Face au coût vertigineux des dépenses d’indemnités journalières qui ont atteint les 10,3 milliards d’euros en 2017, c’est le branle-bas de combat pour limiter les arrêts maladies trop longs. Sans compter que ces arrêts s’accompagnent généralement d’un retour trop brutal au travail. Face à cet enjeu, le gouvernement pourrait bien inciter les employés à travailler de chez eux. Depuis mardi 13 novembre, le sujet fait tâche d’huile : interrogé sur RTL, le Premier ministre a annoncé avoir conduit une mission sur l’usage du télétravail en entreprise « pour minimiser les arrêts de travail de plus de 6 mois, trop coûteux pour l’assurance maladie ». Plus précisément, « cette piste pourrait faire partie des propositions à venir dans les prochains mois et a été évoquée lors d’un groupe de concertation ».
Une question prise avec des pincettes
Or, la question est délicate et risque de soulever les mécontentements, notamment de la part des syndicats. Du coup, si Edouard Philippe a bien confirmé que cette piste était étudiée de près, il a tout de même émis quelques réserves. Il s’agirait de favoriser le télétravail, sans pour autant « mélanger l’arrêt de travail et le travail » ou encore « se placer dans des situations qui soient trop binaires : on ne travaille pas car on n’en a pas le droit, puis ensuite on doit travailler complètement ».
Endiguer les arrêts maladie de longue durée
Plus précisément, ce sont surtout les arrêts maladie de plus de six mois qui seraient dans le collimateur de la mission pilotée par le Premier ministre. Selon nos confrères de RTL (documents à l’appui), « ces arrêts de plus de six mois ont beau être très peu nombreux, à peine 7% des arrêts de travail, ils coûtent près de la moitié des dépenses de l’Assurance Maladie (44% du coût des arrêts pour l’Assurance Maladie) ».
La piste du temps partiel thérapeutique
D’où l’alternative d’un télétravail raisonné, en concertation avec le salarié, l’entreprise et le médecin traitant. Une solution qui pourrait bien aider à renflouer les caisses de la Sécurité sociale. Certains appellent déjà « temps partiel thérapeutique » cette solution qui permettrait un retour progressif au travail.
Ne pas couper les ponts avec l’entreprise
Pour l’heure, cette proposition fait l’objet de deux amendements, déposés par le ministère des Solidarités et de la Santé ainsi que le ministère du Travail en octobre dernier. L’idée serait de permettre à un médecin de prescrire ce recours sans préalable, sachant qu’actuellement il n’est accessible qu’à l’issue d’un congé maladie à temps plein. « Il permettrait à la personne fragilisée de conserver un lien avec l’entreprise et diminuer les risques d’absence à plus long terme », souligne le ministère de la Santé. Toujours est-il que le temps partiel thérapeutique ou le télétravail sont loin d’être une solution miracle. Tout dépend de la pathologie pour laquelle l’employé a été placé en arrêt, sans compter le burn-out dont les risques psychosociaux sont susceptibles d’accentuer les dérives…
Ségolène Kahn
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