Pour réduire la sinistralité et améliorer le bien-être des salariés, il est indispensable de les impliquer dans des actions de terrain et de les rendre acteurs de leur propre santé.
Le printemps démarre bien pour DHL Express, une entreprise de transports. Le palmarès 2021 des Best Workplace France de Great Place to Work vient d’attribuer la seconde place* dans la catégorie des plus de 2 500 salariés à cette entreprise qui compte en France 3 000 collaborateurs et 55 agences opérationnelles. L’an dernier, du fait de la forte croissance du e-commerce, DHL Express a dû faire face à une hausse des volumes de colis (+6,5 % par rapport à 2019). Dans le même temps, le transporteur-logisticien a vu ses accidents du travail (AT) baisser en fréquence de 8 %.
25% d’accidents en moins en 2025
Une diminution en ligne avec les objectifs du groupe DHL qui veut baisser de 25% ses AT d’ici 2025. Dans cette perspective, sa filiale française s’emploie à améliorer le bien-être, la santé et la sécurité au travail par différents leviers. « Cela passe, en autres, par la formation des salariés ainsi que la modernisation des sites existants qui vise à limiter les ports de charge responsables de 40% de nos AT », indique Frédéric Bilot, responsable Prévention Santé Sécurité au Travail chez DHL International Express.
5 à 6 minutes d’échauffement par jour
D’autres actions sont régulièrement menées sur le terrain. Depuis le mois de mars, DHL Express encourage ses salariés à rejoindre le programme Virgin Pulse, une application qui incite à faire de l’activité physique en équipe. Les sédentaires en télétravail étant principalement ciblés, cette application complète l’arsenal de mesures déjà adoptées. A l’instar de ces séances de massage proposées en fin de journée dans une quinzaine de sites. Par ailleurs, certaines agences démarrent leur journée avec une séance d’échauffement de 5 à 6 minutes. Ce qui a permis de diminuer de 10% les AT.
Impliquer les équipes de terrain et les managers
Pour encourager les autres agences à sauter le pas, DHL Express compte valoriser les séances d’échauffement musculaires en s’appuyant notamment sur un de ses collaborateurs, un ancien rugbyman, qui anime déjà cette démarche dans une agence située près de Nice. L’entreprise prévoit aussi d’impliquer davantage les managers. Depuis cette année, leurs objectifs intègrent un pourcentage lié à la baisse des AT. De quoi amener les managers à déployer des solutions SQVT en impliquant leurs équipes de terrain.
Faciliter la prise de parole
Cette approche collaborative est d’ailleurs préconisée par Marjolaine Devic, consultante prévention en sécurité et santé au travail (SST). « La recherche collaborative de solutions SST permet d’avoir des actions plus efficaces, moins coûteuses pour l’entreprise, mieux adaptées à la réalité du terrain et donc plus facile à déployer », résume la préventrice. Pour que cette démarche aboutisse, cette dernière recommande aux managers d’organiser des échanges collectifs ou de mener des entretiens individuels avec leurs collaborateurs lorsqu’ils sont à leur poste de travail. Ce qui peut faciliter la prise de parole.
Dans les deux cas, il s’agit d’évoquer les situations dangereuses auxquelles ils sont confrontés afin qu’ils parlent de leurs problématiques et qu’ils trouvent par eux-mêmes les solutions adoptées à leurs besoins. « Il n’est pas nécessaire de retenir toutes les actions proposées mais d’en sélectionner deux ou trois qui vont être les plus efficaces et qui seront réalisables au plan économique et technique », conseille Marjolaine Devic.
Rendre les salariés acteurs de leur propre santé
L’adoption d’une démarche collaborative pour améliorer la prévention SST est nécessaire. « Outre les managers qui ne représentent que 10 % à 15 % des effectifs, il est nécessaire de rendre tous les salariés acteurs de leur propre santé », soulève Dominique Vacher, ex-professeur associé au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Paris et dirigeant de DVConseils, un cabinet conseil en SST. Lequel vient d’ailleurs d’accompagner managers et salariés d’une société spécialisée dans les technologies d’exploration souterraine. Objectif, mettre en place et adopter les pratiques vertueuses en SST. « Les entreprises les plus avancées savent que leurs performances en SST reflètent leur manière de maîtriser leur activité en termes de délais, coût, qualité, environnement, égalité H/F, etc », remarque Dominique Vacher qui rappelle la nécessité pour le dirigeant et le comité exécutif de l’entreprise de s’engager dans la démarche de prévention. « Il est aussi nécessaire de partager avec les représentants du comité social et économique afin de fertiliser la démarche », poursuit le dirigeant de DVCsonseils. Également co-secrétaire du Gepi (Groupe d’échange des préventeurs inter6entreprises), ce dernier porte l’idée d’un label qualitatif SST pour que soient reconnues les entreprises vertueuses. Ce qui leur permettrait de transformer une contrainte en une opportunité de business. En effet, les donneurs d’ordres qui veulent limiter leurs propres risques choisiront plus facilement de travailler avec des entreprises ainsi labellisées.
Eliane Kan
* Les trois lauréats 2021 du palmarès Best Workplace France dans la catégorie des plus de 2.500 salariés sont SII, une entreprise de services numériques (1ère place), DHL Express, une entreprise de transport et de logistique (2ème place) et Nexity, une société immobilière (3ème place).
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