmes ont subi au moins une fois dans leur vie le harcèlement sexiste ou même une agression sexuelle. En cas d’agression verbale, Quivive-App permet à la porteuse du smartphone de récupérer l’enregistrement de la scène audio et de porter plainte. Je pense aussi au harcèlement scolaire. 10 % des enfants et des adolescents en sont victimes devant l’école, sur les trajets domicile-école ou pendant les activités périscolaires. Le harcèlement scolaire se manifeste sous différentes formes qui sont susceptibles de se cumuler contre la victime : intimidations, insultes, menaces, moqueries, humiliations, chantages… En ce cas, Quivive-App permet d’enregistrer ces situations répétitives pour pouvoir partager avec un adulte ou un conseil afin de ne plus être seul et de trouver des solutions pour qu’elles cessent. Enfin, il y a les violences conjugales qui revêtent différentes formes. Mais celles-ci commencent toujours par des mots, des critiques répétées, des marques de mépris, des intimidations, des humiliations, des insultes, des menaces en rapport avec les enfants… Lorsqu’une personne dans le couple en est victime, il est primordial de sortir de cette relation toxique. Ici, également, notre application peut apporter la preuve audio de ces débuts de violences.

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On peut sécuriser et partager les enregistrements avec des tiers dans le cloud. © Agence TCA

Concrètement, comment ça marche ?

L’utilisateur active Quivive-App qui se met en mode « Enregistrement ». Dès les premières insultes ou agressions verbales, il est possible de récupérer discrètement le fichier sonore après les faits. Grâce à la mémoire tampon, une certaine durée d’enregistrement reste dans le téléphone avant d’être effacée automatiquement. C’est cette mémoire de 20 à 60 mn que l’on va récupérer après l’agression. Grâce à ces preuves obtenues de façon discrète, la victime peut partager les fichiers avec des proches ou un référent dans un premier temps afin d’agir avec pertinence et désamorcer des situations susceptibles d’empirer. Tous les enregistrements audio sont horodatés et géolocalisés. L’utilisateur peut ajouter à son enregistrement un titre ainsi que des notes personnelles. Enfin, il peut alors prouver ce qu’il s’est passé depuis son téléphone ou envoyer l’enregistrement à un tiers (police, avocat…) pour le partager dans le cloud ou tout simplement sécuriser les fichiers. De même, il existe un code pour empêcher, par exemple, le mari violent de les effacer. Les preuves acquise au travers de l’application sont légales et acceptées dans le cadre d’une procédure au pénal si nécessaire.

Quel est votre modèle économique ?

Nous adoptons un modèle de vente directe aux particuliers (29 euros par an la licence) et un modèle B2B2C divisé par 10 ou 15 selon les volumes. En effet, nous commercialisons notre solution à des entités, comme les mairies, les fédérations, les hôpitaux, les sociétés de transport public… Ces entités emploient un grand nombre de collaborateurs en contact avec le public. A leur tour, elles distribuent notre solution à leurs collaborateurs, ou, selon les cas, à leurs licenciés ou leurs clients. Dans ce contexte, nous vendons des packages de quelques dizaines à quelques dizaines de milliers de licences.

Propos recueillis par Erick Haehnsen

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