Cet expert d'assistance et ergonome à l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) recommande aux entreprises qui souhaitent intégrer un tel dispositif d'avoir une démarche très structurée en amont. Ce qui permet de limiter les risques qui y sont associés. L'institut vient d'ailleurs de publier une brochure sur les six points de vigilance à avoir en tête sur les exosquelettes qui sera présentée à l'occasion de l'Atelier des Préventeurs, le 6 juin à Paris.
Dans les revues professionnelles et sur les salons, on parle de plus en plus de l’intérêt des exosquelettes pour gagner en productivité tout en réduisant les TMS. Mais de quoi s’agit-il ?
Les exosquelettes sont des dispositifs mécaniques ou textiles portés par les salariés afin de les aider à compenser des efforts physiques, augmenter leur force ou les assister dans leurs mouvements.
En fonction des tâches à accomplir, les besoins d’assistance physique varient. Il existe de nombreux modèles qui permettent d’aider l’opérateur à redresser le dos, ou élever les bras, etc. Parmi les exosquelettes du marché, on trouve pour une même fonction d’assistance des modèles différents dans leur conception.
A quel stade de maturité en est le déploiement des exosquelettes dans les entreprises ?
Pour l’heure, ces dispositifs font surtout l’objet de tests principalement dans l’automobile, le nucléaire ou encore la logistique, mais beaucoup d’autres secteurs s’y intéressent. Les exosquelettes les plus utilisés ne sont pas robotisés.
Il s’agit de dispositif d’assistance physique (DAP) qui assistent les mouvements en restituant l’énergie mécanique via des systèmes à élastiques ou à ressorts.
Outre les temps incontournables d’appropriation et d’apprentissage pour les opérateurs, quelles précautions les entreprises doivent-elles avoir à l’esprit avant d’acquérir de tels équipements ?
L’intégration d’un exosquelette nécessite d’adopter une démarche très structurée en amont. D’abord, il faut savoir à quelle tâche spécifique il répond et quels sont précisément les besoins d’assistance physique de l’opérateur. Par ailleurs, il est nécessaire que l’exosquelette soit intégré à une approche globale en prenant en compte les autres séquences d’activité de l’opérateur, la présence de ses collègues et son environnement de travail. Enfin, il est indispensable d’englober l’exosquelette dans l’analyse des risques du poste de travail.
Quels sont justement les risques associés à l’utilisation de ces dispositifs ?
Le port d’un exosquelette peut provoquer des sensations d’inconfort accompagnées, ou non, d’irritation de la peau. A cela peuvent s’ajouter des risques d’augmentation du stress, de collision avec une tierce personne ou avec son environnement. Ces risques sont d’ailleurs détaillés dans une brochure qui porte sur six points de vigilance à avoir en tête. Nous venons également de publier un guide intitulé « 10 idées reçues sur les exosquelettes ». Il s’agit d’aider les chefs d’entreprise et les préventeurs à faire un tri entre les connaissances actuelles et les croyances. Par exemple, « l’exosquelette est la solution contre les risques de troubles musculosquelettiques ». Ce qui n’est pas démontré aujourd’hui sachant que les TMS résultent de différentes causes combinées, comme la répétitivité des gestes, les postures contraignantes, les facteurs psychosociaux, etc. Enfin, nous avons réalisé une vidéo qui vise à aider les entreprises à se préparer à la mise en place de ces dispositifs, depuis l’analyse des risques jusqu’à leur évaluation en passant par des tests en conditions réelles afin de s’assurer que l’opérateur s’est bien approprié l’exosquelette et que l’apport de l’exosquelette peut contribuer à l’amélioration des conditions de travail.
Propos recueillis par Eliane Kan
Jean-Jacques Atain Kouadio interviendra dans le cadre de l’Atelier des Préventeurs, le 6 juin à Paris.
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