Interview de Jacques Gindre, PDG du groupe Mulliez-Flory qui sera présent sur le salon Expoprotection. Ce dirigeant est cofondateur de Renaissance Textile, entreprise à mission créée en 2021 avec TDV Industries et Tissages de Charlieu afin de recycler les vêtements professionnels.
Que représente le gisement de Workwear en fin de vie ?
En France, le recyclage des vêtements professionnels usagés représente un gisement de plusieurs dizaines de milliers de tonnes chaque année. Plutôt qu’ils ne finissent en isolant ou en rembourrage, ou qu’ils terminent leur vie enfouis ou en déchets inertes pour l’incinération, nous voulons leur donner une seconde vie en les transformant en matières premières recyclées pour la fabrication de nouveaux vêtements.
Quelle est, à cet égard, l’ambition de Renaissance Textile ?
Cette entreprise à mission est le fruit d’une joint-venture que j’ai créée avec TDV Industries, fabricant de tissus techniques, et le tisseur Tissages de Charlieu. Notre objectif est de produire en France un fil régénéré à partir de vêtements de travail usagés. C’est une première en Europe. La joint-venture a investi plus de six millions d’euros dans la création de la première plateforme française de recyclage de textiles usagés.
A quel stade en est votre projet ?
Cette année, nous avons inauguré avec Christophe Lambert de TDV industries et Eric Boël pour Les Tissages de Charlieu, notre usine de 12 000 m² qui se situe près de Laval (Mayenne). Avant d’arriver sur les lieux, notre première machine de Renaissance Textile a subi plusieurs tests chez son fabricant, le français Laroche qui compte plus de 2 000 unités installées à travers le monde pour la confection de ouate, lingettes, couvertures, etc. Notre machine, d’une capacité de 3 000 tonnes, va traiter des vêtements usagés blancs provenant d’établissements de santé ou d’entreprises de l’agroalimentaire.
Comment ces vêtements usagés sont-ils recyclés et quand démarrera la production de textiles régénérés ?
Après avoir été découpés puis effilochés, ces textiles seront transformés en bourre. La fibre ainsi générée sera ensuite remise à des filateurs pour être associée à de la fibre vierge, dans une proportion qui dépendra des applications visées comme les vêtements de travail, le prêt à porter, le linge de maison, les cabas, etc. Leur fabrication réclamera d’ailleurs de régler et de tester les machines de filature et de tissage afin que le tissu obtenu réponde aux exigences de qualité et de résistance désirées. La mise au point de ces machines est en cours. La production de tissu à base de fibre régénérée pourrait démarrer au premier semestre 2023.
Propos recueillis par Elaine Kan
Retrouvez toutes les innovations Workwear sur Expoprotection.
Le salon international de la prévention et de la maitrise des risques se déroulera du 15 au 17 novembre 2022.
Commentez