Selon le baromètre « Les salariés Français et le harcèlement au travail » de Qualisocial, 75% des employés auraient déjà été victimes d’une telle situation. Parmi les victimes de harcèlement au travail, seules 25 % considèrent qu’au final cette situation s’est terminée en défaveur de l’auteur du harcèlement.
Depuis mars 2022, la législation impose la désignation d’un référent harcèlement et sa formation. Malgré de nombreuses dénonciations sur les réseaux sociaux avec les hashtags #Balancetonporc ou #Metoo, le harcèlement au travail reste très répandu. En raison à cela, la difficulté de définir le phénomène et de le documenter et donc de le prouver nuisent à la prise en charge des victimes. Pour y remédier, l’organisme de santé au travail Qualisocial s’est associé à l’institut de sondage Ipsos pour réaliser une vaste étude sur le harcèlement au travail. Interrogeant plus de 2 000 salariés français, le baromètre « Les salariés Français et le harcèlement au travail » fait état de ce qui relève ou non du harcèlement, sur leur degré d’exposition et leur avis au sujet des actions menées par les entreprises lorsque les faits leur sont communiqués.
Une définition trop peu connue
Premier constat, la définition du harcèlement s’avère très méconnue des salariés : seuls 14 % savent ce qui relève ou pas du harcèlement et 44 % déclarent ne pas être bien informés sur la thématique. Seule une minorité déclare bien connaître la législation en la matière (35 %). Or ce défaut d’information se traduit, chez la plupart des salariés, par un sentiment de difficulté à identifier avec précision les situations de harcèlement au travail (73 %).
Un problème systémique
« Pour aller au-delà du déclaratif, nous avons soumis au panel, des situations en leur demandant d’identifier s’il s’agissait ou non de harcèlement, et les résultats préoccupants, montrent que le devoir de pédagogie n’est pas encore fait, ne permettant pas de sortir d’un problème systémique », souligne Camy Puech, PDG de Qualisocial.
Un phénomène trop répandu
Malheureusement, le harcèlement reste encore très répandu en entreprise selon 74 % des sondés. Pour 62 %, ces méfaits le sont même de plus en plus. Aussi, la dégradation des relations au travail (et notamment le harcèlement) est perçue comme un enjeu prioritaire dans le monde du travail en France par plus de la moitié des salariés (54 %). Pourtant, une large majorité estime que le gouvernement n’en fait pas assez à ce sujet (63 %).
75 % de victimes
Au total, après avoir été sensibilisés aux définitions, 75 % des salariés déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement au travail (15 % à plusieurs reprises) au cours des 5 dernières années. Certaines catégories d’actifs se disent particulièrement touchés, notamment les moins de 35 ans (43 %), les salariés de petites entreprises (38 % des salariés d’entreprises de moins de 20 salariés contre 31 % des salariés d’entreprises de 200 salariés et plus) et les femmes (38 %), même si les hommes sont loin d’être épargnés (31 %). 36 % des managers pensent avoir déjà été auteur de harcèlement dans leur carrière
Des entreprises trop permissives
Pour expliquer ce phénomène, Qualisocial pointe du doigt la trop grande permissivité des entreprises. Parmi les victimes, 3 sur 4 déclarent que la situation de harcèlement s’est produite en présence de témoins (76 %), le plus souvent des collègues (45 %). Dans la majorité des situations avec témoins, les victimes rapportent que ceux-ci n’ont pas réagi (53 %), et que ceux qui ont réagi l’ont plus souvent fait après (25 %) que sur le moment (22 %). Pis encore, dans 16 % des cas, c’est l’harceleur qui a bénéficié de soutien.
Des auteurs trop peu sanctionnés
Seules 34 % des victimes de situations de harcèlement au travail déclarent que leur employeur a été, à un moment donné, au courant de la situation. Dans ces (rares) cas de figures, les victimes estiment en majorité que l’employeur a bien réagi (59 %), mais il semble que cela dépende en grande partie du statut de la victime (90 % de bonnes réactions lorsque la victime était manager contre 34 % si elle ne l’était pas). Parmi les victimes de harcèlement au travail, seules 25 % considèrent qu’au final cette situation s’est terminée en défaveur de l’auteur du harcèlement (contre 42 % en leur propre défaveur et 33 % ni l’un ni l’autre).
Peu de communication en interne
Il faut dire que les pratiques visant à sensibiliser au harcèlement au travail restent peu démocratisées. Ainsi seuls 31 % des salariés déclarent qu’il existe une communication en direction des salariés sur ce qu’est le harcèlement au travail. Cette pratique est plus répandue dans les grandes entreprises (39 % dans les entreprises de 500 salariés et plus contre 23 % pour les structures de moins de 20 salariés).
Ségolène Kahn
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