Tout est une question de regard. D’un point de vue global, les statistiques de l’Assurance maladie publiées en décembre 2013 montrent une baisse des accidents du travail entre 2001 et 2012 et une stagnation des accidents de trajet. Chaussons à présent les lunettes du genre. « La baisse générale des accidents de travail masque en fait une diminution pour les hommes (-23,3%) mais une hausse pour les femmes (+20,3%), explique Florence Chappert, responsable du projet « Genre, Santé et Conditions de Travail » à l’Anact. De la même façon, les accidents de trajet sont en fait en hausse pour les femmes (+15%) et en baisse pour les hommes (-9%). » Les maladies professionnelles progressent également près de deux fois plus rapidement pour les femmes (+169,8%) que pour les hommes.
Une exposition aux risques différente. « Nous ne disposons pas d’assez d’éléments pour expliquer précisément ces différenciations, révèle Florence Chappert. Mais nous constatons que les femmes sont rentrées sur le marché de l’emploi ces dernières années dans des activités exposées. » L’Anact prend en exemple cette imprimerie où le poste d’aide de finition est occupé en moyenne trois ans par les hommes mais jusqu’à la retraite par les femmes. « Les femmes occupent en général des emplois de moins bonne qualité que les hommes. Elles n’ont pas les mêmes opportunités d’évolution professionnelle et restent ainsi exposées plus longtemps aux risques : gestes répétitifs, usure professionnelle générant des troubles musculo-squelettiques, etc. »
Autre piste, les politiques de prévention sembleraient moins centrées sur les postes des femmes que sur ceux des hommes (port de charge, travail en hauteur). Pour lutter contre ces inégalités, l’Anact préconise aux entreprises mais aussi aux établissements publics comme la CNAMTS (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés) de mieux prendre en compte les risques et la pénibilité dans l’évaluation et la prévention pour les emplois à prédominance féminine. « Il faut faire évoluer les critères de ressources humaines pour gérer les parcours et améliorer les conditions de travail », conclut Florence Chappert.
Caroline Albenois
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