Pour contourner la censure, un quart des Russes utilise désormais un VPN qui leur permet d’avoir accès aux réseaux sociaux Facebook et Instagram. En témoigne un rapport d’Atlas VPN qui note une augmentation de 167% de ses téléchargements.
Un an après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le fournisseur de VPN Atlas révèle une explosion du téléchargement des solutions de réseau privé virtuel [Virtual Private Networks (VPN)] en Russie. Il faut dire que depuis la guerre, les autorités russes ont tenté d’isoler leurs citoyens d’internet et du reste du monde. Et ce, en bloquant des centaines de sites web, incluant notamment les deux grandes plateformes de médias sociaux – Instagram et Facebook.
Un recours au VPN pour utiliser Facebook et Instagram
Tout commence le 11 mars 2022 lorsque l’agence de communication du gouvernement russe Rossia Segodnia a annoncé bloquer Instagram et Facebook. Considérant le groupe Meta Platforms Inc. comme « extrémiste ». Pour contourner le renforcement des contrôles internet du pays, les russes se tournent alors vers le VPN. Il s’agit d’une technologie qui permet d’établir une connexion réseau protégée en chiffrant le trafic Internet et camouflant l’identité de son utilisateur.
Un quart de la population utilise désormais les VPN
En témoigne Atlas VPN qui révèle que ses téléchargements en Russie sont passés de 12,59 millions en 2021 à 33,54 millions en 2022, soit une croissance annuelle de 167 %. De même en 2020, seulement 4,9 millions de téléchargements provenaient de Russie, ce qui plaçait le taux d’adoption du VPN à 3,37%, classant le pays à la 55ème place mondiale. Le 14 mars 2022, ce nombre a augmenté de 11 253 % concernant désormais 22,98 % de la population du pays. La Russie devient alors le 8ème marché mondial pour les VPN.
Un sabotage des VPN
Face à ce phénomène, le gouvernement de Vladimir Poutine tente de fermer les VPN en soumettant leurs fournisseurs à des restrictions. En témoigne un rapport de la base de données Lumen, un référentiel qui enregistre les demandes légales de suppression d’informations sur Internet. Selon ce dernier, l’organisme de régulation d’Internet en Russie, Roskomnadzor, a envoyé plus de 12 800 demandes à Google. Entre le 13 et le 25 mars l’organisme a notamment réclamé de supprimer des URL, conformément à la « loi sur les VPN » de 2017 de la nation.
Les fournisseurs sous pression
Il s’agit d’une loi qui restreint l’utilisation des serveurs proxy anonymes et des VPN. Pour se conformer au Roskomnadzor, les services VPN doivent donc modifier leur protocole s’ils souhaitent continuer à exploiter leurs serveurs en Russie. En outre, en mars 2019, plusieurs des plus grands fournisseurs de VPN avaient reçu une notification leur ordonnant de rejoindre le système d’information de l’État fédéral (FSIS). Peu de temps après, la majorité des fournisseurs de VPN populaires ont fermé leurs serveurs en Russie.
Espionner la population
Le but de cette stratégie consiste bien sûr à conserver la trace de toutes les conversations. Mais aussi à fournir des portes dérobées sécurisées permettant au gouvernement d’accéder au système et d’enquêter sur ses utilisateurs. Des exigences en totale opposition avec le principe des VPN…
Ségolène Kahn
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