Alors que l’affaire Harvey Weinstein bat son plein, on assiste à un déferlement inédit d’accusations contre les harceleurs au travail. En témoignent les campagnes #BalanceTonPorc et #MeToo visant à dénoncer sur les réseaux sociaux ces indélicats, voire ces délinquants. Pour cette occasion, le site de recherche d’emploi Qapa.fr vient de réaliser un sondage auprès de plus de 4,8 millions de Français sur la question du harcèlement au travail, ou encore sur les comportements liés à la séduction. Sans surprise, 52% des femmes interrogées admettent avoir été victimes de harcèlement au travail. Or, on a tendance à l’oublier, les hommes sont également victimes de ce fléau – près d’un sur trois (27%) selon le sondage. En ce qui concerne les situations propices au harcèlement, les Français redoutent particulièrement le passage dans les transports en commun, qualifié de “pire endroit” pour 45% des femmes et 39% des hommes. Viendrait ensuite la journée au bureau pour 29% des femmes et 33% des hommes.
Le harcèlement va rarement jusqu’à la dénonciation légale
Si, pour la plupart, les victimes féminines (72%) n’hésitent pas à se confier à un(e) ami(e) ou à un(e) collègue, la situation s’arrête généralement là. Seul une infime part d’entre elles (4%) ose aller jusqu’au dépôt de plainte. Quant aux hommes victimes de harcèlement, ils semblent plus apeurés puisque seuls 33% d’entre eux ont osé briser le silence. Côté plainte, 1% seulement ont osé sauter le pas.
Qui sont les harceleurs ?
En fait, 45% des femmes et 36% des hommes accusent de prime abord leurs supérieur(e)s hiérarchiques qui tentent de profiter de la situation… À noter que 54% des hommes estiment également avoir été harcelés par un ou une collègue. Dans ce cadre, le sondage précise que 7% des femmes avouent avoir été qualifiées de ce terme alors que 19% des hommes disent avoir été accusés de harcèlement. Les hommes semblent donc plus entreprenants que les femmes…
Quand finit la drague et quand commence le harcèlement ?
L’affaire Harvey Weinstein – et surtout le déchaînement médiatique qui en découle – soulève également un problème délicat, à savoir la différence ténue qui existe entre harcèlement, drague et tentative de séduction au travail, seul le harcèlement étant considéré comme un délit. Alors que de nombreuses personnes ont été, ces derniers jours, dénoncées comme étant des harceleurs, le risque grandit de mettre dans le même sac des situations de harcèlement, de simple drague ou de tentative de séduction. D’ailleurs, la crainte d’être accusé de harcèlement à tort semble effrayer de plus en plus de Français. À la question « Pensez-vous qu’il est encore possible de draguer sur le lieu de travail ? », 85% des femmes et 78% des hommes interrogés pensent désormais que non. Quant à chercher simplement à séduire son collègue, seul 54% des femmes et 48% des hommes croient que cela est toujours possible. La France tomberait-elle un excès de pudibonderie à l’américaine ?
Ségolène Kahn
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