C’est un rapport alarmant que vient d’établir l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (Asfa) : les agents autoroutiers seraient victimes d’un nombre croissant d’accidents mortels. En cause, la somnolence, la prise d’alcool ou de stupéfiants mais surtout l’inattention des utilisateurs qui ne peuvent s’empêcher de consulter leur smartphone durant leur trajet. Et cela même alors que les autoroutes concédées ont vu leur niveau de sécurité s’élever au fil des années. En effet, le nombre de morts a été divisé par deux alors que le nombre de kilomètres parcourus augmentait de 41%.
124 accidents en 2016
Il est bien connu que la maintenance des autoroutes est un métier particulièrement dangereux. Chargés d’effectuer des interventions sur le réseau pour porter assistance aux usagers en difficulté (accidents ou panne), assurer la maintenance et l’entretien de l’autoroute ou baliser les zones de travaux, ces agents côtoient toute la journée des véhicules défilant à plus de 130 km/h. L’on pourrait penser qu’avec la modernisation des infrastructures autoroutières, le niveau de danger devrait baisser or c’est l’inverse qui se produit ! Les équipes d’autoroutiers subissent une hausse régulière de 33% du nombre d’accidents les visant depuis 2012. Plus particulièrement, en ce qui concerne le premier semestre 2017 qui a été marqué par une très forte hausse du nombre de ces accidents, à savoir 94 à fin juin 2017 contre 50 à fin juin 2016, soit quasiment le double. Parmi ces 94 accidents, 5 accidents ont été particulièrement graves puisque 3 salariés de sociétés d’autoroutes, un gendarme et un dépanneur ont été blessés. A ce bilan catastrophique s’ajoutent 122 véhicules d’intervention et matériel qui ont été heurtés sur l’ensemble du réseau autoroutier (soit plus de 2 par semaine) en 2016. Mais plus grave encore, le 14 mars 2017 un ouvrier autoroutier de Sanef a trouvé la mort durant une intervention sur l’autoroute A1. Sans compter le choc psychologique pour les collègues…
La somnolence au volant, première cause d’accidents mortels
Le plus souvent, ces accidents surviennent lorsque les patrouilleurs autoroutiers mettent en place des balisages de chantier (42% en 2016) et lorsqu’ils interviennent en urgence pour porter secours aux clients accidentés (33% en 2016). A cela, s’ajoutent les débords sur la bande d’arrêt d’urgence. En particulier ceux des poids lourds qui sont à l’origine de nombreux heurts de véhicules arrêtés pour des motifs de service. A cet égard, un accident du personnel autoroutier sur 3 a lieu sur la bande d’arrêt d’urgence. En 2016, le rapport relève également 2 salariés piétons heurtés, 43 flèches lumineuses de rabattement, 11 flèches lumineuses d’urgence ainsi que 68 autres véhicules d’intervention heurtés (44 fourgons, 16 PL et 8 VL). En cause, le rapport accuse de nombreux facteurs. À commencer par la somnolence au volant qui demeure aujourd’hui la première cause d’accidents mortels (27%). Il ne va pas sans dire que ce risque augmente particulièrement la nuit ou en début d’après-midi avec près de 40% des accidents mortels liés à la somnolence relevés au cours de ces périodes.
Hausse des accidents liés à l’inattention en lien avec l’usage des objets connectés
Mais le plus grand danger pour les agents autoroutiers réside désormais dans le manque d’attention des conducteurs dû à l’usage des smartphones durant la conduite, un phénomène en hausse depuis dix ans. Ce facteur, qui provoque 16% des accidents mortels, s’aggrave du fait d’une utilisation croissante des « distracteurs » tels que les smartphones et GPS. En particulier durant les « pics d’activité » entre 7h et 8h du matin et entre 17h et 20h. Au vu de l’utilisation de plus en plus massive que font les usagers de leurs smartphones, il y a de quoi s’inquiéter…
Ségolène Kahn
Commentez